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La Grèce se réveille après une nuit d'émeutes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les rues d'Athènes étaient jonchées de pierres et de débris de verre lundi matin, témoins d'une nuit de violence au cours de laquelle se sont opposé forces de l'ordre et adversaires des nouvelles mesures d'austérité que le parlement adoptait au même moment dans la douleur.
Des pompiers s'affairaient dans les décombres fumants de plusieurs bâtiments incendiés par des jeunes dont les débordements donnent un avant-goût du défi que le gouvernement de Lucas Papadémos va devoir relever pour mettre en pratique les réductions des dépenses publiques exigées par le FMI et l'Union européenne.
La loi votée par les députés grecs prévoit 3,3 milliards d'économies budgétaires par le biais de nouvelles baisses des salaires et des retraites, et une nouvelle vague de suppressions d'emplois dans la fonction publique.
Ces dispositions sont exigées par la troïka (FMI, UE et Banque centrale européenne) en échange d'un nouveau plan d'aide de 130 milliards d'euros indispensable avant le 20 mars, date d'une importante échéance de la dette grecque.
Papadémos a dû composer avec le refus de 43 députés du Parti socialiste (Pasok) et de Nouvelle démocratie (conservateur), appartenant à la coalition gouvernementale. Cette rébellion peut laisser entrevoir des difficultés dans la mise en oeuvre de l'austérité même si elle a été approuvée par 199 des 300 élus de la chambre.
La police a indiqué que 150 magasins ont été pillés dans la capitale et 48 bâtiments ont été incendiés. Une centaine de personnes, dont 68 policiers, ont été blessées, et 130 ont été interpellées.
Des violences se sont également produites dans tout le pays, dans la deuxième ville du pays Thessalonique, dans l'île de Corfou et en Crète.
Certains passants ont été surpris de découvrir lundi que le bâtiment de style néo-classique datant de 1870 et abritant le cinéma Attikon avait été incendié. "Nous sommes tous très en colère contre ces mesures mais cela n'est pas une solution", a commenté Dimitris Hatzichristos, un fonctionnaire de 30 ans.
"Nuit de terreur à l'intérieur et à l'extérieur du parlement", titrait le quotidien conservateur Eleftheros Typos en première page.
PAPADÉMOS DÉNONCE LE VANDALISME
Technocrate nommé en novembre à la tête d'un gouvernement soutenu par les deux principales formations du pays, Lucas Papadémos a dénoncé ces violences. "Le vandalisme, la violence et la destruction n'ont pas leur place dans un pays démocratique et ne seront pas tolérés", a-t-il déclaré devant le parlement.
Peu avant le vote, il a prévenu les députés qu'ils commettraient une grave erreur s'ils n'approuvaient pas ce nouveau train de mesures d'économies, qui représente à ses yeux un moindre mal par rapport aux conséquences éventuelles d'une faillite.
"Nous avons devant nous un programme économique complet et crédible pour sortir de la crise économique et budgétaire. C'est un programme qui préserve, plus que toute autre chose, la place du pays au sein de la zone euro", a dit Lucas Papadémos, tout en reconnaissant l'ampleur des efforts réclamés à ses concitoyens, confrontés notamment à une baisse de 22% du salaire minimum.
"La mise en oeuvre pleine, effective et en temps voulu de ce programme ne sera pas aisée. Nous avons pleinement conscience que ce programme économique implique des sacrifices à court terme pour la population grecque."
Finalement, 199 députés sur 300 ont approuvé le texte mais 43 élus socialistes et conservateurs n'ont pas respecté le mot d'ordre de leurs partis et ont été exclus sur le champ de leurs formations.
A l'extérieur du parlement, l'air sur la place Syntagma était enveloppé de gaz lacrymogène et la police chargeait de jeunes gens insaisissables lançant des pierres et des cocktails Molotov. Dans le ciel s'élevaient de larges colonnes de fumée provenant des bâtiments en proie aux flammes.
"Nous sommes face à la destruction. Notre pays, notre maison, est sur le point de brûler. Le centre d'Athènes est en flammes. Nous ne pouvons laisser le populisme réduire notre pays en cendres", s'est exclamé l'élu conservateur Costis Hatzidakis.
A l'intérieur du parlement, on pouvait entendre les détonations des grenades assourdissantes utilisées par les forces de l'ordre.
Effrayés, des habitants et des touristes se sont abrités dans des halls d'hôtel pour échapper aux violences et aux gaz irritants.