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La gauche traditionnelle espagnole, ébranlée par Podemos

Espagne international

Lien publiée le 12 février 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

  MADRID, 12 fév 2015 (AFP) - L'ascension en Espagne du parti anti-libéral Podemos, un allié du grec Syriza, ne se fait pas sans casse au sein de la gauche classique, déchirée en pleine année électorale.

      Les inimités étaient encore larvées il y a quelques semaines, limitées du moins en public aux échanges de piques et commentaires aigre-doux. 

      Depuis début février, elles ont éclaté au grand jour au sein du Parti socialiste (PSOE), et de la formation écolo-communiste Izquierda Unida, deux piliers de la gauche depuis la fin de la dictature franquiste (1939-1975).

      A moins de quatre mois des élections régionales et municipales, Pedro Sanchez, 42 ans, le chef du Parti socialiste depuis juillet et chargé de sa rénovation, a suspendu sans préavis mercredi le dirigeant du mouvement à Madrid, Tomas Gomez. 

      La direction du PSOE a expliqué cette décision par les enquêtes judiciaires sur de possibles malversations impliquant la municipalité dont ce dernier a été maire entre 1999 et 2008, Parla (sud de Madrid), expliquant que "l'image" du parti était détériorée alors que la corruption est l'une des principales préoccupations des Espagnols. 

      Tomas Gomez, qui n'a pas été mis en examen, a lui estimé que cette décision "aurait des conséquences désastreuses" lors des échéances électorales attendant le PS, notamment lors des régionales et municipales de mai.

      Mais il avait peu d'espoir d'emporter les élections régionales à Madrid, où il était le candidat attitré, un autre argument pour sa mise à l'écart.

      Elle permettra de pousser un candidat ayant davantage de chances "de mettre fin à plus de deux décennies de domination de la droite à Madrid", a dit jeudi Pedro Sanchez.

      Elle intervient aussi alors qu'une forte rivalité oppose le patron du PSOE à la présidente de la puissante fédération socialiste d'Andalousie, Susana Diaz, critique de sa gestion, de même que l'ancien chef du gouvernement Jose Luis Rodriguez Zapatero, qui a rencontré des dirigeants de Podemos sans le tenir au courant. 

      

      - Désenchantement -

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      "Le Parti socialiste vit un authentique processus de décomposition", estime José Antonio Zarzalejos, ancien directeur du journal conservateur ABC en assurant que la décision de mercredi est liée à "la concurrence de Podemos", dépassant systématiquement les socialistes dans les sondages, et menaçant au minimum de leur ravir leur place de principal parti d'opposition à la droite. 

      "Il existe un immense désenchantement face à la gauche", ajoute-t-il et au-delà de Podemos, le "problème (du PS) est interne".

      C'est aussi ce qui expliquerait l'ascension de la formation anti-libérale en partie issue du mouvement des indignés, né en mai 2011 à Madrid pour dénoncer l'austérité, la corruption des élites ("la caste") et le règne des banquiers.

      Pour ses sympathisants, le PSOE fait partie de cet establishment sourd aux problèmes d'un pays où 23,7% de la population active et près de la moitié des jeunes est au chômage. 

      Le PSOE "s'est trop approché de la droite, a déçu les siens", déclare aussi le philosophe et chroniqueur Josep Ramoneda.

      Parallèlement, début février, la formation écolo-communiste Izquierda Unida, dont sont aussi issus certains dirigeants de Podemos, s'est également divisée, suite au départ de sa candidate pour les élections régionales à Madrid Tania Sanchez, qui reprochait à un secteur de son parti de refuser un rapprochement électoral avec cette formation.

      Izquierda Unida (IU), issue de l'union entre le Parti communiste et deux autres mouvements en 1986, est apparue comme "ancienne" d'un coup, estime M. Ramoneda.

      Comme le Parti populaire au pouvoir (droite), mais aussi le Parti socialiste, IU a en outre compté parmi ses membres des politiques mis en cause dans des affaires.

      En écartant le chef des socialistes madrilènes Pedro Sanchez tente de reprendre la main, un pari risqué selon certains observateurs, qui le trouvent trop brutal. "Pedro Sanchez danse un tango au bord de l'abîme", a ainsi écrit jeudi l'éditorialiste Victoria Prego, dans le quotidien de centre-droite El Mundo. 

      La gauche affrontera un premier test le 22 mars, lors d'élections régionales anticipées en Andalousie, traditionnel bastion des socialistes. D'autres régionales sont prévues en mai, de même que les municipales, avant les législatives, à la fin de l'année.