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Burundi: pour la démocratie et contre le risque de génocide.
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://info-antiraciste.blogspot.fr/2015/05/burundi-pour-la-democratie-et-contre-le.html
Alors que la situation est extrêmement tendue au Burundi, après des manifestations violemment réprimées et un "coup d’État", nous voulons alerter sur les graves risques qui règnent sur ce pays et sur le Rwanda.
Le Burundi, pays d'Afrique de la région des Grands Lacs, voisin donc du Rwanda, a prévu le 26 mai des élections législatives et locales, suivies le 26 juin par une élection présidentielle. Le président actuel, Pierre Nkurunziza , déjà élu en 2005 et 2010, a été désigné candidat à la présidentielle par son parti, le Cndd-FDD. Les opposants jugent, à juste titre, qu'un troisième mandat est contraire à la Constitution du pays qui prévoit un maximum de 2 mandats. On retrouve ici la protestation démocratique qui a lieu dans plusieurs pays d'Afrique sub-sahrienne contre le "3e mandat", comme récemment au Burkina-Faso avec le renversement de Blaise Compraoré.
Mais il y a une dimension particulière et lourde de dangers au Burundi. La candidature de Nkurunziza est en effet contraire aux accords d'Arusha (Tanzanie) de 2000, qui avaient permis de clore la guerre civile burundaise, dans un contexte régional marqué par le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.
Cet accord avait ramené la paix au Burundi en consacrant un partage du pouvoir entre Hutus et Tutsi après une guerre civile qui se prolongeait. En particulier, la population Tutsi se voyait attribuer certaines garanties démocratiques. Elle n'ont pas été respectées par le pouvoir en place, celui du parti présidentiel en cause.
La répression de l'opposition burundaise
Un manifestant arrêté à Bujumbura, capitale du Burundi
Depuis des années, et de plus en plus, ce gouvernement harcèle ses opposants. En première ligne de cette répression: la société civile, principal contre-pouvoir depuis les élections de 2010 boycottées par l'opposition. Les figures de cette société civile, en pointe dans la campagne anti-troisième mandat présidentiel, craignent pour leur vie. Plusieurs font l'objet de procédures judiciaires abusives. Certaines font l'objet de mandats d'arrêt depuis le début des manifestations.
Les médias, qui relaient largement les critiques de la société civile, sont aussi dans le collimateur des autorités. La principale radio du pays a été fermée peu après le début des manifestations. Les émetteurs des deux autres radios indépendantes ont été coupés en province.
La police burundaise est accusée de dizaines d'exécutions " extra-judiciaires", notamment d'opposants politiques. Elle est également accusée de travailler main dans la main avec les jeunes du parti au pouvoir, les "Imbonerakure", qualifiés de "milices" par l'ONU et que la population accuse de se livrer à des campagnes d'intimidation contre les opposants à Pierre Nkurunziza, à l'approche des élections.
Le gouvernement nie ces accusations, reprochant en retour à la société civile et aux médias privés de sortir de leur rôle et de violer la loi. Il qualifie les manifestants de "terroristes" et a promis de les traiter comme tels.
Les autorités burundaises actuelles ont sommé samedi 9 mai les manifestants de cesser « immédiatement » et « sans condition » leur mouvement et demandé aux forces de sécurité de « déblayer » toutes les barricades sous 48 heures. Lundi 11, les manifestations se sont cependant poursuivies dans les quartiers populaires de la capitale Bujumbura.
La crise s’aggrave donc Burundi et les instances internationales sont amenées à prendre position. L’Union africaine a estimé que les conditions n’étaient pas propices à de nouvelles élections tandis que la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a publié un rapport très alarmiste, dénonçant le durcissement du pouvoir en place qui n’hésite pas à ouvrir le feu sur les manifestants et à assimiler les opposants à des « terroristes ».
Plusieurs reportages de journalistes et témoignages d'anciens proches du pouvoir ont livré des informations inquiétantes sur la stratégie déployée par le parti Cndd-Fdd pour demeurer au pouvoir. Selon eux, les miliciens Imbonerakure, auraient été dotés d’armes et auraient établi leur jonction avec des groupes d’Interhahamwe, issus des génocidaires Hutu du Rwanda aujourd’hui appelés FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) qui seraient venus du Congo voisin.
Ces informateurs auraient révélé l’existence et l’emplacement de caches d’armes, expliqué comment fusils et munitions allaient être distribués, sur quelles bases des listes d’opposants allaient être établies. ,
Par ailleurs, alors que des images ont montré que le président Nkurunziza se trouvait dans le nord du pays, où on le voit chanter et danser avec des militants de son parti, la traduction du bref discours tenu à cette occasion est plus qu'alarmante . S’adressant aux jeunes miliciens dits Imbonerakure, le chef de l’État aurait déclaré : « … le moment fatidique est arrivé. Vous avez entendu hier ce qui a été dit par les antagonistes qui ont déclaré qu’ils allaient nous imiter en envahissant les rues. On doit donc sortir les houes que nous vous avons données, je suis sûr que vous vous êtes organisés en conséquence"
Ces témoignages tendraient à démontrer que le pire demeure possible au Burundi. Cette crainte d’un nouveau génocide, ou de massacres à grande échelle ne peut laisser indifférents les pays voisins, dont le Rwanda au premier chef, ni la "communauté internationale" placée devant ses responsabilités. Surtout la solidarité internationale doit contraindre les gouvernements, l'ONU et l'Union Africaine à ne pas laisser se commettre de nouveaux massacres, voire un nouveau génocide contre les Tutsi, assimilés à l'opposition et à la société civile. En France et en Belgique, dont les autorités de l'époque portent une si lourde responsabilité dans le génocide de 1994, l'enjeu est particulièrement important.
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