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L’ombre de Lepaon continue à peser sur l’avenir de la CGT
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Thierry Lepaon a démissionné de la commission exécutive de la CGT. Philippe Martinez, le « possible futur secrétaire général de la CGT » , comme il se définit lui-même, s’est livré à un exercice d'équilibriste pour constituer le groupe de travail qui va l’aider à composer le futur bureau confédéral.
C’est une première décision qui en dit long sur la prudence de Philippe Martinez, celui qui est « pressenti pour être le futur secrétaire général de la CGT » , comme l’a défini un communiqué de la confédération, et qui se définit lui-même comme le « possible futur secrétaire général de la CGT » . L’actuel premier dirigeant de sa fédération de la Métallurgie avait pour première tâche de composer le « collectif » qui doit l’aider à formuler une nouvelle proposition de bureau confédéral (direction resserrée d’une dizaine de membres) à soumettre au Comité confédéral national (CCN) de la CGT, qui est en quelque sorte son parlement.
Cette mission lui a été confiée le 13 janvier après que Thierry Lepaon, démissionnaire de son poste de numéro un cégétiste à la suite de révélations sur son train de vie, a échoué à imposer au CCN ses choix quant à la nouvelle équipe de direction de la centrale. Autant dire que la composition de ce « collectif », qui a été validée à l’unanimité moins une voix ce mardi par la commission exécutive de la CGT (une cinquantaine de membres) était très attendue.
Complot médiatique
La dernière fois, outre Philippe Martinez, qu’il avait désigné comme son successeur, Thierry Lepaon ne s’était entouré que de proches pour construire sa proposition de bureau confédéral. Cette fois-ci, sur les six personnes choisies par le métallo pour l’aider, trois ont jusqu’au bout soutenu l’ancien numéro un en niant formellement toute responsabilité de Thierry Lepaon dans les affaires financières le concernant. Il s’agit de Yannick Malenfant, de la fédération des travailleurs de l’Etat, de Marie Saavedra, de l’union départementale du Vaucluse, et de Corinne Versigny, de l’Union départementale de Gironde. Celle-ci a notamment diffusé un courrier sur Facebook où elle reprend l’idée d’un complot médiatique qui « démontre à quel point patronat et gouvernement tremblent devant la CGT » et dénonce le « lynchage » de Thierry Lepaon.
Les trois autres membres du « collectif » qui doit proposer une liste de noms pour le bureau confédéral ont, eux, comme la majorité du CCN l’aurait voté s’il n’avait pas démissionné avant, réclamé le départ de l’ancien syndicaliste de Moulinex. Il s’agit de Denis Gravouil, de la fédération du spectacle, de Pascal Joly, de l’Union régionale d’Ile-de-France, et de Gisèle Vidalet, de Haute-Garonne. Tous trois sont connus pour leur franc parler et leur droiture. Et leur désignation ne fait pas que des heureux. A cet égard, le nom qui a le plus fait grincer de dents est sans doute celui de Gisèle Vidalet. Elle n’a pas hésité pendant la crise à monter au créneau de façon très virulente pour réclamer le départ de Thierry Lepaon.
Exercice d’équilibriste
Trois plus trois... Ca s’appelle un exercice d’équilibre ou plutôt d’équilibriste. Mais cette stratégie a ses limites. Si Philippe Martinez veut rassembler la CGT, il ne va pas pouvoir indéfiniment éviter de préciser la direction dans laquelle il veut emmener le syndicat. Et à cet égard, la proposition de bureau qu’il va présenter le 29 janvier prochain à la Commission exécutive qui devra l’avaliser pour la présenter au CCN le 3 février sera un signal fort. Il est déjà un nom qui fait polémique : celui de Colette Duynslaeger, des Postes et télécoms. C’est cet autre soutien inconditionnel que Thierry Lepaon a échoué le 13 janvier à imposer comme future trésorière, poste clef au regard des affaires financières révélées par la presse depuis la fin octobre. Est-ce un des éléments du deal qui aurait pu être conclu par le métallurgiste et le secrétaire général de la CGT sortant ? En tout cas, la rumeur court que Philippe Martinez veut l’imposer.
Sur le plan financier, une autre nouvelle suscite l’inquiétude : ce n’est pas la secrétaire générale de la fédération des Finances, Patricia Tejas, aux compétences reconnues de tous, qui a été désignée pour présider le groupe de travail chargé de faire la transparence financière sur les moyens mis à disposition des dirigeants de la CGT, comme plusieurs voix dans le CCN l’avaient demandé. Elle n’en sera qu’un membre parmi d’autres. C’est Samantha Demousseau qui a été nommée. Elle est une proche de Michel Doneddu qui avait même tenté de l’imposer lors de la succession de Bernard Thibault. Or, l’ancien trésorier de la CGT, de 2002 à 2013, est très contesté en interne pour ses manoeuvres en coulisses alors qu’il n’a plus aucun mandat.
Reste que si l’ombre de Thierry Lepaon va continuer à peser sur l’avenir de la CGT, l’ancien syndicaliste de Moulinex a fini par se résoudre à quitter la Commission exécutive dont il avait refusé jusqu’à présent de démissionner. Il a écrit à Philippe Martinez pour lui annoncer son départ. Ce dernier en a informé la CE ce mardi.