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Le PG en ordre de bataille
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
RÉCIT
Refus de l'austérité, rejet du Front national, alliances pour les régionales... En clôture des Universités d'été de son parti, à Toulouse ce week-end, Jean-Luc Mélenchon a martelé sa stratégie.
Il est midi. Jean-Luc Mélenchon déboule derrière son pupitre. Standing ovation. Avant même qu’il ne parle, la salle est déjà conquise. Le chef de file du Parti de gauche (PG) clôture les Université d’été de son parti, à Toulouse, devant un amphithéâtre comble. Dès le début de son discours, il rouspète. Il n’est pas diffusé par la Chaîne parlementaire (LCP) «pour la première fois depuis six ans». «Nous sommes privés d’expression. Indignez-vous sur les réseaux sociaux. Nous sommes en état de riposter», lance-t-il à la foule.
Il embraye ensuite sur l’Europe et l’euro, le fil rouge de ces «Remue-Méninges». Avec le lancement d’un «sommet internationaliste pour le plan B» (ou que faire en cas d’échec des négociations face aux institutions européennes), la sortie de l’euro n’est plus un tabou au PG. Conséquence de l’épisode grec, le parti et la base se montrent de plus en plus eurosceptiques. Une position qui pousse l’économiste Jacques Sapir à prôner un «front de libération nationale» anti-euro regroupant le FN, Debout la France et le Parti de gauche. Mélenchon balaie d’une volée de main cette invitation et s’appuie sur 1984 de Georges Orwell : «Le vol des mots, leur falsification, c’est une manière d’empêcher de penser. Les mots, il faut les organiser. Pauvre Sapir qui ne trouve rien de mieux à faire que de ressortir de sa boîte Mme Le Pen…»
Pour éviter toute confusion avec le FN sur la question européenne, Jean-Luc Mélenchon décide de faire «une clarification des mots pour qu’on ne les utilise pas contre nous». «L’indépendance, c’est la capacité de dire oui et non. Nous, au PG, nous sommes les champions d’un nouvel indépendantisme français, universel, lance-t-il. Nous servons les causes de l’intérêt général humain, quelle que soit leur couleur de peau, leur religion, ce qui est le contraire de ce que raconte Mme Le Pen.»
NOUVEAU LABEL COMMUN
Il revient ensuite longuement sur le sommet du plan B. Un débat est organisé, à ce sujet, lors de la Fête de l’humanité avec Oskar Lafontaine, fondateur de Die Linke (parti de la gauche radicale) en Allemagne et le nouvel héraut de la gauche radicale européenne Yánis Varoufákis. Jean-Luc Mélenchon évoque désormais clairement la sortie des traités et d’un euro«qui est un lacet pour nous étrangler». Plan A : «On discute, nous ne pouvons pas accepter que l’Europe continue avec les traités actuels. C’est le constat du réel, ça ne marche pas.» Si les négociations échouent, «très bien, plan B. Vous restez entre vous. Nous n’avons rien à faire dans cet euro». Mais cette position anti-euro provoque des fractures au sein du Front de gauche. Au même moment, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent a, lui, rejeté l’idée d’un sommet du plan B tant que le PG parlera d’une«capitulation» de Syriza.
Mélenchon en vient ensuite à l’autre sujet chaud du moment, les régionales et les alliances avec la gauche alternative. Alors que des tensions entre le PG et le Parti communiste (PC) ont lieu en Ile-de-France ou en Rhone-Alpes-Auvergne sur la question du cumul des mandats, le chef de file du PG prévient ses troupes : «Je ne suis pas d’accord pour que l’avancée de l’union de l’opposition de gauche se fasse sans les communistes. Je n’accepte pas qu’on les ostracise.» S’il n’est pas dans l’organisation de ces régionales, il se permet tout de même «quelques conseils» à ses camarades, réaffirmant que«le Front de gauche doit impérativement s’élargir, se donner une autre vocation». Il reprend l’idée d’un label commun à tous les rassemblements de la gauche alternative et propose le nom de Rassemblement citoyen. Mais si les départs d’EE-LV de Jean-Vincent Placé et de François de Rugy – «Laurel et Hardy» – permettent au Parti de gauche et aux écologistes d’entrevoir de nouvelles alliances pour les régionales, Jean-Luc Mélenchon refuse toute bataille des partis pour les têtes de liste : «Nos partis doivent être des déclencheurs de vote, pas des capteurs. N’obligez pas les gens à porter votre casquette pour entrer dans votre cortège.» Des accords sont tout de même en très bonne voie dans cinq régions (1), et des discussions s’ouvrent également en Bretagne, dans le Centre, l’Aquitaine et les Pays-de-la-Loire.
Pour les échéances à venir, Jean-Luc Mélenchon voit l’avenir en rose : «La ligne stratégique que le PG avait tracée il y a bientôt cinq ans, s’applique. Un à un tous les éléments unitaires du NPA rejoignent le Front de gauche, les petites organisations de gauche nous ont rallié. Le FG doit être la fondation sur laquelle construire la suite.» Et la suite c’est la présidentielle de 2017. S’il n’est pas encore officiellement candidat, Jean-Luc Mélenchon se prépare. Et malgré trois ans de défaites électorales, la base du PG ne lâche pas son héros. Tous ont encore en tête la campagne de 2012, où Mélenchon a obtenu 11% des voix. Selon, Jeanne, militante de 25 ans : «Il n’y a pas d’alternative à Mélenchon, personne n’a de poids politique suffisant pour le remplacer.» Ce que confirme Philippe, militant de 59 ans dans le Gard : «La majorité des militants du PG sont derrière lui. Et puis Pierre Laurent n’est pas totalement rassembleur, il a des propos assez désobligeants envers des personnes du FG. Ça trouble l’image du Front de gauche.»
(1) Rhône-Alpes-Auvergne, PACA, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Bourgogne-Franche-Comté