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Le Front National, nouveau parti des illusions bourgeoises
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.ars-combat.fr/actualites/breve-211.html
Communiqué de l'ARS Combat
Avec plus de 29% des voix, les électeurs ont donné au premier tour des élections régionales un net avantage aux candidats du Front National, devant Les Républicains et le Parti Socialiste au gouvernement.
Le désaveu des partis gestionnaires en place est cinglant.
La gauche aux affaires ne prétend même plus exploiter les aspirations sociales de la classe salariée et des classes moyennes. Au contraire, elle est devenue un des meilleurs instruments idéologiques de la bourgeoisie pour soumettre les travailleurs du pays à la religion de la compétitivité et du profit capitaliste.
La gauche est devenue la gauche des privatisations et du démantèlement des services publics, la gauche des nouvelles attaques pour repousser l’âge de départ à la retraite, baisser les salaires et augmenter le temps de travail dans le cadre de l’ANI. Le PS est devenu la gauche de l’état d’urgence.
Le PS et ses alliés font si bien au service de la bourgeoisie que la droite est aujourd’hui bien en peine de défendre un plan de gouvernement plus antisocial encore. Si la radicalisation des promesses d’attaques contre les salariés peut ravir Pierre Gattaz au Medef, la crédulité dont fait preuve la base ouvrière et petite-bourgeoise de la droite n’est pas non plus sans limites.
Sarkozy avait gagné un électorat populaire sur la ligne du « travailler plus pour gagner plus ». Aujourd’hui, la droite et la gauche sont incapables de promettre une quelconque amélioration de la condition salariée, y compris à leur propre base électorale qui se pliait jusqu’alors aux idées pro patronales et du libéralisme tous azimuts.
Au vu de la conjoncture économique, avec sa faible croissance et au vu de leur subordination aux intérêts capitalistes, la droite et la gauche ne cherchent même plus à exploiter les illusions populaires dans un capitalisme de progrès. Ces illusions entretenues depuis toujours deviennent elles-mêmes trop dangereuses pour le maintien d’un climat de paix sociale dans les entreprises.
Car même le slogan rétrograde du « travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy participait par exemple à encourager de nombreux salariés à contester la toute-puissance patronale au nom d’un gouvernement qui promettait à tous la possibilité de multiplier les heures supplémentaires payées et défiscalisées. La ligne libérale ouvriériste de Sarkozy pouvait ainsi sonner dans l’esprit de beaucoup de travailleurs comme un encouragement à la lutte pour des augmentations de salaire.
Maintenant, la droite et la gauche ne promettent plus rien de favorable aux travailleurs, ni aux ouvriers des industries, ni aux employés des villes, ni aux fonctionnaires des administrations. Les perspectives pour la jeunesse sont assombries par nos politiciens, avec leurs discours sur la crise et la nécessité de faire des sacrifices.
En promettant des augmentations de salaire et la défense des services publics, le Front National se pose comme le nouveau parti des illusions du progrès social dans le cadre de la société capitaliste. Le Front National porte ainsi les illusions que les partis bourgeois traditionnels s’interdisent dorénavant de porter en assumant leurs soi-disant « discours de vérité » qui cherche à conditionner les esprits pour une soumission de plus en plus totale aux intérêts oligarchiques.
La critique de Pierre Gattaz sur l’utopisme des mesures soutenues par le FN –notamment à propos des augmentations de salaire- n’est pas feinte quand il dit « Front National-Front de gauche, même combat ».
Le patronat et ses partis les plus proches considèrent comme acquis l’identification des politiques de rigueur et de casse sociale avec les intérêts compris de la grande masse du peuple. C’était allé un peu vite. La fronde électorale contre les partis dominants en apporte le démenti le plus catégorique.
La population cherche une nouvelle voie qui lui permettrait d’améliorer son quotidien. Alors que le PS et la droite nous condamnent à la fatalité des lois du système, que le Front de Gauche subordonne toute avancée sociale conséquente au bon vouloir des 28 États membres de l’Union européenne, le Front National se fait porte parole d’un volontarisme national qui contraste avec les vœux d’impuissance des autres formations.
De plus, alors que le chômage ne cesse de s’accroître, et que la concurrence entre les travailleurs sur le marché du travail s’accroît en proportion, que cette concurrence est d’autant plus forte que l’on descend dans l’échelle sociale, le Front National renforce sa base électorale au sein du prolétariat national, mais gagne y compris en ascendance du côté des couches ouvrières immigrées qui sont toujours exclues du vote mais qui nourrissent déjà la crainte d’être remplacé à leurs postes par de nouveaux arrivants, immigrés sans papiers ou travailleurs détachés.
Le Front National, en proposant des mesures de protection des marchés nationaux, en faveur des petites et moyennes entreprises d’une part, et en faveur des travailleurs nationaux d’autre part, donne le contour de son alternance et explique comment le parti pourra mener sa politique de conciliation des intérêts salariés et patronaux.
Le Front National exploite donc les vieilles illusions d’un capitalisme qui pourrait être géré socialement dans le cadre national. Il laisse entendre que la concurrence entre les travailleurs et entre PME françaises et étrangères pourrait être jugulée par l’État et sa politique de préférence nationale. Foutaise !
Le Front National en porteur des tromperies nationalistes de l’ancien PCF est une autre entreprise de démobilisation des travailleurs.
La préférence nationale ne détruira pas la concurrence entre les travailleurs. Car le marché ne met pas seulement en concurrence travailleurs nationaux et travailleurs immigrés, mais met en concurrence l’ensemble des travailleurs, y compris les travailleurs nationaux entre eux.
Ce n’est pas en votant pour le Front National que les salariés peuvent espérer augmenter leurs salaires, mais par leur mobilisation collective, en visant clairement et simplement la diminution et la suppression des profits capitalistes !
Ce n’est pas en votant pour le Front National que les PME françaises trouveront la clé de leur développement, mais par leur association, la mutualisation de leurs moyens dans le cadre d’une réorganisation socialiste du marché.
Ce n’est pas non plus par quelques référendums d’initiative populaire que le peuple reconquerra la démocratie, mais par son organisation en assemblées à tous les niveaux, dans les entreprises et sur les territoires, afin de prendre en gestion collective la vie politique et économique !
Il n’y a pas de bonne alternance au capitalisme, ni libérale, ni nationaliste !
Les rapports d’exploitation sont à détruire. La dictature des classes riches est à détruire. Les travailleurs doivent s’organiser et agir, ensemble dans l’union de classe, nationale et internationale, pour faire triompher les rapports de solidarité et d’entraide mutuelle.
Toutes les politiques et tous les partis qui éloignent les travailleurs de la voie du combat de classe divergent des intérêts du grand nombre et distillent le poison de l’idéologie bourgeoise.
Les travailleurs doivent croire ferme en leurs seules capacités politiques propres et se détourner du FN, comme des partis de Hollande et de Sarkozy qui ne cherchent que notre soumission.