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Réponse à l’Huma sur la manif et l’occupation des migrants du 11 juin
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://jeunes.npa2009.org/spip.php?article1550
Retour sur la manifestation et l’occupation des migrants du 11 juin : Réponse à L’Humanité
Ces derniers jours, la situation dramatique que vivent les réfugiés de la Chapelle depuis maintenant plusieurs mois, a été largement rendue publique et médiatisée. Les évacuations violentes menées à deux reprises par les forces de l’ordre ont révélé au grand jour l’inhumanité d’un gouvernement ouvertement raciste qui organise l’expulsion de ces migrants pourtant déjà parqués dans des conditions de confort et d’hygiène scandaleuses. Des centaines de personnes sont venues les soutenir les soirs des 8 et 9 juin, et exiger des conditions de relogement décentes. Faute de solution avancée par les pouvoirs publics et face à l’inertie de la mairie, un nouveau rassemblement a été organisé le 11 juin et a débouché sur l’occupation par une centaine de migrants et environ 200 soutiens, d’une caserne désaffectée dans le Xème arrondissement. L’Humanité a par la suite publié un article critiquant vivement cette décision et notamment l’attitude des militants du NPA au cours de cette action. Nous revenons ici sur notre version des événements.
Un rapide retour sur les faits :
Réunis en assemblée générale le jeudi 10 juin au soir, les migrants avaient décidé collectivement d’exiger auprès de la mairie de Paris et du gouvernement français : un relogement décent (c’est à dire couvert et comprenant des sanitaires), pérenne, mais aussi suffisamment vaste pour leur permettre de rester tous ensemble afin de pouvoir s’organiser et de maintenir la solidarité. Rappelons que cela fait plusieurs mois maintenant, que ces hommes et ces femmes vivent dehors dans la plus grande précarité et qu’ils ont été au cours des derniers jours, baladés de jardin public en jardin public. Leur revendication semblait donc bien légitime, voire minimale !
Mais les dirigeants du PCF, d’Europe Écologie Les Verts et du Parti de gauche présents (pour la plupart des élus, précisons-le !) avaient pris entre eux une décision toute autre : installer les migrants dans un jardin du XVIIIème arrondissement en attendant patiemment que la mairie daigne leur attribuer un nouveau lieu de résidence, car comme le précise l’article de l’Humanité, la priorité était « la garantie d’une négociation sereine avec la Ville ». Ces élus ont ainsi tenté par maintes pressions d’imposer aux migrants une autre décision que celle qui avait été la leur quelques heures plus tôt, allant jusqu’à les faire rentrer un par un dans un car, leur faisant croire qu’ils seraient reloger tous ensemble quelques heures plus tard s’ils acceptaient de monter. Quelle hypocrisie quand on sait que seules 60 plages d’hébergement en dur avaient été offertes par la Mairie !
Alors que les migrants voulaient continuer à se battre pour leurs revendications et refusaient de se plier au chantage des pouvoirs publics ; les élus communistes et écologistes, pétrifiés à l’idée de passer du côté de l’affrontement avec la Mairie, ont cherché coûte que coûte à leur imposer la conciliation... et une nuit supplémentaire dehors sous la pluie. Ces événements sont relatés précisément dans l’article de presse ci dessous :
Faire respecter le choix des migrants : une priorité qui devrait être celle de tous !
Les militants du NPA ont au contraire fait le choix de respecter la décision des migrants. Nous sommes convaincus qu’une mobilisation doit être dirigée par les premiers concernés, c’est à dire dans ce cas, par les migrants. Leurs décisions doivent être souveraines vis à vis de tous les autres cadres et les organisations politiques ou syndicales ne doivent en aucun cas chercher à s’y substituer. Par ailleurs, nous partagions largement la décision prise par les migrants de ne pas céder sur leurs revendications. Nous sommes en effet convaincus que seule la construction d’un rapport de force réel vis à vis de la Mairie sera en mesure d’imposer la mise à disposition de logements corrects pour tous les migrants. Il ne s’agit pas de mener de cordiales négociations, mais bien d’imposer l’ouverture d’un espace que la Ville (qui a pourtant à sa disposition plusieurs milliers de logements vides dans Paris) refuse de mettre à disposition. Alors que certains militants (notamment du PCF) tentaient d’empêcher le départ en manifestation, y compris en usant de la force, nous avons tout fait pour les en empêcher. Une manifestation rassemblant près de 400 personnes et notamment plus d’une centaine migrants a ainsi pu se tenir, bien que tous les élus aient cherché pendant toute la durée du parcours a empêché son bon déroulement.
L’objectif de la manifestation était de se rendre dans une caserne désaffectée située tout près des lieux, et permettant d’accueillir plus d’une centaine de personne et de leur offrir un toit. Le lieu était bien sur loin d’être idéal mais nous semblait bien plus décent qu’un jardin public ! En réalité, il s’agissait surtout par le biais de cette occupation, de renforcer le rapport de force et d’augmenter la pression sur la ville et sur le gouvernement... Et ça n’a pas manqué ! Quelques heures plus tard, le préfet de police de Paris, le directeur de cabinet d’Anne Hidalgo et enfin Bernard Cazeneuve en personne se sont déplacés afin de faire face à cette petite crise.
Une victoire partielle grâce à l’occupation...mais une mobilisation qui doit continuer !
La pression exercée par les migrants a permis de faire évoluer les négociations et d’obtenir la mise à disposition de 110 places d’hébergement pour le soir même. La Mairie a même été contrainte par les migrants de signer un engagement écrit. Rappelons que la proposition initiale était de seulement 60 places d’hébergements, les migrants restants devant alors se contenter d’un jardin public !
D’ailleurs L’Humanité le note très bien : "Il propose d’abord 60 places d’hébergement, puis 80. Enfin, il annonce qu’il a un accord du ministère de l’Intérieur pour 110 places d’hébergement"
C’est donc bien une victoire, que les migrants ont obtenu par leur mobilisation, même si celle-ci demeure relative. Cette solution de relogement n’est en effet que temporaire et prendra fin en début de semaine prochaine. Plus d’une centaine de personnes se retrouveraient donc de nouveau à la rue ! L’enjeu des prochains jours, plutôt que de se répandre en écrits sectaires et mensongers comme semble vouloir le faire l’Humanité, doit bien être d’amplifier la mobilisation afin d’imposer enfin, une solution pérenne. Nous devons exiger la régularisation immédiate de tous les réfugiés et la réquisition immédiate de logements vides existants dans Paris.
Pour cela, tous les soutiens sont nécessaires et de nouvelles dates de mobilisation doivent émerger et être relayées par les organisations politiques, syndicales et associatives. Nous devons apporter toute l’aide nécessaire aux migrants (matérielle, logistique, politique) mais surtout nous devons respecter leurs choix et leur permettre de devenir les premiers acteurs de leur lutte.
Face à un gouvernement qui n’a de cesse de renforcer ses politiques racistes et qui n’a pas hésité à employer une violence démesurée face à une centaine de personnes venues soutenir les réfugiés, envoyant une dizaine de personnes à l’hôpital du fait des blessures infligées par les coups des CRS, il faudra une mobilisation massive et déterminée. Le NPA appelle à participer à toutes les initiatives de solidarité et à amplifier la mobilisation dans les prochains jours afin d’imposer le logement décent et pérenne des migrants mais aussi leur régularisation immédiate !