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Erevan : 10.000 manifestants contre la hausse du prix de l’électricité
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
AFP, 29 juin 2015 :
Dix mille manifestants se sont rassemblés dimanche dans les rues d’Erevan, la capitale de l’Arménie, en vue de protester, pour le dixième jour consécutif, contre la forte hausse du prix de l’électricité, ignorant la menace d’une intervention de la police.
En fin de soirée, quelque 8.000 d’entre eux faisaient face aux forces de l’ordre sur la principale artère de la ville, l’avenue Bagramian, tandis qu’environ 2.000 avaient décidé de se replier sur la Place de la Liberté toute proche afin d’éviter toute confrontation avec les policiers.
«Si les gens n’acceptent pas de rétablir l’ordre public sur l’avenue Bagramian d’ici à 23H00 (19H00 GMT), alors ce sera à nous de le rétablir», avait en effet auparavant prévenu un haut responsable de la police, Valeri Ossipian, qui parlait à plusieurs journalistes.
Scandant des slogans comme «Arménie ! Arménie !» et «Non au vol !», les manifestants ont de leur côté assuré qu’ils maintiendraient la pression sur le gouvernement jusqu’à ce qu’il leur donne entière satisfaction.
«Nous resterons jusqu’à la victoire», a ainsi affirmé à l’AFP l’un d’eux, un étudiant de 21 ans, Hraïr Gevorkian.
«Nous poursuivrons notre combat. Nous n’avons pas confiance dans les autorités», a renchéri Asia Gasparian, une retraitée.
Depuis le 19 juin, des manifestations agitent le centre de la capitale et ont rassemblé jusqu’à 12.000 personnes jeudi soir. Elles ont pris de l’ampleur après la brève interpellation mardi matin de 237 manifestants et la violente dispersion de centaines d’autres par la police.
Les promesses du président rejetées
Sous pression, le président Serge Sarkissian avait promis samedi que le gouvernement «portera le poids», sans dire de quelle manière, de l’augmentation de 16% du tarif de l’électricité demandée par l’entreprise Réseaux d’Electricité d’Arménie (ENA) jusqu’à ce qu’un audit établisse si cette augmentation est justifiée.
ENA avait affirmé qu’une telle hausse était nécessaire en raison d’une forte dévaluation de la monnaie locale, le dram.
«Si l’audit confirme que la hausse du tarif est justifiée, les consommateurs commenceront à payer en fonction de ce nouveau tarif», avait précisé M. Sarkissian.
Mais son initiative n’avait pas convaincu les 10.000 manifestants qui s’étaient réunis quelques heures après son intervention pour scander des slogans sous les fenêtres du palais présidentiel.
«Nos revendications restent les mêmes : la décision d’augmenter le tarif de l’électricité doit être révoquée», a lancé samedi à la foule un des manifestants, Baguinak Chouchanian, jugeant la promesse du président «inadéquate».
Dimanche, la manifestation prenait des allures de défilé national, avec de nombreux drapeaux arméniens flottant au-dessus d’une foule où se côtoyaient des jeunes et des personnes âgées, le tout dans une ambiance plutôt festive, des haut-parleurs diffusant des morceaux de guitare.
Moscou ‘suit de près’
Surnommée «Erevan électrique» par les médias arméniens, les manifestations ont été à l’origine organisées via le réseau social Facebook par un groupe qui s’affirme apolitique, le groupe «Non au vol».
Sur Twitter, le mot-clé «Erevan électrique» était souvent accolé à celui de «Maïdan», du nom de la place de Kiev où un soulèvement populaire a mené à la destitution du président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch en février 2014, au grand dam de Moscou.
«Chers alliés ukrainiens, #Maïdan et #ErevanElectrique sont des partenaires. Partagez notre vision d’un meilleur avenir», écrit ainsi sur Twitter le militant arménien Babken DerGrigorian.
Bien que le président arménien, tout comme les manifestants, refusent de considérer «Erevan électrique» comme étant animé par un sentiment antirusse, Moscou a déclaré il y a une semaine suivre «de près» l’évolution de la situation.
La Russie, la plus grande alliée de l’Arménie, contrôle plusieurs des principaux atouts économiques de ce pays, comme l’entreprise ENA, propriété du russe Inter-RAO, et détenue par l’homme d’affaires Igor Setchine, un proche de Vladimir Poutine.
Cette ex-république soviétique du Caucase de 3,2 million d’habitants a ainsi décidé en 2013 de renoncer à un rapprochement économique avec l’Union européenne, préférant entrer dans l’Union économique eurasiatique menée par la Russie et qui absorbe 23% de ses exportations.