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Forces et faiblesses de la grève des bas salaires de Paris 8

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Lien publiée le 2 mai 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.ccr4.org/Forces-et-faiblesses-de-la-greve

Cet article a pour but d’apporter quelques éléments à une réflexion qui ne doit pas s’arrêter à l’expérience de Paris 8 mais doit servir à mieux préparer les bagarres à venir. Le choix de l’écrire est lié à notre soutien actif de cette lutte à laquelle nous avons cru dès le premier jour. Dans la mesure de nos possibilités et en lien avec les personnels en lutte, nous avons essayé d’apporter des idées, de proposer des initiatives et d’apporter un soutien matériel, pour que cette mobilisation exemplaire aille le plus loin possible, permette aux grévistes d’obtenir gain de cause sur leurs revendications et que la grève des bas salaires de Paris 8 contribue à changer l’ambiance dans une l’université ayant une longue tradition de lutte.


Après onze semaines de grève et l’obtention d’une augmentation de 70 euros bruts pour l’ensemble des personnels titulaires et contractuels sur des fonctions pérennes, les grévistes de Paris 8 ont suspendu la grève. Cette lutte acharnée, qui a duré plus de deux mois, est l’occasion de tirer des leçons pour les mobilisations futures.

Si l’on ne considère que le résultat final de la lutte du Collectif des Bas Salaires de Paris 8 au sein duquel étaient organisés les grévistes, on pourrait penser qu’après de deux mois de bagarre, le personnel de l’université n’a arraché qu’une victoire partielle. Leur principale revendication étant une augmentation de 98 euros nets par mois, la présidence de l’université n’a, en effet que concédé 70 euros bruts de hausse de salaire. Néanmoins, alors que la présidente de l’université avait décidé de ne pas payer les jours de grève, la détermination des grévistes a réussi à faire que tout le mois de mars leur soit versé. Cependant, la Présidente « de gauche », Danielle Tartakowsky, a mis en place un recul historique qui va marquer les esprits des salariés de l’université. En effet, depuis longtemps,les salariés de Paris 8 avaient imposéun rapport de forces qui faisait qu’il n’y avait pas des retenues sur salaires lors des mouvements de grève du personnel. Cette tradition a été rompu par cette présidente qui aurait,comme disaient les grévistes, « le cœur à gauche, mais le portefeuille à droite ».

Cependant, en rester là serait superficiel et reviendrait à manquer ce qui a fait cette grève. Cela fait bien longtemps en effet qu’une mobilisation aussi longue ne s’était pas vue chez les personnels les moins bien payés de la fonction publique, même s’il s’est agi d’une grève minoritaire. Après les défaites encaissées à la suite des lois LRU et Fioraso, l’université a été fortement marquée par un recul des luttes, à l’exception, si l’on prend le cas de l’année universitaire en cours, de quelques exemples de mobilisation à l’université du Mirail. Aussi, la grève de Paris 8 a fait émerger les « invisibles », toutes ces « petites mains » qui font tourner l’université, dans ce climat particulier post-réformes néolibérales.

La grève de Paris 8 fait écho à une situation plus générale, dans un contexte où des luttes pour des augmentations de salaire ont vu le jour en France au-delà de la traditionnelle période de Négociations Annuelles Obligatoires. Cependant, la grève des bas salaires de l’université Paris 8 ne s’est pas limitée à la question des revenus, mais a également posé d’autres problèmes concernant notamment la précarité et la transparence dans la gestion du budget. En ce sens, la grève du personnel de Paris 8 offre beaucoup plus d’enseignements quant aux difficultés mais aussi quant aux réussites d’une lutte dans un secteur particulier.

Une organisation par en bas

Portée majoritairement par des femmes, cette grève a mis en lumière le fait que pour lutter, pour relever la tête, pour décider de ne pas se laisser faire, il n’y a pas forcément besoin d’être un expert dans la matière ni d’avoir une expérience préalable. Presque aucune d’elles n’était syndiquée ; très peu avaient l’expérience de la grève et pratiquement personne n’avait d’expérience dans la direction d’un conflit.

Ce manque d’expérience préalable n’a pas empêché les grévistes d’entamer une lutte acharnée. Fatiguées des bas salaires, de conditions de travail de plus en plus dégradées et de ne toucher, après avoir travaillé parfois entre 20 et 30 ans, que des retraites d’à peine 700 euros par mois, elles ont compris la nécessité de commencer à s’organiser collectivement. C’est ainsi qu’elles se sont constitué en Collectif des Bas Salaires. La plupart des membres du Collectif sont des fonctionnaires de catégorie C (l’échelon le plus bas de la fonction publique), même si des salariés d’autres catégories y prennent part également.

C’est peut-être en raison de cette composition du Collectif qu’il a été peu pris au sérieux au début. Il n’y en avait pas beaucoup pour penser que la grève pourrait aller au-delà de quelques jours. Cependant, du moment où l’on a constaté que la grève tenait et qu’elle risquait éventuellement d’attirer l’attention d’autres secteurs de personnels de l’université, les tentatives de division de la part de la présidence ont commencé. Ainsi, on a fait courir le bruit que le Collectif ne défendait que les intérêts du personnel catégorie C et qu’il voulait des augmentations de salaires au détriment des autres secteur.

Mais les grévistes ont su contrer ces bruits de couloir en expliquant clairement qu’elles se battaient pour des augmentations de salaire pour l’ensemble du personnel titulaire, toutes catégories confondues, ainsi que pour les contractuels (il y a autour de 30% de contractuels à Paris 8). C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles l’Assemblée Générale des grévistes avait refusé massivement le deuxième offre de la présidence le 5 février : 70 euros bruts d’augmentation mais en excluant les contractuels.

C’est ainsi que la grève rentrait dans une voie de radicalisation ; un bras de fer qui allait se prolonger pendant plusieurs semaines encore.

Le besoin de construire une grève militante

Une des conditions fondamentales pour le succès d’une grève, notamment dans le cas de conflits de longue durée, c’est la participation active de la base. Et cela non seulement pour éviter l’isolement du groupe de direction de la grève et/ou des risques de dérives bureaucratiques, mais aussi pour que l’ensemble des grévistes s’approprie la lutte, pour souder le groupe en créant des liens de confiance à travers l’expérience commune.

Le Collectif des Bas Salaires de Paris 8 n’échappait évidemment pas à cette nécessité. Bien au contraire, le manque d’expérience lui-même exigeait la participation active de chacun et chacune non seulement pour prendre en charge les différentes tâches qu’exige une grève mais pour réfléchir et décider ensemble des suites à donner.

En ce sens, le piquet de grève a joué un rôle très important. Il a pris la forme de la tenue d’une table, dès le matin, sur un lieu de passage important à l’université où l’on pouvait boire un café ou un thé, manger une part de gâteau mais aussi prendre un tract, donner de l’argent pour la caisse de grève, discuter avec les grévistes… En effet, tout en étant un point de repère qui permettait de rendre visible la grève auprès du reste du personnel, des enseignants et des étudiants, il était aussi un point de rassemblement où les grévistes pouvaient se retrouver et discuter sur les activités à mener ainsi que des problèmes qui se posaient au quotidien.

Des réunions régulières de ce qui faisait office de comité de grève avaient lieu sur le piquet ou dans les salles proposées le plus souvent par le département de philo de l’université qui a soutenu la grève depuis le début. Ces réunions avaient pour objectif de prendre chaque décision de manière collective et d’assurer la participation de tous et toutes.

Un autre outil pour impliquer davantage la base des grévistes et en même temps faire connaitre la lutte a été le journal de grève dont les grévistes, aidés par des militants étudiants, ont publié un numéro au cours du mouvement. La diffusion de ce journal a constitué une opportunité pour aller faire le tour des services et discuter avec les collègues qui n’avaient pas fait grève ou avaient déjà repris le travail. Les grévistes ont alors pu constater que contrairement à ce que bon nombre d’entre eux pensaient, ils bénéficiaient d’un grand soutien et sympathie parmi les autres travailleurs et travailleuses de l’université.

Cependant, au fur et à mesure que les jours passaient et que la fatigue s’accumulait, le nombre de grévistes diminuait peu à peu et il devenait de plus en plus difficile d’impliquer d’autres grévistes de façon plus active.

Des soutiens multiples…

Si pour toute grève les démonstrations de soutien sont très importantes, notamment pour le moral des grévistes, cela est d’autant plus vrai quand une mobilisation s’étend sur la durée. Les différents moments de solidarité de et soutien que les grévistes de Paris 8 ont reçus ont été fondamentaux pour leur permettre de continuer la lutte et se battre avec autant détermination.

On peut commencer par évoquer les multiples gestes de solidarité et les mots d’encouragement reçus au quotidien de la part des dizaines d’étudiants et d’enseignants qui passaient au piquet de grève. Ensuite, les trois soirées de soutien qui ont réuni entre 100 et 200 personnes à chaque fois ont été très utiles pour renforcer le moral des grévistes et faire la démonstration du soutien dont jouissait la grève, mais aussi pour récolter l’argent nécessaire pour la caisse de grève.

…côté syndicats

Un soutien important a été celui de la plupart des syndicats des personnels de l’université. La CGT, le SNASUB-FSU et un syndicat local, La Dionysoise, ont soutenu la grève, ont poussé pour que les revendications des grévistes soient entendues et ont ainsi participé aux négociations avec la présidente. La CGT et la FSU ont effectivement apporté à la caisse de grève respectivement 300 et 1.000 euros. Un élément qui a peut être manqué c’est la tentative d’aller voir et de convaincre d’autres salarié-e-s de l’université de l’intérêt de se joindre au mouvement, d’y inclure des nouvelles revendications, qui aurait pu fédérer au-delà du noyau dur de la grève. Cela aurait pu jouer un rôle supplémentaire dans l’entraînement d’autres secteurs et aurait pu donner lieu à des initiatives pour étendre la grève, en dehors de tous les efforts faits par les grévistes eux et elles-mêmes. La CFDT, proche de la présidence, n’a, quant à elle, jamais soutenu la grève, bien au contraire. Elle a même à plusieurs reprises déclaré être contre.

…enseignants

Le soutien des enseignants a également joué un rôle non négligeable dans le rapport de force en faveur des grévistes. 130 d’entre eux ont signé une lettre ouverte adressée à la présidente de l’université pour lui demander de répondre aux revendications des grévistes. Cet acte a largement contribué à rendre cette grève visible. Malgré le mépris auquel Tartakowski nous a habitués pendant cette grève, il n’était pas possible, pour une ancienne enseignante et spécialiste des mouvements sociaux, de rester totalement sourde face à la demande des enseignants. Malheureusement, cette dynamique n’a pas permis de déclencher un mouvement de grève des enseignants en solidarité avec les bas salaires de Paris 8 ou pour leurs propres revendications. Néanmoins, cela a eu le mérite de poser le problème des inégalités qui existent au sein de l’université.

…étudiants

Quant aux étudiants, nombreux étaient ceux et celles qui passaient prendre un café, laisser une pièce ou qui glissaient un mot de soutien en passant devant le piquet. Il y a également eu des nombreuses démonstrations de soutien de la part des étudiants de l’UFR Arts, là où il y avait le plus de grévistes. Come l’ont souligné les grévistes à plusieurs reprises, le soutien a été particulièrement important de la part d’un noyau d’étudiants organisés au NPA et à Solidaire étudiant-e-s, par delà l’adhésion militante d’étudiants non organisés et qui ont été avec la lutte du début à la fin. Néanmoins, on peut regretter le fait qu’en dehors de ces noyaux militants, les étudiants ne se sont pas mobilisés massivement pour soutenir les grévistes, pour se joindre à leur mouvement alors même que le Collectif des Bas Salaires avait intégré certaines revendications concernant leurs conditions d’étude, comme le refus de la hausse des frais d’inscription et le changement des règles de scolarité qui vont dans le sens d’augmenter la sélection sociale aux portes des universités.

Une démarche d’extension pour poser la question de la coordination des secteurs en lutte

Une mention spéciale doit être faite aux tentatives des grévistes de Paris 8 pour se lier aux autres secteurs en lutte, rechercher la solidarité externe et faire sortir le conflit des murs de l’université. C’est ainsi que le 5 mars ils ont été reçus au ministère de l’Enseignement Supérieur avec des représentants de Paris Sud/Orsay, en lutte à ce moment-là. Par la suite, ils ont participé avec une délégation à la manifestation rue de Grenelle, lors de la journée de grève départementale de l’éducation nationale dans le 93. Plusieurs articles de presse ont été publiés dans différents médias, comme Médiapart ou Le Parisien. Les grévistes ont également été invitées sur le plateau de plusieurs radios militantes (FPP, Radio Libertaire, ainsi que la Radio de Paris 8).

Mais l’évènement le plus important concernant le lien avec l’extérieur a sans doute été le meeting contre les bas salaires et la précarité organisé le 19 mars à Paris 8. 250 personnes sont venues pour écouter les représentants de plusieurs secteurs en lutte ou ayant lutté contre la précarité et les bas salaires. Le fait de se rendre compte que leur grève n’était pas la seule et qu’ailleurs d’autres travailleurs et travailleuses se battaient pour les salaires, pour améliorer leurs conditions de travail, contre les licenciements ou encore pour la régularisation des travailleuses sans-papiers, comme c’était le cas des salarié-e-s du salon de coiffure du Bd Strasbourg (qui ont fini par gagner), leur a fait comprendre que les grévistes faisaient bien partie d’une même classe et qu’ils n’avaient aucun intérêt à rester cantonnés et isolés sur Paris 8.

Enfin, il faut mettre l’accent sur la solidarité qui s’est manifestée entre femmes travailleuses. En effet, les femmes grévistes ont constitué le noyau le plus actif du mouvement. C’est ainsi qu’elles ont reçu la solidarité féministe et internationaliste de la Commission de femmes de Madygraf (ex-Donneley), une imprimerie industrielle de Buenos Aires actuellement sous gestion ouvrière. En retour, les grévistes de Paris 8 ont marqué leur solidarité avec les coiffeuses sans-papiers du « 57 boulevard Strasbourg » pour qui elles ont fait tourner une caisse de grève pendant le meeting du 19 mars et avec qui ils et elles ont pu échanger lors d’une visite au salon de coiffure pour leur donner les 400 euros qu’elles avaient récoltés pour leur caisse de grève.

En définitive, se lier à d’autres secteurs en lutte et faire sortir le conflit de l’université était fondamental pour améliorer le rapport de forces des grévistes face à la présidence, notamment à un moment où les négociations se trouvaient complètement bloquées et où la seule réponse de la présidente aux grévistes était le mépris.

Une présidence méprisante cherchant à délégitimer la grève et à instaurer la méthode piège du « dialogue social » au sein de l’université

Tout au long de la grève, l’attitude de la présidence à l’égard des grévistes a relevé essentiellement du mépris. Mais ce comportement était sans doute aussi le résultat d’une tactique qui visait à délégitimer la grève comme méthode valable pour les travailleurs afin de défendre leurs droits ou d’en exiger de nouveaux. Ce n’est pas pour rien que la présidente Danielle Tartakowski refusait de reconnaître le Collectif des Bas Salaires (c’est-à-dire les grévistes) comme un interlocuteur valable lors des négociations.

Par ailleurs le personnel avait réussi à imposer, à Paris 8, que lors des mouvements de grève, la présidence ne procède pas à de retenue de salaires, et ce depuis les années 1980. Tartakowski avait elle-même bénéficié de cet acquis quand elle avait fait grève contre la LRU en 2009. Mais sous sa présidence elle a décidé de « rompre avec la tradition », et ce de surcroit conre une grève des bas salaires ! Comme le dénonçaient les grévistes, « on lui demande de remplir nos caddies et, elle, la présidente, elle vide nos frigos ! ».

Tartakowski, spécialiste des mouvements sociaux, désormais aspirante à devenir « présidente/gestionnaire modèle » en temps austéritaires, considérait que les revendications du personnel ne pouvaient être satisfaites que dans le cadre de l’application du décret RIFSEEP qui vise à mettre en concurrence les salariés de différentes catégories et y compris les salariés au sein d’une même catégorie. Pour ce faire, elle a mis en place un « groupe de travail » auquel devraient participer les différents syndicats de l’université. En voyant ce piège, les salariés organisés en Collectif des Bas Salaires autant que les syndicats CGT et FSU ont refusé d’y prendre part.

Malheureusement, les représentants du syndicat local, La Dyonisoise, qui par ailleurs soutenaient la grève, sont restés dans le groupe de travail, ce qui lui donnait une certaine légitimité. Cela est devenu un obstacle objectif considérable pour la grève. En effet, la présidente se servait de l’existence de ce groupe de travail pour refuser de dialoguer avec le Collectif. Or, ce groupe de travail dans lequel ne participaient, outre La Dyonisoise, que la CFDT serait devenu une coquille vide si le syndicat local l’avait quitté, obligeant ainsi la présidence à négocier avec le Collectif et ce bien avant la fin du mouvement. Cela aurait mis en lumière, de façon beaucoup plus explicite, les contradictions de la direction de Paris 8.

Cependant, malgré toutes ces tentatives, et bien au-delà du résultat concret de la grève, la présidente n’a pas réussi à délégitimer la grève comme l’une des armes les plus efficaces des travailleuses et travailleurs. Au contraire, les grévistes sont fiers de leur lutte, d’avoir su relever la tête et déjouer les multiples manœuvres mises en place par cette soi-disant présidence de « gauche ». Ils ont par ailleurs réussi à poser le problème de la transparence dans la gestion du budget de l’université et ont dénoncé l’opacité dans la distribution des primes, qui se fait la plupart du temps au « mérite », ce qui met en concurrence les personnels de l’université. Ce mécanisme va s’accentuer avec la mise en place du nouveau décret de la fonction publique, le RIFSEEP.

« Avoir lutté, c’est déjà une victoire »

« Avoir lutté c’est déjà une victoire ». Ce sont les mots de l’une des grévistes à la dernière soirée de soutien. Dans un contexte d’austérité généralisée, où l’on nous répète à longueur de journée, qu’il n’y a pas d’argent, elle soulignait ainsi combien se battre contre les bas salaires et la précarité, poser clairement ces problèmes qui touchent des millions de salariés dans le pays est en quelque sorte déjà une victoire.

Au cours de cette grève, ces travailleuses et travailleurs ont démontré un courage et une ténacité qui vont bien au delà de la lutte en tant que telle. L’expérience gagnée au cours de la grève constitue sans aucun doute un acquis qui permettra à ces salariés de ne pas partir de zéro dans les luttes à venir.

En tant que militants du NPA Paris 8, nous sommes en effet convaincus de l’importance de reprendre à notre compte la tradition de l’unité des luttes étudiantes et des travailleurs ; un héritage direct de Mai 68 dont l’université de Vincennes a été l’un des exemples les plus remarquables. Alors que l’on essaye d’accentuer la « normalisation » de Paris 8, nous affirmons la défense de cet héritage et de l’unité ouvrière-étudiante que certains « spécialistes » des mouvements sociaux voudraient effacer.

Nous nous battons pour étudier, pour nos conditions d’étude, mais nous nous battons également pour avoir le droit de questionner et de remettre en cause l’université telle qu’elle est conçue au sein de la société capitaliste dans laquelle nous vivons. La défense de l’université contre les attaques actuelles, nécessaire, est inséparable de la question de l’université telle qu’elle existe aujourd’hui, une université au service de quoi et au service de qui ? Remettre en cause une université où les intérêts des patrons sont de plus en plus prioritaires à travers les différentes réformes appliquées ces dernières années et où les filières qui ne sont pas « rentables » sont supprimées, voilà pour nous un combat fondamental. Défendre et soutenir la lutte des bas salaires, c’était aussi pour nous indissociable de cette perspective plus générale.

18/04/15