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Manifs du premier mai en France : faible mobilisation

Lien publiée le 1 mai 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Bien sûr, il y a la pluie. Bien sûr, ce sont les vacances. Pas de quoi consoler pour autant les responsables syndicaux en tête du cortège parisien du 1er Mai, vendredi, au moment d’atteindre la place de la Nation. « Cinq mille », lance Luc Berille, secrétaire général de l’UNSA, en guise d’estimation de la mobilisation.

A sa droite, Philippe Martinez, dont c’était le baptême à la tête de la CGT, est visiblement moins avide de parier sur les chiffres. « On m’a dit qu’il y avait soixante-dix mille personnes ce matin » dans les autres défilés en France, esquive-t-il. Même le Parti communiste luttait pour écouler son muguet dans la dernière portion du boulevard Voltaire. Finalement, la CGT estimera que cent dix mille personnes ont défilé dans toute la France, la police soixante-quatorze mille. Soit bien moins qu’en 2014, quand le rapport était deux cent dix mille et quatre-vingt-dix-neuf mille.

« On savait que ce serait un jour particulier », reconnaît un représentant de la FSU, qui refuse toutefois d’y voir un échec de la stratégie syndicale. Les principales fédérations nationales se sont une nouvelle fois mobilisées en ordre dispersé cette année, au point que trois rassemblements distincts étaient prévus à Paris.

Force ouvrière a déserté le cortège, se contentant d’un rassemblement au mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise, pour un traditionnel hommage aux morts de la Commune de Paris en 1871. Pas de marche sous la pluie non plus pour la CFDT, qui avait organisé son festival à destination de la jeunesse à l’Insep.

Multiples combats

Seuls la CGT, l’UNSA, Solidaires et la FSU se sont donc retrouvés place de la République en milieu d’après midi, sous le mot d’ordre diffus de la lutte pour le progrès social en Europe.

Les organisations syndicales françaises faisaient même figure de petites poucettes face à l’ampleur de la mobilisation des Turcs et des Kurdes qui dansaient à 14 heures sur la place de la République. La dispersion des rangs syndicaux aura peut-être rendu cette année un peu plus visibles les multiples combats politiques qui s’expriment aussi, à la même date, dans les rangs du cortège parisien.

Le cortège parisien du 1er Mai 2015.

« C’est ça que j’aime dans le 1er Mai, confie Ginette Lavigne, réalisatrice syndiquée à la CGT Spectacle, un verre du traditionnel mojito du PCF à la main. On voit les étrangers qu’on ne voit jamais autrement, les sans-papiers… » Comme elle, ils sont nombreux, la cinquantaine dépassée, pour qui la question de défiler le 1er Mai ne se pose guère. « Ça me donne du souffle et de l’énergie », confie Fred Thimonier, enseignant dans un collège pour élèves en grande difficulté scolaire dans le 15e arrondissement de Paris. « Et puis c’est une occasion de croiser des copains », dit-il en souriant, resté sur le trottoir pour faire le guet.

« Il y a toujours des droits des salariés à défendre  »

Devant la banderole des personnalités, un homme aux cheveux blancs fait figure d’intrus. « Je n’ai pas trouvé les gens de mon syndicat », confie ce fonctionnaire territorial, qui souhaite rester anonyme. Lui ne manifeste pas tous les ans, mais en 2015, c’était une évidence, à cause, dit-il, de « ce qu’a fait le gouvernement ces derniers mois ». Il égrène, comme d’autres, la loi Macron, le pacte de responsabilité, une austérité mise en place par un gouvernement que beaucoup peinent à qualifier « de gauche ». « On est là parce qu’il y a toujours des droits des salariés à défendre, poursuit-il en marchant. Les revendications sont les mêmes, mais le rapport de force a changé : on est moins nombreux », regrette-t-il en désignant de la tête la maigreur des rangs des manifestants.

Lire l'analyse : Un 1er Mai syndical en trompe-l’œil

Dans le cortège parisien du 1er Mai.

« Pourtant, le syndicalisme reste un outil au service des travailleurs et utile au quotidien », rappelle Didier Aubé, de SUD-PTT. Dans les rangs des organisations, le sondage publié par Le Figaro la veille, affirmant que 54 % des personnes interrogées jugeaient les syndicats « pas utiles » a beaucoup agacé. « SUD-Culture vient d’aider des femmes de ménage travaillant à la BNF pour le compte d’une société à obtenir des titularisations et du meilleur matériel pour travailler », rappelle, à titre d’exemple, M. Aubé.

Lire le décryptage des Décodeurs : A quoi sert un syndicat ?

Pourtant, l’identité du cortège de vendredi, très largement constitué de personnes de plus de cinquante ans, souvent fonctionnaires, révèle à elle seule le déficit de représentativité des syndicats. Sur le trottoir, serrés sous un parapluie, Valentin et Margot semblent hésiter à entrer dans les rangs.

A 29 et 31 ans, ils sont venus participer à « un moment sympathique, festif et populaire », où « différents combats se rassemblent ». Mais pas question pour eux de rejoindre les rangs d’une organisation. « Je n’ai pas envie d’avoir une étiquette, confie Valentin en tirant sur une cigarette. Je peux m’engager, mais temporairement, sans prendre racine dans un mouvement. » « C’est peut-être générationnel », conclut-il.