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Espagne: derrière le rebond, une économie structurellement affaiblie
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Le PIB a progressé de 1 % au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent. Le niveau d'activité reste inférieur à celui d'avant la crise
Un vent d'optimisme souffle en Espagne, et il y a de quoi. Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 1 % par rapport au trimestre précédent, et de 3,1 % en rythme annuel, selon les données publiées jeudi 30 juillet. Au premier trimestre, la hausse était respectivement de 0,9 % et 2,7 %. " Il s'agit de la plus forte croissance enregistrée dans le pays depuis début 2007 ", souligne James Howat, chez Capital Economics.
Signe que la péninsule Ibérique a tourné la page de la crise, elle devrait enregistrer une croissance de 2,8 % en 2015, soit l'une des plus fortes de la zone euro avec l'Irlande (3,6 %), selon les prévisions de la Commission européenne. Le gouvernement espagnol, lui, mise sur une hausse de 3,3 %.
Il faut dire que, depuis quelques mois, l'économie du pays bénéficie de facteurs particulièrement porteurs. Le premier est la consommation des ménages. Selon les analystes de Natixis, elle a contribué pour près des deux tiers à la croissance du deuxième trimestre. Même si le taux de chômage reste élevé (22,4 %), le dynamisme des créations d'emplois (411 000 postes créés au deuxième trimestre) dope le moraldes Espagnols, qui dépensent à nouveau.
" Rattrapage "
L'industrie est elle aussi en bonne forme. " Elle est entrée dans un cercle vertueux, explique Catherine Stephan, spécialiste du pays chez BNP Paribas. La baisse des coûts du travail, enregistrée depuis 2010, a regonflé la compétitivité-prix des entreprises, qui ont trouvé de nouveaux débouchés à l'international, notamment en Afrique du Nord. "
La hausse des exportations a également été favorisée par les mesures accommodantes de la Banque centrale européenne (BCE), qui poussent à la baisse les coûts de financement des entreprises, et par la faiblesse de l'euro.
Autre facteur positif : la fin des efforts de rigueur, qui a redonné un peu d'air à l'économie, ainsi que les réformes structurelles mises en œuvre pendant la crise, notamment pour assouplir le marché du travail. Si, dans un premier temps, ces mesures ont accentué la récession et l'envolée du chômage, elles contribuent aujourd'hui à la reprise.
Mais cette dernière ne doit pas être surestimée. " L'économie espagnole est encore en phase de rattrapage après la violente récession de 2009 ", souligne Philippe Waechter, chef économiste de Natixis AM. De fait, le PIB est toujours inférieur de 4 % à son niveau de début 2008.
Passé le rattrapage, la croissance retrouvera-t-elle son dynamisme d'avant la crise ? Rien n'est moins sûr, car les handicaps sont nombreux. A commencer par la persistance d'un taux de chômage structurel élevé. Nombre d'anciens travailleurs du secteur de la construction ne retrouveront probablement pas d'emploi. Et la population active est en moyenne moins qualifiée que dans les pays voisins. Selon Eurostat, seulement 55 % des Espagnols en âge de travailler ont achevé le deuxième cycle des études secondaires, contre 70 % dans la zone euro.
Déclin démographique
" Cela peut freiner la reprise et, surtout, ralentir le basculement de la croissance espagnole, autrefois basée sur la bulle immobilière, vers un modèle plus équilibré, avec un secteur industriel plus diversifié et ouvert ", souligne M. Howat.
Autre défi : le déclin démographique. Le nombre d'enfants par femme (1,3) est l'un des plus faibles de la zone euro (1,55 en moyenne). Si, avant la crise, l'Espagne attirait un grand nombre de travailleurs venus d'Europe centrale et de l'Est, alimentant le dynamisme de l'immobilier, elle est redevenue une terre d'émigration nette en 2012. Les jeunes diplômés vont chercher meilleure fortune à l'étranger. Beaucoup ne reviendront pas.
Résultat : selon les projections de la Commission européenne, la population en âge de travailler (15-64 ans) devrait baisser de 0,5 % par an jusqu'à 2025. " Passé le rebond actuel, il est donc probable que la croissance de long terme du pays sera plus faible que celle d'avant la crise ", explique Thibault Mercier, chez BNP Paribas, dans une note sur le sujet.
S'ajoutent à cela des incertitudes politiques. Lors des élections régionales et municipales du 24 mai, la gauche radicale de Podemos a gagné beaucoup de terrain sur le Parti populaire au pouvoir et sur le Parti socialiste.
Nombre d'observateurs estiment qu'elle marquera également des points lors des élections législatives prévues en fin d'année.
FORTE REPRISE DE LA CROISSANCE IRLANDAISE |
Selon les données officielles, publiées jeudi 30 juillet, le produit intérieur brut (PIB) irlandais a progressé de 1,4 % au premier trimestre par rapport au trimestre précédent (les chiffres du deuxième trimestre, publiés plus tard que dans les autres pays membres de l'Union européenne, seront connus en septembre). En variation annuelle, par rapport au premier trimestre 2014, la hausse est de 6,5 %. La Banque centrale d'Irlande prévoit une croissance de 4,1% sur l'ensemble de l'année 2015, contre 5,2 % en 2014, soit, dans les deux cas, la plus forte progression enregistrée dans la zone euro. |