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Les insurrections, finalement, sont venues. Critique de "À nos amis"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://paris-luttes.info/les-insurrections-finalement-sont-2706
Le premier "atelier de lecture à voix hautes" de la BAM (Bibliothèque autogérée de Malakoff) a porté sur le livre publié par le Comité Invisible.
Seuls derrière nos écrans et nos murs, nous lisons les mêmes textes : l’isoloir démocratique fonctionne jusque dans nos pratiques de lecture. Les textes circulent sans que nous en parlions vraiment, ils ne sont le plus souvent discutés que de biais, par des ragots, des attaques ad hominem. Il y a, au contraire, tout à gagner à se saisir des livres, ou des textes publiés sur internet, comme d’outils de rencontres. C’est bien ce à quoi invitait le titre d’À nos amis, sur lequel a porté cette première tentative "d’atelier de lecture à voix hautes".
Lectures à voix hautes, au pluriel, car c’est avant tout une invitation au dialogue et que ce texte lui-même est un livre écheveau, écrit à plusieurs mains. Il s’organise autour de 9 chapitres thématiques, qu’on peut résumer en 9 propositions :
- 1. Amorce : Les insurrections sont venues
- 2. La crise est à la fois un mode de gouvernement et le signe de l’essoufflement de l’Occident
- 3. Les insurrections ne sont pas démocratiques
- 4. Une cible : le pouvoir réside dans les infrastructures
- 5. Il n’y a pas de révolution Facebook
- 6. Sortir de l’alternative pacifistes ou radicaux en repartant des luttes dites locales.
- 7. La société n’est ni à détruire ni à défendre, elle n’existe pas
- 8. L’unité de base, c’est la commune
- 9. Ouverture : constituer une force mondiale à partir de puissances situées
Ce sont ces propositions centrales que nous avons cherché à discuter et mettre à l’épreuve collectivement (attention, toutefois la discussion n’a pas exactement suivi le découpage du texte). Une trentaine de personnes étaient réunies ce soir-là à la BAM. Sans contourner les désaccords, les échanges sont restés bienveillants du début à la fin. En guise d’échafaudage pour ce premier atelier de lecture à voix hautes, nous avions retenu 9 extraits dans le but de donner une idée de chaque chapitre. De fait, ce livre semble offrir plus de matière à discuter que le précédent, il est plus charpenté, plus muri. SiL’insurrection qui vient avait été écrite dans la chaleur des incendies de 2005 et 2006 en France, À nos amis opère une prise de distance dans l’espace et le temps, un recul critique qui n’est pas sans arrière-gout amer même s’il échappe au cynisme de la désillusion. Et cette manière d’échapper à la résignation passe justement par un art de la formule, du jeu avec la langue. Le livre s’ouvre ainsi sur une bravade, une provoc qui prolonge la prophétie de L’insurrection qui vient.
1. « Les insurrections, finalement, sont venues. »
Les insurrections, finalement, sont venues. À un rythme tel et dans tant de pays, depuis 2008, que c’est tout l’édifice de ce monde qui semble, fragment suivant fragment se désintégrer. Il y a dix ans, prédire un soulèvement vous exposait aux ricanements des assis ; ce sont ceux qui annoncent le retour de l’ordre qui font à présent figure de bouffons. Rien de plus ferme, de plus assuré, nous disait-on que le Tunisie de Ben Ali, la Turquie affairée d’Erdogan, la Suède sociale-démocrate, la Syrie baasiste, la Québec sous tranquillisants ou le Brésil de la plage, des bolsa familia et des unités de police pacificatrices. On a vu la suite. La stabilité est morte. (…) Une insurrection peut éclater à n’importe quel moment, pour n’importe quel motif, dans n’importe quel pays ; et mener n’importe où. Les dirigeants marchent parmi les gouffres. » [1]
C’est bien de là qu’il faut partir. Car, si les insurrections sont venues, pas la révolution : et ici se trace une ligne nouvelle et importante autour de l’idée que tout se serait arrêté au stade de l’émeute. En d’autres termes, pour pouvoir assumer les prévisions de L’insurrection qui vient, les appelistes vont être contraints de nuancer grandement leur conception un peu idéalisée de l’insurrection : l’insurrection ne semble plus tant une figure alternative à la révolution (figure qui serait à la fois plus joyeuse, plus incisive, et moins totalisante car moins dirigée vers la prise du pouvoir central) qu’une figure préparatoire, inférieure, inaccomplie.
Au-delà même du livre, cela a pu autoriser le retour très rapide dans la discussion d’oppositions traditionnelles entre révolte et révolution, et de toute une gamme graduée de l’émeute à la révolte, en passant par l’insurrection (comme la Commune) jusqu’à la révolution (seule à même de produire un ordre différent). Le problème est bien en tout cas qu’on ne lit à aucun moment de définition ni de l’insurrection ni de la révolution.
Pour certains, c’est parce que l’insurrection est indicible : au sens où on ne pourrait la définir sans figer son devenir, déterminer sa liberté. De fait, il n’y a pas de recette ou de procédure pour réussir une insurrection. En outre, ces formules introductives ne doivent pas être surinterprétées, pour forcer l’opposition entre processus révolutionnaire et processus insurrectionnel : une distinction qu’on pourrait plutôt faire jouer passerait au contraire entre processus révolutionnaire et Révolution, comprise comme recapture du processus révolutionnaire par les institutions (exemple des Révolutions arabes).
Au-delà du mot « insurrection » agité un peu comme un chiffon rouge, d’autres critiquent le ton et le choix des exemples. En effet, l’entrée se fait par des cas très médiatisés, regroupés un peu vite sous cette appellation commune d’insurrection, éclipsant en retour ce qui peut se jouer positivement comme processus révolutionnaire (au Rojava par exemple). Par son emphase, c’est un livre qui cherche à produire une émotion, en employant un langage prophétique et globalisant. Vouloir susciter l’espoir et la combattivité est une chose, mais cela ne doit pas conduire à une occultation mystique de la question des rapports de force réels.
Revenant sur le lien entre insurrection et révolution, ce que cherche à montrer le livre, c’est que ces insurrections n’ont pas forcément changé quelque chose de sociétal mais introduit des changements dans la vie des gens, et en particulier des rencontres. On peut ainsi avoir une lecture plus optimiste en se disant que les insurrections sont venues mais ont échoué dans leur processus révolutionnaire en un sens plus délimité : au sens où l’insurrection est étouffée par son institutionnalisation (Podemos, Syriza), mais pas au sens où il n’en reste rien car quelque chose a bien été concrètement amorcé, du côté des liens et des expériences de lutte, comme des braises qui couvent sous la cendre.
2. Les insurrections contemporaines « ne partent plus d’idéologies politiques, mais de vérités éthiques. »
Le livre met l’accent sur l’aspect existentiel de l’insurrection. Tout processus révolutionnaire est existentiel. Au plan stratégique, ce qui serait décisif selon A nos amis, ce serait au fond les rencontres inattendues que l’insurrection permet, et la fidélité à ces moments de lutte partagés qui ouvrent des devenirs révolutionnaires. Mais au-delà, ce que les insurrections contemporaines parviendraient à dégager, ce serait des vérités éthiques et ce serait peut-être à nouveau là l’essentiel : ces vérités qui nous lient, ces refus essentiels face à ce qui est évidemment insupportable, ces formes de vie commune qui font exploser la nullité éthique de l’Occident.
Les révolutionnaires sont bien souvent ceux que les révolutions prennent le plus au dépourvu. Mais il y a dans les insurrections contemporaines, quelque chose qui les désarçonne particulièrement : elles ne partent plus d’idéologies politiques, mais de vérités éthiques. [2]
En ce sens, les insurrections contemporaines ne sont pas d’abord politiques, les insurrections sont éthiques. Nous recevons ce type de formules de manière contrastée. Pour une des personnes présentes, il y a là un saut qualitatif, une pensée neuve, en particulier autour de cette manière d’associer le terme de puissance à du sensible, de cet usage politique de la notion de puissance sensible. Il faudrait entendre ici une forme de retour au concret de l’existence contre la froideur des idéologies politiques. D’autres font remarquer qu’il y a des appels au concret, à la présence, au sensible… qui peuvent eux-mêmes rester très abstraits. Bien plus, ce passage d’une grille de lecture politique à une grille de lecture éthique n’est-il pas le résultat d’une impuissance politique à transformer autre chose que sa propre vie ?
Mais peut-être a-t-on attaqué là le livre par son versant le plus faible : l’insurrection, l’insurrectionalisme, c’est l’étiquette qu’on a collé à ce collectif, mais ce n’est peut-être pas ce qui est crucial, ce qui est le plus riche d’enseignements. De fait, deux autres points semblent particulièrement importants : sur le capitalisme de crise et sur le pouvoir logistique.
3. « Nous ne vivons pas une crise du capitalisme, mais au contraire, le triomphe du capitalisme de crise. »
C’est de n’avoir pas compris que la "crise" n’est pas un fait économique, mais une technique politique de gouvernement que certains se sont ridiculisés en proclamant à la hâte, avec l’explosion de l’arnaque des subprimes, la "mort du néolibéralisme". Nous ne vivons pas une crise du capitalisme, mais au contraire, le triomphe du capitalisme de crise. [3]
Le deuxième moment du livre est ainsi consacré à une analyse de la crise qui a aussi deux aspects principaux, l’un stratégique, l’autre philosophique. Or, ce volet stratégique peut sembler beaucoup plus convaincant que son pendant existentiel où on lit que la crise ne serait pas d’abord économique, mais, pêle-mêle, existentielle, affective, métaphysique, ce serait même une crise de la civilisation occidentale.
À vouloir élargir le champ, on peut avoir l’impression ici de perdre un peu pied, et de tout mélanger, quitte à recourir à des catégories massives quand même sacrément problématiques, comme l’Occident. Il y a un effet de décollage philosophique qui est gênant si on attend de la philosophie plutôt qu’un brusque envol vers la généralité une certaine précision dans l’usage des concepts et des catégories. C’est gênant parce qu’on perçoit bien qu’il y a quelque chose d’autre qu’une stratégie économique à décrire, il y a sans doute aussi son episteme, son arrière-plan existentiel si on veut, disons les formes de vie qui la sous-tendent et la rendent possible ; certes, mais tout ici est flouté : la crise ou l’Occident fonctionnent comme des jokers politiques auxquels on peut tout accoler (crise économique, crise politique, mais aussi crise écologique, voire crise existentielle). On ne sait plus de quoi en parle, et surtout cette dispersion produit finalement une fâcheuse impression de dématérialisation, jusqu’à écrire : "La crise n’est pas économique, écologique ou politique, la crise est avant tout celle de la présence" [4]. Il semble qu’au nom de la présence se joue au contraire une montée en abstraction qui n’est pas maitrisée, et qui tend à faire passer au second plan les phénomènes réels, matériels, d’expulsions de logement, de pertes d’emplois, de fermetures d’hôpitaux, etc.
Au contraire, le début sur le capitalisme de crise parvient à tenir l’articulation sur le fait que la crise soit utilisée, que la manière de la décrire et la nommer ne soit jamais neutre… avec le fait qu’elle ne soit pas non plus sans réalité. Car c’est bien quelque chose que l’on nomme. L’idée est ainsi de présenter la crise comme « un mode de gouvernement » [5]. Cette intuition-ci, quoique à creuser, semble très éclairante, très en prise avec le réel.
4. « le pouvoir réside désormais dans les infrastructures de ce monde. »
De manière plus générale, le livre cherche à construire une nouvelle conception du pouvoir pour théoriser les formes et enjeux des luttes contemporaines. Cette conception, il en cherche pour une large part l’inspiration chez Foucault qui apprenait déjà à ne pas concevoir le pouvoir exclusivement comme répressif, et à ne pas le chercher seulement dans les institutions. De fait le livre nous invite à ne plus nous focaliser sur les institutions et les détenteurs du pouvoir mais sur des infrastructures. C’est un déplacement d’accent qui est intéressant à discuter.
On n’a jamais vu de monnaie qu’adossée à un ordre politique à même de la garantir. C’est pourquoi, aussi, les devises des différents pays portent traditionnellement la figure personnelle des empereurs, des hommes d’État, des pères fondateurs ou les allégories en chair et en os de la nation. Or qu’est ce qui figure sur les billets en euros ? Non pas des figures humaines, non pas des insignes d’une souveraineté personnelle, mais des ponts, des aqueducs, des arches - des architectures impersonnelles dont le cœur est vide. La vérité quant à la nature présente du pouvoir, chaque européen en a un exemplaire imprimé dans la poche. Elle se formule ainsi : le pouvoir réside désormais dans les infrastructures de ce monde. [6]
Pour certains, ce déplacement est encore insuffisant, c’est un coup de théâtre théorique plus que l’analyse d’une évolution pratique. Le pouvoir, l’État sont quand même des choses un peu massives, un peu incontournables. L’évocation des infrastructures manque encore de précision : quelles sont ces infrastructures ? Dans une lettre à CQFD, Jean-Pierre Garnier exprime ainsi une méfiance face à cette manière de prétendre dépasser la lutte des classes et la question du pouvoir central. Il faudrait d’abord nommer plus précisément les infrastructures et les stratégies d’action. Car ça pourrait vite devenir une mode de s’affirmer insurrectionnaliste sans viser l’État, juste des infrastructures.
En réponse à la question « Qu’est-ce que les infrastructures ? », il faut quand même dire qu’ici les infrastructures sont désignées de manière assez concrète. Le terme fonctionne en fait à deux niveaux : infrastructures matérielles – ponts, autoroutes, lignes à grande vitesse, aéroports – mais aussitôt après, infrastructures virtuelles, architectures cybernétiques. Avec l’idée que ces deux plans se croiseraient à la fois physiquement (data center, puces, fibres), mais surtout conceptuellement autour des notions de réseaux et de flux, de points nodaux du réseau qu’il s’agirait de bloquer.
Finalement, il y a quelque chose qui fait sens dans le fait de dire que le pouvoir est dans les infrastructures, plus que dans des grands hommes ou dans une économie. Ces infrastructures dominent nos existences en rendant désirable le fait de pouvoir joindre un endroit à l’autre en 3 heures. En retour, la question est aussi posée d’utiliser l’attaque de l’infrastructure pour entrainer une dilution de l’État, ou de voir en quoi l’État ne peut tolérer le fait que les infrastructures soient attaquées. Ce qui est intéressant dans ce chapitre, c’est qu’ils parlent beaucoup du blocage des flux : ils disent qu’il y a des luttes qui ont réussi parce que comme le système fonctionne à flux tendu, on paralyse toute la chaine en s’attaquant à un maillon (exemple du blocage des raffineries). Selon certains, le politique s’est ainsi déplacé vers l’ingénierie : l’État c’est de la pitrerie, le vrai pouvoir se situe dans les infrastructures. La question est alors : où situer ces nœuds ? Quand est-ce qu’on est dans l’infrastructure ou quand est-ce qu’on se bat contre des moulins à vent ?
Mais selon d’autres, il faut être prudent et précis : l’État a plusieurs dimensions, du législatif à l’exécutif. Ce qui est gênant dans la question du blocage des flux, c’est que ça reste une mise en parenthèse du système. À quel moment ça fait système ? À quel moment on passe d’une série d’attaques décousues à une logique révolutionnaire ? Ça c’est de l’émeute, on arrête le système : on n’est pas très dangereux face au système, il se rabiboche en repayant la réparation des dégâts.
5. « Tant que la perspective d’un soulèvement populaire signifiera pénurie certaine de soins, de nourriture ou d’énergie, il n’y aura pas de mouvement de masse décidé »
Le mouvement ouvrier a été vaincu parce qu’il n’a pas su s’approprier sa puissance ouvrière (son savoir-faire). La spécialisation des ouvriers s’est transformée avec la parcellarisation des savoir-faire ouvriers en micro-tâches de réparation de machines. Un des exemples de points d’achoppements du processus révolutionnaire est ainsi la difficulté de faire avec le nucléaire, ses déchets, ses installations sophistiquées :
tant que nous ne saurons pas comment nous passer des centrales nucléaires et que les démanteler sera un business pour ceux qui les veulent éternelles, aspirer à l’abolition de l’État continuera de faire sourire ; tant que la perspective d’un soulèvement populaire signifiera pénurie certaine de soins, de nourriture ou d’énergie, il n’y aura pas de mouvement de masse décidé. En d’autres termes : il nous faut reprendre un travail méticuleux d’enquête. Il nous faut aller à la rencontre, dans tous les secteurs, sur tous les territoires où nous habitons de ceux qui disposent des savoirs techniques stratégiques. [7]
Quelqu’un cite alors Ivan Ilitch (La convivialité) pour lequel il y a des outils qu’on peut s’approprier et d’autres non. Qu’est-ce qu’on fait des aménagements ? De manière plus générale, on touche ici à la fois à la question du sixième moment qui porte sur le rapport à la technique, et la mise en système des techniques les plus efficaces par la "technologie", et à des questions de perspectives plus positives, ou disons, plus de l’ordre de la proposition. Car enfin, on ne peut pas se contenter de dire que le but de l’auto-organisation, c’est l’auto-organisation : d’une part, il faut bien lui donner un contenu concret, et d’autre part, cette insurrection permanente n’est pas forcément désirable pour tous. Il faut donc bien dessiner les contours d’une forme de vie collective souhaitable.
Il y a déjà dans cette double invitation à l’imagination politique et à l’enquête pratique quelque chose de très stimulant. En outre, au-delà du passage sur le couple infernal pacifistes-radicaux qui a circulé sur Paris-luttes.info, la figure positive qui vient réellement équilibrer celle de l’insurrection, ou si on veut le moment négatif du blocage des flux, c’est la commune.
6. "Comment un ensemble de puissances situées font-elles une force mondiale ?"
Face à l’État, au Pouvoir, aux dispositifs et infrastructures, c’est la commune qui est érigée en figure collective positive, en lieu et place de la société qui, selon À nos amis "ne désigne que l’ombre portée des modes successifs de gouvernement" [8]. L’échelle et la modalité de la société serait piégée d’emblée, il faudrait reconstruire autrement du collectif, à partir des rencontres, du partage, de communautés plus restreintes et plus locales. Dans l’esprit du livre, il s’agit à la fois d’habiter un territoire et de dessiner une autre géographie [9]. S’ouvre ici toute une réflexion sur l’ancrage local, l’unité géographique qui permet le partage d’une expérience commune et de la nécessité de flux pour diffuser cette expérience... Mais aussi la difficulté de reconstruire une internationale des luttes après le cycle altermondialiste :
Ainsi, notre parti est partout, mais il est à l’arrêt. C’est qu’avec la disparition du mouvement anti-globalisation, la perspective d’un mouvement aussi planétaire que le capital lui-même, et par là capable de lui faire pièce, s’est elle aussi perdue. La première question qui se pose à nous est donc la suivante : comment un ensemble de puissances situées font-elles une force mondiale ? [10]
Si l’insurrectionnalisme a remis un peu les pieds sur terre, et retrouvé un socle local dans les luttes autour du TAV, ou de la ZAD, cela reste encore insuffisant à constituer une perspective d’ensemble praticable. Aux yeux de certains, les problèmes sont encore de taille, en particulier sur les modes d’organisation, la critique ambigüe des assemblées. Le livre ne se termine pas vraiment non plus, se voulant simplement "le début d’un plan" [11] De fait, la discussion sur ces derniers chapitres reste largement ouverte et se poursuit en plus petits groupes, autour d’un verre ou de quelque chose à grignoter, dans la rue, dans le métro...
P.-S.
Un prochain atelier de lecture à voix hautes aura lieu mi-mars à la BAM. Toutes les propositions sont les bienvenues, sur la manière de parler de nos lectures, comme sur les sujets à aborder. Quelques envies se font déjà jour, autour d’Alain Damasio ou de Claude Guillon. A suivre...