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Plus d’un mois de lutte des travailleur.se.s de Paris 8 !

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Lien publiée le 25 février 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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Timur Chevket

Le « collectif des bas salaires » de l’université Vincennes/Saint-Denis, regroupant en grande majorité des femmes, entre dans son second mois de grève. La mobilisation connait une phase décisive alors que le rapport de force entre la présidence et le collectif des bas salaires semble ne pas pouvoir rester stable. Les négociations voient les deux parties camper sur leurs positions. Pour Danielle Tartakowsky il serait impossible d’aller au-delà des 70 euros brut d’augmentation de la prime mensuelle, les grévistes réclament, elles, près du double : 98 euros net. Le quotidien de plus de 600 titulaires et contractuels mal payés de toutes catégories de la fonction publique est en jeu. De leur victoire dépend la perspective d’un retour aux affaires de ceux qui font exister l’université : son personnel, ses enseignants et ses étudiants.


Une mobilisation qui dévoile la politique de gestion financière de l’université

Les revendications des grévistes se trouvent confrontées à la machine à ruiner les facultés impulsée dans la dernière période par la LRU et son prolongement dans la loi Fioraso. Il n’est apparemment nul besoin d’avoir une maîtrise en économie pour comprendre comment détourner le budget de l’Etat pour l’enseignement supérieur vers les nécessités de l’austérité au service des capitalistes. Avec un indice des salaires de la fonction publique gelé, l’amélioration du niveau de vie du personnel de l’université dépend de la répartition d’une dotation de l’Etat de plus en plus faible et incertaine. Danielle Tartakowsky, présidente de Paris 8,« spécialiste » des mouvements sociaux et qui jouait les opposantes à ce système il y a 6 ans,y trouve aujourd’hui son compte pour justifier sa politique de gestion des deniers publics. A l’heure actuelle, la répartition de l’argent de la fac est complètement opaque. C’est avec ce voile de fumée que la présidence justifie l’impossibilité d’accéder aux requêtes de son personnel. Pourtant, la nouvelle façade scintillante de l’université ainsi que l’écran géant qui a apparu nous laisse penser qu’il reste du budget pour travailler l’image de l’université…La réponse adéquate qu’a commencé à développer le collectif des bas salaires est d’exiger la transparence. C’est le premier rempart de la micro-gestion de l’austérité à faire tomber.

Etudiant.e.s-travailleur.se.s : une alliance qui peut faire basculer le rapport des forces !

La question du budget et de la transparence intéresse aussi les étudiant.e.s, victimes de la détérioration par sabotage financier de leurs conditions d’études. C’est là le potentiel d’une telle revendication : la jonction d’une partie des étudiants dans la lutte. L’alliance entre les étudiant.e.s et les travailleur.se.s de la fac, dont la force stratégique est de pouvoir bloquer le fonctionnement de la fac, est particulièrement importante dans nos luttes.

A Paris 8, des modifications des règles de scolarité se préparent : la suppression de certaines sessions de rattrapage, l’impossibilité de s’inscrire pour la troisième fois dans la même année, entre autres. Cela revient tout simplement à accroître la sélection sociale aux portes des universités, en aggravant les difficultés des étudiant-e-s les plus précaires, les étudiant-e-s salarié-e-s, les étudiant-e-s sans-papiers.

La remise en cause de la soi-disant autonomie des universités est quant à elle l’étape supérieure à franchir pour la grève. C’est l’ouverture de ce front qui doit permettre un soutien plus large de la communauté universitaire à la mobilisation. Inverser la logique de destruction de l’enseignement public supérieur, c’est ouvrir la perspective d’une renaissance du mouvement des étudiant.e.s et des travailleur.se.s de l’université capable d’arracher au gouvernement du fric pour garantir les conditions de travail et l’enseignement universitaire. Cette lutte ne peut se mener dans l’isolement du 93, mais à l’échelle nationale. C’est pourquoi les grévistes ont commencé à rencontrer les camarades de grève des facs de Paris Sud/Orsay et de Lyon 2.

Un combat de femmes

Impossible d’ignorer le fait que c’est une majorité de femmes qui porte avec détermination cette grève. Si tous les travailleur.se.s sont concernés par les salaires trop bas, la précarité au travail, etc, ces problèmes sont trop souvent accentués pour les femmes. Ecarts de salaires à même niveau de formation ou d’ancienneté, accumulation de jobs à temps partiels, pour compiler avec le travail domestique, l’éducation des enfants, l’entretien du foyer… Sans parler d’une domination parfois ouvertement affichée et renforcée par les divisions hiérarchiques. Entre exploitation et oppression, être femme travailleuse est loin de la partie de rigolade. Alors relever la tête ? Si leur lutte contre la précarité est exemplaire, la force qu’elles ont de ne plus se laisser faire l’est encore plus, et ce malgré toutes les entraves qu’on leur impose.

Carton plein pour la soirée de soutien, le travail de désenclavement de la grève

Jeudi 19 février, la fête de soutien au personnel en grève a vu passer plus de 200 personnes. Des étudiants de Paris 8, mais aussi des militants de différentes luttes extérieures à la fac, dans le but de faire converger les bagarres "locales". La tribune a accueilli un prof vacataire de Lyon 2, en grève pour la régularisation des contrats et le payement de plus d’un semestre d’arriéré de paye. D’autres secteurs connus pour leurs récentes grèves de travailleuses étaient représentés, à l’image des femmes de ménage du palace Hyatt Monceau et des fonctionnaires de la mairie de Saint Denis. Les salariés de la Poste du 15ème et du 92, ainsi que des cheminots ont répondu présents, pour parler de leurs résistances à la situation catastrophique pour les travailleur.se.s de ces ex-entreprises publiques. Le soutien a même eu un caractère internationaliste avec l’intervention particulièrement applaudie d’un camarade grec de l’université polytechnique d’Athènes et une vidéo de soutien du personnel de l’université de São Paulo, récemment en grève au Brésil.

La soirée a su remplir ses objectifs immédiats : remplir la caisse de grève, remonter le moral à la grève, tisser des liens pour ouvrir les nécessaires perspectives de solidarité et de convergence des luttes de la classe des travailleur.se.s. Le rapport de force en est impacté à Paris 8. Le possible développement de la convergence est lui porteur d’un potentiel encore plus important. Une première échéance se profile pour le 5 mars, rassemblant Paris 8, Lyon 2, Villetaneuse et Paris Sud/Orsay.

Renforcer le collectif des bas salaires, l’assemblée générale, la lutte

Pour faire basculer le rapport de force en faveur des grévistes, de nouveaux coups de boutoirs doivent être portés dans les murs de la fac. Décloisonner, c’est la clef de voûte d’une prise de poids du mouvement. C’est sur toutes les portes des secrétariats, avec les femmes de ménages, au restaurant universitaire, à la formation permanente, à la comptabilité, jusque chez les profs et les étudiants que la grève peut et doit s’afficher. La bagarre a dépassé le cadre du personnel en catégorie C. Tous les bas salaires sont concernés par la légitimité des revendications. Leur application se négocie pour l’ensemble des travailleur.se.s de la faculté. Pour la majorité des personnels en catégorie B et A, la paye est moindre que celle d’un agent de maîtrise de la restauration rapide.

Le collectif des bas salaires se stabilise en tant qu’outil de la lutte. Il peut pérenniser une critique active et efficace des choix de D. Tartakowsky. La présidente, qui soigne sa réputation d’intellectuelle de gauche, n’a la tête qu’à réduire au silence toute contestation de sa politique. Son arme n’est pas du dernier cri, c’est celle des exploiteurs : la retenue sur salaires des jours de grèves. Du jamais vu dans la fac de mai 68. Une pression que n’avait pas connue la présidente quand elle participait à la ronde des obstinés en 2009. Voilà une "spécialiste" des mouvements sociaux qui offre à la communauté universitaire le pitoyable spectacle d’un retournement de veste intéressé. Toujours la première à vouloir contredire les chiffres des grévistes concernant leurs salaires, elle n’ose pas publier le sien, qui serait de l’ordre de dizaines de milliers d’euros par an.

Face à l’austérité imposée dans les facs et ailleurs, face aux inégalités toujours plus fortes entre les salaires des patrons et les nôtres, c’est la grève qui a raison ! Car ce n’est pas à nous de payer les pots cassés des fraudes d’une minorité de la population toujours plus riche. Ce n’est pas à nous de payer la crise, ni ici, ni en Grèce, ni ailleurs ! Les colères de chacun-e, même très localement peuvent redonner confiance aux collègues et les inciter à nous joindre dans nos luttes, pour se battre ensemble contre ceux qui nous exploitent et nous oppriment !

23/02/15