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Donald Trump bouscule les primaires républicaines

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Lien publiée le 22 juillet 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Le discours populiste du milliardaire, en tête des sondages à droite, et très médiatique, inquiète ses rivaux

Où s'arrêtera Donald Trump ? A la surprise générale, un peu plus d'un mois après l'annonce de sa candidature à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle américaine de 2016, le magnat de l'immobilier, 69  ans, fait la course en tête, alors qu'il y a quelques mois encore son nom n'apparaissait même pas dans les enquêtes d'opinion.

Selon un sondage publié, lundi 20  juillet, par leWashington Post et ABC News, M.  Trump recueille ainsi 24  % des intentions de vote chez les républicains. Cette enquête vient confirmer une autre réalisée le 14  juillet par Suffolk University/USA Today, qui plaçait déjà en tête le candidat populiste.

Cette percée est d'autant plus spectaculaire, que, jusqu'à présent, aucun des candidats ne s'était vraiment détaché du peloton parmi les républicains. Ils sont désormais seize à briguer l'investiture, après l'annonce, mardi 21  juillet, de la candidature de John Kasich, le gouverneur de l'Ohio. Un foisonnement qui fait pour le moment les affaires de M. Trump, omniprésent dans les médias.

Résultat : à quelques jours du premier débat, qui réunira le 6  août sur la chaîne Fox News les dix candidats les mieux placés, M.  Trump creuse l'écart avec les prétendants réputés plus sérieux comme Scott Walker ou Jeb Bush. Le gouverneur du Wisconsin ne recueille pour le moment que 13  % des intentions de vote, tandis que l'ex-gouverneur de Floride et frère de l'ancien président George W. Bush plafonne à 12  %, selon le sondage du Washington Post et USA Today.

Les envolées populistes et répétées de Donald Trump, largement relayées par les télés américaines, semblent avoir conquis une partie d'un électorat de plus en plus méfiant vis-à-vis du " système ". Se présentant comme le porte-parole de " la majorité silencieuse ", le milliardaire est aussi réputé pour sa coupe de cheveux improbable que pour ses embardées contestables. Une liberté de parole qui s'explique sans doute par le fait qu'il assume lui-même le financement de sa campagne grâce à une fortune évaluée à 4  milliards de dollars. Il reste l'un des hommes d'affaires les plus célèbres du pays, en dépit de ses multiples déboires dans le monde immobilier et dans celui des casinos. Marié à trois reprises – sa dernière épouse est un mannequin originaire de Slovénie –, il a aussi animé une émission de téléréalité, " The Apprentice ".

Propos outranciers

Dès le 16  juin, M.  Trump avait annoncé la couleur en stigmatisant l'immigration mexicaine. " Lorsque le Mexique envoie son peuple - aux Etats-Unis - , il n'envoie pas le meilleur. Il envoie des gens qui ont beaucoup de problèmes, et ils apportent ces problèmes chez nous. Ils apportent de la drogue. Ils apportent la criminalité. Ils sont des violeurs. "

Des propos outranciers qui lui ont valu une salve de critiques au sein même du camp républicain, qui sait que l'électorat hispanique sera l'une des clefs principales du scrutin de 2016. " Il a détourné le débat. C'est une entreprise de démolition pour l'avenir du Parti républicain vis-à-vis de la communauté hispanique ", affirme -Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud et lui aussi candidat à l'investiture. Des critiques relayées également par John McCain, le candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2008 face à Barack Obama.

Piqué au vif, Donald Trump s'en est pris au passé d'ancien combattant du sénateur de l'Arizona, qui a été pilote dans l'US Navy et fait prisonnier pendant cinq ans au cours de la guerre du Vietnam. Le trublion conservateur a affirmé que M. McCain " n'est pas un héros. Il est un héros de guerre parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui n'ont pas été capturés ".

Cette saillie a immédiatement provoqué la réprobation de son camp, qui ne tolère pas qu'on badine avec le patriotisme. Lindsey Graham a ainsi déclaré qu'aucun candidat sérieux à la présidence des Etats-Unis ne peut être irrespectueux avec les prisonniers de guerre. " Donald Trump, vous êtes viré ! ", a-t-il plaisanté en faisant allusion à la phrase que prononçait mécaniquement l'homme d'affaires dans " The Apprentice ", lorsqu'il faisait passer des entretiens d'embauche aux candidats.

Evitant de polémiquer avec M. Trump, John McCain s'est contenté de lui demander lundi sur la chaîne MSNBC de présenter " des excuses aux familles de ceux qui ont tant sacrifié dans des conflits, et ceux qui ont dû endurer un emprisonnement au service de leur pays ". Le milliardaire a tenté de rétropédaler sur NBC : " On parle de John McCain, c'est très bien, c'est un homme très courageux et tout ça, mais on ne parle pas des gens qui n'ont pas été capturés, et c'est ce dont j'essayais de parler ", a-t-il répliqué, en refusant de s'excuser.

Cette polémique va-t-elle sonner le glas de la popularité de M. Trump ? Il faudra attendre la prochaine enquête d'opinion pour mesurer les dégâts, car le sondage Washington Post et ABC News a été réalisé avant qu'il ne s'en prenne au passé militaire de M. McCain. Au-delà des intentions de vote, qui restent pour le moment très disséminées au regard du nombre élevé de candidats, M.  Trump est d'ores et déjà le plus clivant d'entre eux. Plus de 60  % de l'électorat républicain a une opinion négative de lui, contre seulement 20  % qui a une opinion positive. Pour un candidat comme Jeb Bush, l'écart n'est que de quelques points.

Rubrique " divertissement "

Jusqu'à présent, M.  Trump a assuré le show, largement relayé par des médias, qui ne l'ont pas traité comme un candidat sérieux, à l'instar du Huffington Post, qui a décidé de couvrir sa campagne dans la rubrique " divertissement ". Mais son actuelle popularité va certainement changer la donne. Déjà, les candidats républicains, Rick Perry, l'ex-gouverneur du Texas, Jeb Bush, Scott Walker ou encore le représentant de la Louisiane Bobby Jindal, sont en train de resserrer les rangs contre lui.

Il ne serait pas étonnant que, dans les semaines à venir, les attaques s'intensifient et insistent sur ses prises de position passées, pas vraiment compatibles avec l'ADN du Grand Old Party, comme par exemple ses multiples dons au Parti démocrate, à commencer par Hillary Clinton, ou encore son soutien à un système de couverture universelle de santé. Comme l'écrivait récemment le site Politico dans un article intitulé " Le mystère de la coalition de Trump ", l'électorat qui soutient le milliardaire est assez difficile à cerner. Rien ne dit que cette base hétéroclite, qui manque d'alliés au sein du Parti républicain, suffira à maintenir Donald Trump au zénith des sondages.

LE CONTEXTE

16 candidats

Ils sont désormais 16 à briguer l'investiture républicaine pour 2016. Seuls trois dépassent les 10  % d'intentions de vote : l'homme d'affaires Donald Trump (69  ans), Scott Walker (47  ans), gouverneur du -Wisconsin, et Jeb Bush (62  ans), l'ex-gouverneur de Floride. Suit ensuite un groupe de candidats qui recueillent entre 9  % et 5  %, composé du libertarien Rand Paul (52  ans), sénateur du Kentucky, de l'ex-neurochirurgien Ben Carson (63  ans), du sénateur de Floride Marco Rubio (44  ans), de l'ex-gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee (59  ans) et, enfin, du sénateur du Texas Ted Cruz (44  ans). Chris Christie (52  ans), gouverneur du New Jersey, Rick Perry (65  ans), Rick Santorum (57  ans), John Kasich (63  ans), Bobby Jindal (44  ans), l'ex-PDG de Hewlett-Packard Carly Fiorina (60  ans), Lindsey Graham (60  ans) et George Pataki (70  ans) ont entre 0  % et 4  % des intentions de vote.