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Fourest: la menteuse qui insulte
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Journaliste à On n’est pas couché (#ONPC), Aymeric Caron réplique à Caroline Fourest avant la diffusion, samedi soir 2 mai sur France 2, de l’émission enregistrée lundi dernier. Insulté par l’essayiste alors qu’elle mentait en réponse à l’une de ses questions, Caron montre le peu de respect que porte Fourest à la vérité des faits.
Pour comprendre le rapport distancié que Caroline Fourest entretient avec la vérité, il suffit d’écouter et de lire le récit qu’elle livre depuis quelques jours de son passage dans l’émission On n’est pas couché, enregistrée ce lundi 27 avril, et de comparer ses propos avec la réalité de l’échange qui a eu lieu.
Une certitude : l’essayiste m’a traité de « con » en réponse à mes interrogations, insulte qu’elle a ensuite réitérée dans la presse. Mais que s’est-il réellement passé ?
Le livre que Caroline Fourest venait présenter offrait l’intérêt de pouvoir susciter un débat, non seulement sur la liberté d’expression, mais également sur la laïcité. Mais l’ouvrage posait également des questions sur la méthode utilisée par son auteure pour s’attaquer à ses cibles – et ces cibles sont nombreuses dans ce livre : de Pascal Boniface à Mediapart, en passant, entre autres, par Arrêt sur Images, le NPA, Attac, le PCF, le Front de Gauche, Geluck ou Rokhaya Diallo.
Manque de rigueur, mauvaise vérification d’informations : Caroline Fourest a déjà été épinglée par le passé. Et c’est cela qui va provoquer sa colère sur le plateau : après lui avoir rappelé que le CSA l’a récemment réprimandée pour une chronique sur l’Ukraine rédigée sans « vérifications préalables suffisantes », je fais état de sa condamnation pour diffamation à la suite d’une autre chronique.
De quoi s’agit-il ? Le 25 juin 2013, sur France Culture, Caroline Fourest avait remis en cause les propos de Rabia Bentot, une jeune musulmane voilée qui avait été agressée par deux hommes à Argenteuil le 20 mai 2013. Caroline Fourest avait laissé entendre que Rabia Bentot était une affabulatrice et que toute cette affaire n’avait sans doute rien d’une agression islamophobe.
Elle avait affirmé que « la jeune femme n’a pas déposé plainte tout de suite », et que dans une interview télévisée « le père, pourtant absent au moment des faits, passe son temps à couper la parole à sa fille, pour donner sa version. Et là aussi c’est une version qui n’a pas arrêté de changer, dont la police d’ailleurs doute. Elle n’exclut pas un règlement de comptes familial, une opération punitive destinée à faire payer à la jeune femme son style de vie, jugé trop libre, ce qui changerait évidemment tout ». Quelques instants tard, Fourest évoquait même clairement la possibilité d’agressions « bidonnées ».
La victime avait alors porté plainte et Caroline Fourest avait été condamnée en octobre dernier à verser 3000 euros de dommages et intérêts et 3000 euros de frais de justice.
On pourra s’interroger sur les suspicions sélectives de Caroline Fourest : alors qu’elle remet en cause la réalité d’une agression subie par une femme voilée, elle s’est en revanche empressée de soutenir Amina, ex-Femen, lorsque celle-ci avait affirmé avoir été agressée en plein Paris par des islamistes (« Les petits tyrans misogynes qui ont attaqué Amina en plein Paris ne l'emporteront pas au paradis », s’était-elle empressé de réagir). Sauf que dans ce cas précis, l’agression d’Amina s’avèrera… imaginaire.
Mais revenons à la chronique sur Rabia Bentot. Car c’est ici que va se dérouler sur le plateau d’On n’est pas couché un étonnant moment : Caroline Fourest rétorque avec aplomb qu’elle n’a pas été condamnée. Etonnement. L’affaire aurait-elle connu un rebondissement qui aurait échappé à tous ? Je lui demande alors si elle a gagné le procès en appel. Elle me répond que oui. Et quelques instants plus tard, excédée, elle tentera de détourner l’attention en choisissant la voie de l’invective en me traitant de « con ». Estomaqué, je choisis alors de cesser l’interview : à mes yeux, l’insulte coupe court à toute tentative de dialogue.
Dans une interview donnée le lendemain à la presse écrite, Caroline Fourest ira plus loin encore en réitérant ses injures et en affirmant, notamment, que ma méthode consiste à « faire les poubelles d’internet et en faire état sur un plateau ».
Nouvelle erreur de Caroline Fourest. Ce n’est pas dans les poubelles d’internet que je trouve mes informations. Contactés cette semaine, la Cour d’appel de Paris et Maître Hosni Maati, l’avocat de Rabia Bentot, confirment deux choses : Caroline Fourest a bien été condamnée le 22 octobre 2014 pour diffamation et l’affaire en appel n’a pas encore été jugée. Le bulletin de la Cour d’appel concernant la procédure dans le dossier BENTOT/FOUREST, qui m’a d’ailleurs été transmis, établit en effet qu’aucune date d’audience n’est encore fixée. Le dernier acte effectué dans cette procédure est une sommation de communiquer le 8 avril dernier.
Ce n’est pas dans les poubelles d’internet non plus que l’on trouve le compte-rendu du jugement du Tribunal de Grande Instance de Paris, lequel dénonce le manque de sérieux de l’enquête de Caroline Fourest : « Caroline FOUREST se borne à produire quelques coupures de presse dont aucune n’évoque les faits sur lesquels elle appuie son imputation diffamatoire ». Il souligne que contrairement aux affirmations de Fourest, Rabia Bentot a porté plainte dès le lendemain de son agression, après avoir été soignée à l’hôpital d’Argenteuil et que « ses déclarations figurant dans ce procès-verbal quant aux faits dont elle a été victime, ne diffèrent pas du récit qu’elle donne lors de l’interview diffusée sur oumma.com, au cours de laquelle son père, loin de lui couper la parole, explique qu’il n’était pas présent et que c’est à sa fille de s’exprimer pour décrire les violences qu’elle a subies ».
La justice a donc établi que Caroline Fourest a, au cours de sa chronique, déformé des propos et des faits. Exactement ce que je lui reprochais de faire au cours de notre échange sur le plateau d’On n’est pas couché. Mais en mentant délibérément pendant cette émission à propos d’une condamnation dont elle a fait l’objet, Caroline Fourest a franchi un pas supplémentaire. Aujourd’hui elle se répand, réitérant ses insultes et ses attaques personnelles à mon encontre, affirmant que je l’aurais empêché de parler du fond du livre. Cette tentative pour détourner l’attention est pathétique de la part d’une intellectuelle revendiquée, et tout particulièrement dans le contexte actuel de réflexion sur la liberté d’expression. Comme l’écrivait Hannah Arendt, « la liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat ».