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Ukraine: à Donetsk, les rebelles transforment l’usine d’un oligarque

international Ukraine

Lien publiée le 15 mars 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Donetsk (Ukraine), 15 mars 2015 (AFP) - 09:49

A Donetsk, les rebelles transforment l'usine d'un oligarque ukrainien en fabrique de tanks

Bruit assourdissant des machines et va et vient incessant des camions: dans l'usine
de machinerie lourde de Donetsk, le travail se poursuit, mais les ouvriers qui
fabriquaient autrefois de l'équipement pour les mines du Donbass réparent
aujourd'hui les tanks et blindés des rebelles.

Là où étaient autrefois entreposés engrenages géants ou ventilateurs d'usine, dans
un énorme hangar derrière de hauts murs et des barbelés, sont désormais garés deux douzaines de tanks et de pièces d'artilleries, autour desquels s'activent des ouvriers couverts de cambouis.

Tanks T-62 et T-64, blindés de transport de troupes ou canons automoteurs: toutes
les armes entreposées ici ont été capturées à l'armée ukrainienne, des "trophées"
comme les appelle Roman, "Volchebnik" (le magicien) de son nom de guerre, le vicedirecteur de l'usine.

"A partir de deux ou trois +trophées+ que nous laissent les Ukrainiens, on peut
produire un véhicule utilisable pour nous", explique Roman, 40 ans, un ancien
officier du ministère de la Défense ukrainien passé à la rébellion.

Selon lui, son unité peut sortir quotidiennement un à deux véhicules, pour une
moyenne de dix à vingt jours de travail par pièce. Les équipements qui sont
endommagés au delà de toute réparation sont démontés en pièces détachées.

La quasi-totalité des véhicules aujourd'hui aux mains des techniciens de Roman,
dont la plupart portent encore un marquage militaire ou la peinture jaune et bleue
du drapeau ukrainien, ont été pris aux forces de Kiev après leur retrait de
Debaltseve, à la suite de plusieurs mois de combats.

Même s'ils n'ont reçu qu'un peu moins de deux salaires en huit mois de travail, près
de 600 ouvriers continuent de venir chaque jour à l'usine, selon Vladimir, 50 ans,
ingénieur en chef. La plupart y travaillaient déjà avant la guerre, désormais épaulés
par d'anciens combattants rebelles reconvertis en ingénieurs militaires.

Roman, qui commandait une unité d'ingénieurs militaires au Libéria, revendique plus
de 150 réparations depuis août, quand le matériel ukrainien a commencé à affluer
après le succès de la contre-offensive des rebelles sur le front Sud de Donetsk.

"On a commencé avec des blindés, puis on a reçu des transports de troupes, des
tanks... on répare tout!", lance-t-il avec fierté.

- Production civile -

Kiev et les Occidentaux accusent Moscou de fournir aux rebelles armes et combattants, et d'avoir déployé ses troupes régulières dans l'est de l'Ukraine, ce que le Russie a toujours démenti. Les séparatistes assurent pour leur part que leurs
armes proviennent des vieux stocks de l'armée ukrainienne dans la région et du
matériel capturé à l'ennemi.

Roman dément lui aussi toute aide russe, même en ce qui concerne les pièces
détachées.

"L'armée ukrainienne est notre plus gros fournisseur", assure-t-il avec un sourire,
avant de reconnaître volontiers que d'autres usines de réparation d'équipements
militaires existent en territoire rebelle, à l'accès plus restreint.

L'usine de Donetsk, Corum Donetskgormash, appartenait avant d'être investie par les rebelles à l'homme le plus riche d'Ukraine, l'oligarque lui-même originaire de Donetsk Rinat Akhmetov. C'est là que se fabriquait une partie de la machinerie lourde qui équipe les nombreuses mines de charbon de la région

Selon l'ingénieur en chef Vladimir, de la machinerie lourde continue d'y être
produite, notamment à destination de la région rebelle voisine de Lougansk, de la
Russie ou du Bélarus.

"La réparation des mines de Donetsk est une priorité par rapport aux réparations
militaires, même si nous n'avons plus autant de commandes qu'avant", dit-il.

L'argent ainsi gagné permet de verser un peu de salaire aux employés et de développer l'usine.

La direction affirme vouloir revenir à une production civile dès que la paix sera
revenue.

"Après la guerre, nos activités militaires, tout le monde ne s'en souviendra que
comme d'un hobby", promet Vladimir.