[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

Faire bloc contre le terrorisme, la guerre, le racisme et l’union sacrée

attentats

Lien publiée le 15 novembre 2015

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.revolutionpermanente.fr/Faire-bloc-contre-le-terrorisme-la-guerre-le-racisme-et-l-union-sacree

Daniela Cobet, Guillaume Loïc et Vincent Duse, membres de la direction du NPA

Au fil des heures, le bilan des victimes des attaques terroristes de vendredi soir qui ciblaient, au hasard, des anonymes, s’alourdit. L’émotion ne décroît pas chez les travailleurs et les couches populaires, et elle est bien légitime. Du côté du gouvernement, des politiciens et des médias dominants, c’est un rouleau-compresseur réactionnaire qui s’est mis en branle, appelant la population à faire front avec « son » pays, « ses » valeurs, « son » gouvernement et la République. Le piège est grossier, mais peut s’avérer terriblement efficace. S’opposer à l’union sacrée est un impératif politique pour notre classe. Répéter les mêmes erreurs qu’à la suite des attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l’Hyper-cacher pourrait avoir des répercussions catastrophiques à très court terme.

A bas la guerre et le terrorisme

Combattre la guerre fait partie de l’identité même du mouvement ouvrier : affronter ceux qui sèment la guerre et la terreur, à commencer par leurs premiers responsables. Et c’est bien là où le bât blesse. Car ceux qui portent une responsabilité écrasante dans les attaques ignobles de vendredi se trouvent à l’Elysée, à Matignon, dans les état-major des partis politiques qui ont voté ces dernières années toutes les guerres voulues par Hollande pour le plus grand profit de l’impérialisme français et de ses multinationales.

Sans réductionnisme ni théorie du complot, Daech tout autant qu’Al Qaeda dans la péninsule arabique et la poussée du djihadisme islamique en Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord, au Machrek, au Proche et Moyen-Orient jusqu’en Afghanistan, n’est que le sous-produit de l’interventionnisme impérialiste depuis 2001 et 2003. Ni Daech, ni AQMI, ni AQPA, ni le Front Al-Nosra n’existaient avant. Il s’agit du sous-produit des premières guerres contre l’Afghanistan et l’Iraq, ainsi que du rôle trouble joué par les principaux alliés des occidentaux dans la région, avec à leur tête les pétro-monarchies du Golfe, la dictature saoudienne et la Turquie d’Erdogan, tous bailleurs de fond des groupes fondamentalistes les plus réactionnaires.

Jusqu’à présent, nous n’avions été que très peu, trop peu à dénoncer ces guerres qui sont menées depuis près de quatorze ans, maintenant. Vendredi soir, la France a fait l’expérience, sur son territoire, de ce que vivent, au quotidien, depuis des années, les populations en Iraq, en Syrie ou au Yémen, prises en étau entre les interventions militaires étrangères, des régimes despotiques et le fondamentalisme réactionnaire. S’opposer au terrorisme et à la guerre implique, par conséquent, dénoncer ses principaux artisans et s’élever contre la logique de chaos impérialiste qui se trouve, en dernière instance, derrière les attentats de Paris.

S’opposer à l’union sacrée, une urgence

C’est une tâche essentielle pour notre classe et pour la jeunesse à plusieurs titres. Tout d’abord parce que les mesures annoncées par Hollande prévoient, à travers la proclamation de l’état d’urgence, un coup de boutoir sans précédent depuis la guerre d’Algérie contre les libertés fondamentales et les acquis démocratiques : rétablissements des contrôles aux frontières, perquisitions en dehors de tout cadre judiciaire habituel, interdiction des rassemblements, possibilité d’instaurer des couvre-feu. Ces mesures, pas plus que Vigipirate, ne seront efficaces pour bloquer le terrorisme djihadiste. Il s’agit, fondamentalement, d’une stratégie militaire préventive contre l’ensemble des classes populaires qui se dessine, au nom de « notre sécurité », visant en premier lieu les actions du mouvement ouvrier en cours de préparation (AP-HP, Air France), mais aussi la mobilisation contre la COP21.

S’opposer à l’union sacrée est une tâche essentielle également dans la mesure où le discours officiel couvre et fait le lit des pires dérives langagières et politiques racistes, xénophobes et islamophobes, dans une logique de surenchère réactionnaire et sécuritaire. Déjà à droite et à l’extrême droite on pointe du doigt, on montre ceux qui seraient les véritables responsables ou les complices des terroristes, la « cinquième colonne », on vomit la haine. Mais encore une fois, c’est le gouvernement socialiste qui est responsable de la situation.

Défendre le drapeau de ce qui doit être notre unité de classe contre les stigmatisations des dominants et leur invitation, à l’inverse, à marcher au pas militaire derrière la République, est essentiel pour combattre la logique insidieuse du « choc des civilisations, religions et communautés » qui pourrait compromettre durablement nos capacités sociales de contre-offensive.

Déclarer la guerre à la guerre et au terrorisme, ce dont le mouvement ouvrier historique a toujours été porteur, implique une orientation. Malheureusement, aujourd’hui encore, comme après les attentats de Charlie Hebdo et l’Hyper-cacher de Vincennes, la majorité des directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier et de gauche radicale soutient la politique liberticide du gouvernement au nom de la lutte contre le terrorisme, salue l’action des forces de police et de l’armée et prétend défendre la devise de la République en faisant front. C’est ce qui a conduits l’ensemble de la gauche syndicale et politique à s’embrigader dans la manifestation du 11 janvier derrière 43 chefs d’Etat et dictateurs plus sanguinaires les uns que les autres. Cette logique ne fait non seulement pas barrage à la poussée du Front National mais renforce un gouvernement qui, par sa politique, fait le lit de Marine Le Pen.

Ne pas retomber dans le piège post-Charlie. Les responsabilités de l’extrême gauche

Dans ce cadre, il faudrait au moins que les équipes syndicales combatives mais surtout l’extrême gauche révolutionnaire et les courants libertaires qui ont une responsabilité politique se dotent d’un cadre pour dire non à la combine de l’union sacrée. Plusieurs voix se sont déjà élevées pour dire que cette union nationale ne sera pas la nôtre, à commencer par Lutte Ouvrière, le NPA, Ensemble, Alternative Libertaire, la FA, la CNT et plusieurs autres groupes et courants.

En janvier, un cadre unitaire qui aurait pu déboucher sur un rassemblement, voire simplement à une conférence de presse ou un communiqué commun à distribuer massivement en direction de notre classe avait échoué. Cette fois-ci, on ne pourra rester fragmentés alors que nous défendons une positon commune, à moins de faire le jeu, indirectement, par attentisme ou logique de chapelle, des forces réactionnaires.

Un tel cadre, contre l’union nationale, contre la logique de guerre qui alimente le terrorisme, contre les lois sécuritaires et l’état d’urgence qui attaquent les libertés fondamentales, contre la racisme et la stigmatisation des immigrés et des populations racisées, serait une bouffée d’oxygène formidable pour résister, tout d’abord, indiquer à notre classe qu’il n’existe pas que deux camps entre lesquels il faudrait choisir de s’embrigader, entre la République et Daech, et qu’une contre-offensive, à construire, est possible.

Nous osons espérer que cette initiative, à l’extrême gauche, en direction de l’ensemble de notre classe, de la jeunesse et de leurs organisations, puisse émerger dans les tous prochains jours, en cherchant à y associer les organisations majoritaires du mouvement ouvrier. C’est la position que défend et défendra Révolution Permanente. C’est la condition d’une résistance possible dans cette période, pourtant contradictoire, socialement explosive, comme nous l’avons vu avec Air France, mais qui ne pourrait être que réactionnaire si aucun cadre alternatif ne voit le jour et nous assistons à une réédition, aggravée, de la séquence politique post-Charlie.