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Mon collègue de LIDL s’est suicidé : il faisait le travail de 3 personnes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Après coup, on se dit comme le collègue de Yannick : « Je m’en veux de ne pas avoir pu déceler son mal-être … ». Dans nos services municipaux, dans nos usines, dans nos boites…, des collègues se retrouvent aussi dans une détresse totale, induite par toujours plus de pression pour servir toujours plus de profits. Stopper la machine avant qu’il ne soit trop tard. Lidl doit prendre acte.
leplus.nouvelobs.com, 5-06-2015
Témoignage :
Vendredi 29 mai, Yannick, 33 ans, employé du groupe de distribution LIDL, s’est suicidé dans les locaux d’un entrepôt à Rousset (Bouches-du-Rhône). Pour ses collègues, son geste serait lié à une surcharge de travail et une pression grandissante de sa hiérarchie. Marc C. travaillait avec Yannick. Pour lui, il est primordial que l’entreprise reconnaisse sa part de responsabilité.
Le soir du vendredi 29 mai, la femme de Yannick a contacté l’entrepôt car elle était sans nouvelle de son mari. Ce dernier devait aller récupérer son enfant à la sortie de l’école. Il ne s’y était pas rendu. À l’entrepôt, on lui a répondu que Yannick avait quitté son travail et qu’il ne se trouvait plus sur le site.
Au bout de quelques heures, sa femme, inquiète, a décidé de venir directement sur place. Vers une heure du matin, la pièce des compresseurs, qui était bloquée de l’intérieur, a été ouverte. Le corps de Yannick a été retrouvé. Il s’était pendu à l’aide d’une chaîne.
En solidarité, l’ensemble des travailleurs du site sont en arrêt de travail depuis lundi.
Je m’en veux de ne pas avoir pu déceler son mal-être
Ce drame a occasionné une immense souffrance. Yannick était notre collègue, tout le monde le connaissait, tout le monde l’appréciait. Pendant 10 ans, j’ai travaillé à ses côtés. C’était quelqu’un de très gentil, toujours disponible et à l’écoute des autres.
Il était déjà venu vers moi pour me dire qu’il n’allait pas bien. Il se sentait surchargé de travail et souffrait d’un manque de respect de la part de la direction. Il m’avait dit qu’il voulait quitter l’entreprise, mais ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Je lui avais conseillé de tenter une rupture conventionnelle avec la direction. Je ne sais pas s’il avait fait la démarche.
Comme d’autres collègues, je m’en veux de ne pas avoir pu déceler son mal-être, de ne pas avoir réussi à désamorcer ses intentions. Il y avait bien quelques signes, mais comme la plupart d’entre nous.
Yannick emmagasinait le travail de 3 personnes
Le groupe LIDL a été restructuré il y a quelques années et notre site en a été directement impacté. L’entrepôt de Rousset est une vieille structure qui nécessiterait d’être repensée et rénovée. Nous sommes clairement en fin de vie.
En changeant de direction, LIDL est passé du « discount » à la supérette classique, mais le problème c’est qu’au lieu d’injecter de l’argent pour améliorer nos conditions de travail, ils ne nous ont pas pris en considération.
Yannick, comme nous autres, était surchargé de travail. Il était toujours en train de courir dans tous les sens. À lui seul, il emmagasinait le travail de deux ou trois employés. Et pour cause, notre entrepôt tourne en sous-effectif constant. La direction préfère cumuler les emplois précaires, les profils polyvalents, ce qui ne favorise pas un fonctionnement stable.
Par exemple, au pôle palettes, il est toujours très difficile de faire évacuer cartons et plastique dans le temps imparti. C’est impossible à gérer et cela entache considérablement notre productivité.
Au travail, personne ne se sent serein et en sécurité. On craint toujours un accident.
« Votre travail serait mieux fait par des enfants »
Le souci, c’est que nous n’avons personne à qui parler. Dès qu’il s’agit d’aborder les problèmes de fonctionnement de l’entreprise, la direction fait tomber un rideau de fer. Pire encore, elle nous manque de respect.
En façade, on nous dit que tout se passe bien, qu’il n’y a aucun problème et que nous faisons du bon boulot.
Mais en entretien individuel, il est fréquent qu’on lance à des jeunes de 25/35 ans que le travail qu’ils font serait mieux réalisé par des enfants de trois ans. Si vous avez le malheur de poser un arrêt maladie, on vous explique qu’il n’y a pas de problème… car de toute façon, on aura trouvé quelqu’un pour vous remplacer quand vous reviendrez.
Voici le genre de pression quotidienne que nous subissons.
Nous ne sommes pas de la matière première
Les plages horaires sont très variées car l’entrepôt est ouvert quasiment 24 heures sur 24, trois équipes tournent matin, midi et soir. On commence à 5 heures du matin, pour parfois finir à 19 heures… sans compter ceux qui travaillent la nuit.
Ce qui nous dérange, ce n’est pas seuement nos conditions de travail, mais aussi le manque de considération à notre égard. Ce qui est arrivé à Yannick ne doit jamais se reproduire. Et pour cela, il faut que Lidl se remette en question, qu’il réfléchisse sérieusement à la part de responsabilité qu’ils ont dans ce terrible drame.
J’espère qu’un jour on nous écoutera, que l’entreprise appliquera cette transparence nécessaire au bon fonctionnement d’une société. Plus question d’être traité comme de la simple matière première.