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Les enseignants font la grève des notes à Paris-Sud

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Lien publiée le 13 février 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://campus.lemonde.fr/campus/article/2015/02/11/les-enseignants-font-la-greve-des-notes-a-paris-sud_4572927_4401467.html

C'est une grève qui ne dit pas son nom, et qui menace de durer. Sur le campus d'Orsay (université Paris-Sud), une majorité de professeurs du département de biologie refusent de restituer les notes des examens de janvier, afin de protester contre des coupes budgétaires et le non-renouvellement de certains postes. Une situation qui pénalise quelque 2 000 étudiants de la filière.

Certains des enseignants impliqués communiquent les résultats à leurs étudiants ou les affichent dans les couloirs, mais ils ne les inscrivent pas dans Apogée, le fichier central des notes qui permet la gestion des dossiers d'études. Sans inscription dans ce système, les jurys ne peuvent valider les crédits universitaires et les étudiants se trouvent dans l'incapacité d'effectuer leurs démarches administratives.

FAIRE RÉAGIR LES ÉTUDIANTS

« Cette rétention est illégitime, s'offusque Baptiste Laget, vice-président étudiant de la Commission de la formation et de la vie étudiante. S'attaquer aux étudiants en les privant de leurs résultats, qui sont la rémunération de leur travail, pose un risque réel à ceux qui doivent soumettre leurs dossiers de candidature à des masters en France ou à l'étranger, dans des délais serrés. C'est mettre en péril leur scolarité. »

Un argument que conteste Pierre Capy, directeur du département de biologie. « Les étudiants qui sont dans ce cas de figure, nous leur fournissons une attestation signée avec leurs résultats. Nous ne voulons en aucun cas pénaliser les étudiants mais retenir leur attention comme celle de la présidence de l'université sur une situation problématique pour l'ensemble de la communauté universitaire. »

Les étudiants eux-mêmes sont partagés sur ce mouvement : le syndicat UNEF lui a apporté son soutien, tandis que Baptiste Laget, issu de la FAGE, l'autre grand syndicat étudiant, insiste sur les difficultés rencontrées par certains de ses camarades, auxquels l'attestation écrite fournie par les enseignants n'a pas permis de s'inscrire.  

Lors d'une première assemblée générale, le 16 décembre, qui réunissait professeurs du département de biologie et représentants étudiants, les critiques ont fusé quant à la mauvaise gestion de l’université. Il a manqué à la direction 5,5 millions d'euros pour boucler le budget 2014, ce qu’elle a compensé en coupant dans la masse salariale, ramenant celle-ci à 244 millions d'euros. Cela s’est traduit par l'arrêt de la campagne de recrutement des attachés temporaires d'enseignement et de recherche (ATER) et au non-renouvellement d'une dizaine de postes. Ces mesures touchent particulièrement le département de biologie, un des plus importants de l'université, mais aussi ceux de mathématiques et d'informatique.

« PROBLÈME NATIONAL »

« Malgré des débats houleux, nous sommes ressortis de l'AG avec l'assurance que les enseignants ne retiendraient pas les notes des étudiants », explique Baptiste Laget. Mais peu avant la session d'examens mi-janvier, une nouvelle AG a eu lieu, en l'absence des représentants étudiants. La majorité des 51 professeurs, 124 maîtres de conférences et 117 personnels administratifs et techniques que compte le département de biologie, ont voté en faveur de la rétention des notes, « une mesure moins pénalisante pour les étudiants que la grève », justifie Pierre Capy.

Du côté de la direction de l'université, si on comprend le choc occasionné par les coupes budgétaires intervenues précipitamment à la suite d'un bilan 2014 défavorable, on ne cautionne pas la rétention des notes. « C'est une action indélicate qui s'en prend aux étudiants [...] et ne résout pas un problème national touchant de nombreuses universités, affirme Jacques Bittoun, le président de l'établissement. Mais il est vrai que les restrictions budgétaires du gouvernement nous obligent à réduire le nombre de postes pour récupérer de la masse salariale. »

En tirant le signal d'alarme avec la rétention de notes, les professeurs frondeurs espèrent capter l'attention du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les étudiants n'auront pas leurs notes avant la prochaine AG du département de biologie, prévue le 18 février. « S'il n'y a pas une reconsidération des problèmes de financement des universités françaises et si on ne met pas en place des méthodes prospectives pour assurer la viabilité des budgets, d'autres actions seront vraisemblablement engagées dans les semaines à venir, au-delà des biologistes », prévient Pierre Capy.

  • Matteo Maillard