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En Finlande, la droite populiste confirme sa percée

Finlande international

Lien publiée le 20 avril 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Les Vrais Finlandais, arrivés en deuxième position aux législatives, pourraient entrer au gouvernement

Les Finlandais ont donné un coup de barre eurosceptique dans les urnes. Dimanche 19  avril, lors des élections législatives, ils ont non seulement sanctionné leur premier ministre sortant, l'europhile et conservateur Alexander Stubb. Mais ils ont également placé en deuxième position, derrière les centristes, le parti populiste des Vrais Finlandais, dirigé par le charismatique Timo Soini, très critique de l'immigration, mais surtout de la construction européenne.

Avec 17,6  % des voix, les Vrais Finlandais réussissent à obtenir, grâce au découpage électoral, 38 sièges, soit un de plus que les conservateurs, qui ont pourtant obtenu 18,2  % des voix. Ils confirment surtout la percée des précédentes législatives de 2011, où ils avaient obtenu, à la surprise générale, 39 sièges. A 52  ans, M.  Soini, qui a fait campagne en affichant sa volonté de participer au futur gouvernement, est désormais en position de force pour obtenir le poste de ministre des affaires étrangères dont il a toujours rêvé.

Leader charismatique du parti des Vrais Finlandais depuis 1997, Timo Soini a réussi une fois de plus à faire mentir les sondages qui le voyaient arriver quatrième, en recul par rapport à 2011. Catholique dans un pays qui n'en compte presque pas, il joue sur sa proximité naturelle avec les Finlandais pour les convaincre.

Sa popularité a surtout profité des doutes croissants des électeurs à l'égard de la construction européenne, au fur et à mesure de la crise de l'euro et de celle de la dette grecque, que M. Soini refuse de financer. Son programme affirme notamment que la Finlande doit " renégocier son adhésion à l'Union européenne, récupérer des pouvoirs de Bruxelles et réduire les pouvoirs de la Commission européenne ".

" Tradition pragmatique "

Il affirme " ne rien avoir personnellement contre les Grecs ". Non, son problème, c'est leur gouvernement " d'extrême gauche " qui en appelle à la solidarité européenne. L'économie finlandaise est en récession depuis trois ans et les Finlandais se préparent à en sortir au moyen d'une sévère réduction des dépenses publiques, comme ils l'avaient déjà fait lors de la brutale crise du début des années 1990. " On a eu notre propre crise, et on s'en est sortis tout seuls ", résume M. Soini.

Les négociations avec le parti arrivé en tête, les centristes de l'ex-entrepreneur millionnaire Juha Sipilä, devraient débuter dès lundi et pourraient durer plusieurs semaines. Avec 21,1  % des voix, M.  Sipilä obtient 49 des 200 sièges au Parlement, moins que prévu dans les sondages. Conformément à la tradition de consensus politique du pays, il n'a pas exclu de gouverner avec les Vrais Finlandais. " Nous avons une tradition pragmatique : chaque parti qui a une position forte au Parlement a le droit de gouverner. Les Vrais Finlandais ne sont pas le même type de parti que le Front national ", défendait ainsi avant l'élection le secrétaire général du Parti du centre, Timo Laaninen.

Si M. Soini a toujours tenu un discours policé sur l'immigration, plusieurs membres de son parti sont toutefois toujours accusés de dérives racistes sans jamais avoir été sanctionnés. Pendant la campagne, le think tank du parti des Vrais Finlandais a publié une " étude " très critiquée sur le rapport coût/bénéfice de l'immigration par nationalité. Il en ressort qu'un immigré allemand " rapporterait " 5 000  euros par an, quand un Somalien en " coûterait " 8 000. Principale communauté extra-européenne, les Somaliens sont à peine 14 000 en Finlande.

Le principal quotidien finlandais, Helsingin Sanomat, estimait lundi 20  avril qu'une coalition avec les Vrais Finlandais semblait la plus probable. Alliés dans le gouvernement sortant, les deux autres grands partis, les conservateurs et les sociaux-démocrates, reculent en effet tous deux lourdement en perdant respectivement 7 et 8 sièges, et ils ne veulent plus gouverner ensemble. Le premier ministre sortant, Alexander Stubb, a surtout pâti de son image trop libérale. Il a perdu la confiance des électeurs, qui ne voyaient pas comment il allait redresser leur pays. M.  Stubb proposait de réduire de 6  milliards d'euros les dépenses publiques et de faire adhérer la Finlande à l'OTAN, un sujet sensible dans un pays qui partage 1 300  km de frontière avec la Russie.

" Consensus sur la Grèce "

De son côté, le probable futur premier ministre, Juha Sipilä, a surtout gagné grâce à un programme et un profil plus rassurants que M. Stubb, restant très vague tout à la fois sur l'ampleur de la réduction des dépenses publiques et sur l'adhésion à l'OTAN, à laquelle son parti est traditionnellement hostile. Il a seulement promis de créer 200 000 emplois, notamment grâce au développement des bio-industries, un argument ciselé pour plaire à l'électorat centriste, à forte tradition agraire. M.  Sipilä a également bénéficié de son image d'homme simple et novice en politique : il est devenu député pour la première fois en  2011 après une carrière d'entrepreneur réussie. Père de cinq enfants, dont l'un est décédé accidentellement pendant la campagne, M.  Sipilä est par ailleurs un luthérien pratiquant.

Ces résultats pourraient compliquer encore un peu plus les négociations actuellement en cours avec Athènes autour de la dette de la Grèce, les Finlandais ayant toujours fait partie du camp le plus dur. M.  Sipilä est réputé moins europhile que M. Stubb : son parti a par exemple voté contre le second plan d'aide à la Grèce, en  2011.

" Il y a un consensus sur la Grèce en Finlande, il n'y aura pas de changement ", a toutefois voulu rassurer le très probable futur premier ministre dimanche soir. Mais il a été contredit par M. Soini qui a assuré, lui, que " si le parti des Vrais Finlandais est du prochain gouvernement, je pense que la politique de la Finlande à l'égard de la Grèce va changer ".

Jean-Baptiste Chastand