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Pitoyable Lepaon qui se cramponne

syndicalisme

Lien publiée le 6 décembre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://social.blog.lemonde.fr/2014/12/05/thierry-lepaon-je-ne-partirai-pas/

Thierry Lepaon : « Je ne partirai pas »

Juste avant la réunion de crise du bureau confédéral de la CGT, vendredi 5 décembre au matin, Thierry Lepaon a enregistré une vidéo pour indiquer que, selon les premières estimations, sa centrale était en tête aux élections dans la fonction publique. Sans préciser si elle avait progressé ou reculé, il a parlé de "point d'appui". Point d'appui pour lui-même ? Au cours de ce conclave qui a duré trois heures d'horloge, le secrétaire général a manifesté sa volonté de s'accrocher à son poste, écartant toute démission : "J'ai été choisi par défaut, a-t-il déclaré, et c'est très dur parce qu'il faut gouverner par défaut. Et donc je dois rester par défaut même si c'est dur parce qu'il ne faut pas qu'on revive ce qu'on a connu avec la cacophonie et la guerre des chefs". Conclusion : "Je ne partirai pas."

Le secrétaire général de la CGT qui, lors de la précédente réunion du 2 décembre, après les révélations de L'Express sur son indemnité de départ de la région Basse-Normandie, s'était mis à dos l'ensemble de son bureau confédéral, à l'exception d'Agnès Naton qui, absente, avait été consultée par téléphone, a réussi à retourner certains membres de cette instance. Agnès Le Bot, Philippe Lattaud et Agnès Naton se sont rangés à ses côtés, en expliquant que son départ rallumerait la guerre des chefs. Un communiqué de la CGT assurait dans l'après-midi que "contrairement à ce qui circule dans certains médias, aucun membre du bureau confédéral n'a demandé la démission de Thierry Lepaon". Sauf que tous les membres de la direction ont indiqué que la question de sa démission était sur la table. Même Agnès Naton a observé que, compte tenu du grand nombre de courriers qu'elle recevait, réclamant la démission du secrétaire général, le sujet était dans le paysage. Tout en renvoyant la décision d'une démission à la responsabilité du seul secrétaire général, Marie-Laurence Bertrand a estimé qu'il fallait mesurer les dégâts que la crise provoquait chez les militants et les effets sur sa crédibilité.

Au début de la réunion, à laquelle assistaient deux membres de la commission exécutive (CE), au titre de leur "permanence" – Nadine Prigent, candidate malheureuse à la succession de Bernard Thibault et Alain Alphon-Layre –, le successeur de Thierry Lepaon à la tête de la Basse-Normandie est venu justifier son indemnité de départ. Après ces explications, raconte un dirigeant, "c'était encore plus opaque que ce que l'on savait avant. Il y a des montages financiers qui sont abracadabrantesques."

Les quatre "rebelles" du bureau – Eric Aubin, Sophie Binet, Valérie Lesage et Mohammed Oussedik – se sont exprimés à l'unisson. La question, ont-ils dit, n'est pas de se demander si la CGT est en crise mais de constater qu'elle l'est. Il s'agit de savoir si la direction est encore crédible. Ils ont plaidé pour le "respect des instances" et la convocation d'un comité confédéral national (CCN) extraordinaire, le parlement cégétiste, qui réunit les 33 fédérations et les 96 unions départementales, qui aurait à examiner la démission du secrétaire général, voire de l'ensemble du bureau confédéral. Thierry Lepaon a alors sorti sa botte secrète : comme l'indique le communiqué de la CGT, il a proposé la tenue, avant le 16 décembre, "d'une réunion des secrétaires généraux des organisations pour permettre le débat le plus large dans la CGT", en assurant que "la transparence complète sera donnée sur l'ensemble des sujets". En convoquant les secrétaires généraux des fédérations et des unions départementales, qui composent le CCN, il évite la réunion statutaire de cette instance et la prive de son pouvoir de décision.

Thierry Lepaon avait préparé le terrain en réunissant, mercredi 3 décembre au soir,"à leur demande", a-t-il précisé, les secrétaires généraux de six fédérations – métallurgie, énergie, santé, transports, travailleurs de l'Etat et cheminots. Il aurait alors tenté de passer un accord avec Philippe Martinez, le secrétaire général de la fédération de la métallurgie, en lui demandant de le soutenir, indiquant qu'en échange il lui proposerait de lui succéder au prochain congrès en octobre 2016. Or, selon nos informations, après les révélations de L'Express, M. Martinez était mandaté pour demander la démission de M. Lepaon. "Ces fédérations ont joué la division, souligne un dirigeant. Si on ne voulait pas employer des grands mots on pourrait parler d'activité fractionnelle. Ils risquent d'avoir de gros problèmes dans leurs fédérations."

Vendredi, Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA et militant de Lutte ouvrière, a réclamé la démission de M. Lepaon : "Pour le bien de tous les militants d'entreprise, tous les syndiqués, qu'il laisse la place, ça ferait du bien à tout le monde."C'est intenable et écœurant", a-t-il ajouté. "Je suis rarement d'accord avec lui, explique un dirigeant, mais là je constate qu'il ne fait qu'exprimer un sentiment qui se reflète majoritairement dans l'énorme courrier que nous recevons."

M. Lepaon a-t-il sauvé sa tête ? C'e serait bien présomptueux de l'affirmer."Personne ne s'attendait à ce qu'il démissionne aujourd'hui, observe un responsable,et personne ne le demandait." Si la colère des militants continue à monter, à travers le courrier reçu à Montreuil et dans les fédérations, la commission exécutive du 9 décembre sera sous pression et peut toujours décider de convoquer un CCN extraordinaire. "Le légitimisme peut jouer, explique un dirigeant, mais si on reste dans le statu quo, ce serait terrible pour l'organisation, ce serait une catastrophe." A défaut, il suffit qu'un tiers des membres du CCN en demande la convocation pour qu'il se réunisse. Vu l'état d'esprit ambiant, ce nombre ne serait pas difficile à réunir."Ce serait l'hypothèse la pire pour lui", avec à l'arrivée une probable révocation, souligne un dirigeant, qui juge que "Thierry Lepaon ne mesure pas ce qui monte dans la CGT".