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Un millionnaire acquitté pour "viol par accident" par la justice anglaise

international

Lien publiée le 18 décembre 2015

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Dans cette société, quand on est un homme et qu’on est riche, on a le droit de violer. Ehsan Abdulaziz, homme d’affaire saoudien, vient d’en avoir à nouveau la preuve grâce à la justice anglaise. Qu’importe s’il a fallu changer trois fois la version des faits, s’il a fallu mentir ou s’il a fallu aller jusqu’à pretexter un « viol par accident » qui fera la Une des tabloïds anglais habitués à se repaître de la misère humaine. Qu’importe, la « justice » lui donne raison, comme elle donne raison à tous les Dominique Strauss Kahn et ses collègues.

« J’ai trébuché et je l’ai pénétré par accident ». Cela doit être une blague, une mauvaise blague, de celle qui font les rires gras et les mauvais pornos. Pourtant, c’est l’excuse d’Ehsan Abdulaziz pour expliquer le fait qu’une jeune femme de 18 ans l’accuse de viol. Endormie chez lui, alors que l’agresseur était dans la pièce à côté en train de coucher avec une autre femme suite à une soirée arrosée à qui il avait proposé de terminer dans son appartement, la jeune femme se réveille au milieu de la nuit, découvrant son agresseur couché sur elle et l’embrassant de force.

Au départ pourtant, l’agresseur avait trouvé une manière plus « classique » de nier les faits : tout d’abord en disant tout simplement que ce n’était pas vrai, issu de l’imagination de la jeune femme (« Elle n’aura qu’à le prouver »). La deuxième version consistait à dire que ce serait elle qui aurait mis de force les mains de Ehsan Abdulaziz sur son vagin. Et enfin, dernière version : elle se serait réveillée quand il serait venu lui proposer un verre d’eau et elle l’aurait attiré à lui pour l’embrasser, le faisant tomber « par accident » et il l’aurait alors pénétré car son sexe dépassait de son caleçon. Un « accident », c’est si bête.

La justice aurait pu se demander quelles étaient les intentions de ce monsieur de 46 ans, connu pour faire le tour des bars branchés de la ville, dépensant des milles et des cents pour repartir au bras de très jeunes femmes. La justice aurait pu s’interroger sur les versions changeantes de l’accusé. La justice aurait pu se demander comment la jeune femme, que l’accusé définissait lui-même comme « comateuse », à moitié endormie sous l’effet de l’alcool, aurait réussi à « l’attirer à lui » et le faire « trébucher » sur elle. La justice aurait pu écouter la parole de la victime.

Mais au lieu de ça, la justice a, comme à son habitude, qu’elle soit anglaise ou française, préféré reprocher à la victime de ne pas avoir prévenu la police assez tôt, et de ne pas avoir assez de preuves. Et puis après tout, comme l’a dit la défense de l’accusé reprise par les médias, elle a certainement inventé toute cette histoire par dépit, vexée « qu’il ne se passe rien entre eux »... Et puis l’accusé est « fragile », et c’est pour ça qu’il est tombé sur elle. Et puis il le dit si bien : « Un homme qui lève la main sur une femme n’est pas un homme pour moi ». C’est si beau qu’on ne peut que comprendre la clémence de la justice bourgeoise...

Cette « justice » qui condamne Jacqueline Sauvage et qui libère Ehsan Abdulaziz n’est évidemment pas la nôtre. Elle le prouve encore lors de ce procès, pendant lequel le juge a accepté de s’entretenir 20 minutes avec l’accusé en privé, ce que tous les commentateurs désignent comme totalement inhabituel. Un entretien en privé qu’il n’a évidemment pas proposé à la victime. Et que suite à ces 20 minutes, le jury délibère en seulement 30 minutes (un délai inhabituellement court) pour désigner l’accusé non-coupable et laisse planer le doute sur la façon dont le millionnaire a bien pu « régler cette affaire ».