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Ça chauffe à Sevelnord. Entretien avec Franck Théry, secrétaire général CGT
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://ccr4.org/Greve-pour-les-salaires-dans-le
L’usine PSA de Sevelnord, à Lieu-Saint-Amand, près de Valenciennes, emploie 2.200 salariés, dont un certain nombre en contrat de professionnalisation. Depuis le désengagement de Fiat, en 2011, Sevelnord est devenu propriété de PSA à 100%. « Soit vous acceptez le blocage des salaires, soit on ira construire ailleurs le K-Zéro ». Voilà, en résumé, le chantage pratiqué par la direction du site où PSA produit des utilitaires légers. Sevelnord est donc l’une des premières usines du groupe à avoir réalisé un « accord de compétitivité », avec gel des feuilles de paie à la clef. La dernière grève sur les salaires remonte, pour le site valenciennois, à 2007. Mais ces derniers jours, la situation a été passablement bousculée, avec un premier débrayage massif mercredi 25 mars, au surlendemain de la grève à PSA Mulhouse. Le mouvement, aujourd’hui, se poursuit. C’est ce dont nous parle Franck Théry, secrétaire général CGT sur le site de Lieu-Saint-Amand.
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Comment a démarré le mouvement à Sevel ?
Cela fait déjà un moment, en réalité, que nous étions sur une campagne pour les salaires. On sait que les quatre principaux dirigeants du groupe se sont octroyé 86% d’augmentation, que le groupe a annoncé 905 millions de bénéfices, dont 14 millions sont partagés par sept membres de la direction. Sevelnord étant un laboratoire de l’accord de compétitivité, après plus de trois ans de gel des salaires, les attentes des travailleurs étaient grandes, cette fois-ci, lors de négociations. Les suppressions d’emploi et les cadences rajoutent du stress, bien entendu, mais les ouvriers, surtout, n’y arrivent plus, tant sur les chaînes qu’au niveau des fins de mois. Ici, du coup, les dossiers pour surendettement ont explosé ces dernières années. Ne rien lâcher sur les salaires, alors que tous les voyants sont au vert pour le groupe, c’était donc une véritable provocation.
Quand la grève a-t-elle commencé ?
Le premier débrayage a eu lieu le jour de la deuxième réunion de négociation salariale, mercredi 25 mars, à 15 heures. En sortant de la rencontre, nous avons dû informer les travailleurs que c’était zéro euro d’augmentation salariale qui était annoncé, et la grève a démarré. Nous sommes partis à 300, en défilant dans les ateliers. Un certain nombre de copains ont décroché pour nous rejoindre, au fur-et-à-mesure. On a fini à 400, ce qui signifie un site quasiment à l’arrêt. Mais on ne s’est pas arrêtés là. Le mercredi après-midi la direction a annoncé une réunion le lendemain à 8h, mais, jeudi 26, elle est revenue sur sa position et a refusé tout dialogue avec la CGT. Du coup, la grève s’est renforcée au niveau des deux équipes. C’est comme ça que la direction a annoncé vouloir fermer l’usine, le vendredi 27.
La direction a donc annoncé un lock-out pour casser le mouvement ?
Tout consistait à faire croire que la boite serait fermée le vendredi, et ce avec l’aide des syndicats de collaboration de classe qui ont relayé l’information et ont envoyé des messages pour dire aux ouvriers de rester chez eux, le numéro vert ayant été activé en ce sens. Mais tous les grévistes ont décidé, en assemblée générale, de venir quand même le vendredi à 5h30, sur le site. Vendredi, donc, le délégué syndical central CGT du groupe PSA était présent pour porter la solidarité des travailleurs du groupe mais n’a même pas pu rentrer. De notre côté, on était 700 grévistes et l’usine était à l’arrêt. Depuis Sevel, nous nous sommes rendus sur le site UMV de Trith Saint Léger, qui fait partie également du groupe PSA, pour faire grossir la mobilisation. Nous avons distribué un tract devant l’usine où sont produites une bonne partie des boîtes de vitesse pour PSA pour que les copains s’y mettent aussi.
Quelles perspectives vois-tu pour la suite ?
Les salariés ont décidé de reconduire l’action le lundi 30 mars. Dès lundi, nous allons appeler à la poursuite de la grève, avec un rendez-vous devant la boite des grévistes des deux tournées. L’idée, c’est de donner une impulsion encore plus forte au mouvement et décider en assemblé générale du développement de la lutte, des actions à mener et de réaffirmer les revendications de la CGT, qui valent pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du groupe PSA, à savoir 300 euros d’augmentation, l’augmentation de toutes les primes et, dans le cas de Sevel, une prime de 1000 euros pour la production du K-Zéro.
Il faudrait donc une lutte d’ensemble sur tout le groupe PSA ?
En effet, c’est plus que nécessaire. Nous avons tous les mêmes problèmes de salaire et ce ne sont pas des primes d’intéressement très aléatoires, qui ne nous sont versées qu’une fois, qui vont régler nos fins de mois de plus en plus difficiles. C’est bien tous les mois que le fric nous manque. Donc, pour faire céder Sevelnord comme le groupe PSA, la lutte d’ensemble doit se construire dès maintenant. La convergence des luttes est notre boussole. On ne pourra pas gagner des luttes sur les salaires ou l’emploi boite par boite. C’est toutes et tous ensemble qu’il faut y aller.
Le 9 avril peut contribuer à une mobilisation des différents secteurs ?
Pour nous, le 9 avril, c’est l’occasion d’être en lutte avec les travailleurs de la Française de Mécanique, d’UMV, mais aussi d’autres usines qui ne sont pas du groupe PSA, comme Bombardier, à Crespin, où les travailleurs sont en lutte pour les salaires. Oui, le 9 avril peut être un grand moment de convergences des luttes pour l’ensemble de la région, avec un retentissement national. Ce pourrait être le début d’une contre-offensive de la classe ouvrière.
Propos recueillis le 28/03/15 par Vincent Duse (CGT PSA Mulhouse)