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Calais: une vidéo montre des civils armés de bâton à côté des CRS
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Une vidéo postée par Calais Migrants Solidarity met en exergue des violences commises sous les yeux des CRS, route de Gravelines
No Border affiche les preuves : « les CRS tolèrent »
Jets de pierre de civils à 20 secondes. Cette vidéo a été tournée par les Calaisiens en colère eux-mêmes, dans la nuit du 4 au 5 janvier. A 35 secondes, les CRS balancent des grenades lacrymogènes. « Reculez, faites gaffe, CRS derrière. », peut-on entendre. Des civils sont aux côtés des forces de l’ordre en mission. On les voit au « coude-à-coude ».
Témoins des attaques, dans la nuit du 6 au 7, des activistes No Border prennent la caméra. « Le journal de bord du CRS (NL de vendredi, NDLR) nous a mis la puce à l’oreille. Ils disent qu’il n’y a pas de preuves ! », explique un militant. A 54 secondes, on voit clairement un homme, vêtu d’un blouson camouflage et armé d’un bâton, lancer des pierres en direction des migrants et militants. Il est juste à deux pas des CRS. La violence continue, sans aucune interpellation. « C’est assez dingue que les CRS et les Calaisiens en colère fassent ça ensemble. », fustige un militant. Et un autre d’accuser : « Les CRS tolèrent, sont solidaires. On le voit jeter des pierres, c’est plus que toléré par les CRS, c’est accepté. » La scène se passe à quelques mètres des forces de l’ordre. Les grenades lacrymogènes sont tirées régulièrement, même dans le camp, les nuages de fumée parlent d’eux-mêmes.
Cet homme, bâton à la main, les activistes assurent le reconnaître. « L es Calaisiens en colère disent qu’ils ne sont pas violents. Là, on le voit, on le reconnaît. Il est en photo sur leur page d’accueil Facebook. Il ne peut pas dire que c’est quelqu’un de l’extérieur. » Laurent, le Calaisien en colère visé, affirme avoir été présent cette nuit-là, mais « réfute » avoir jeté des cailloux ou être armé d’un bâton (lire ci-dessous).
Cette nuit-là, les tensions étaient bien présentes, avec des centaines d’exilés. « Les exilés qui essayent de passer ont été attaqués pour la troisième nuit d’affilée », explique l’activiste qui a filmé la scène. Un autre assure que le conflit est « amorcé avant l’arrivée des CRS. Ils viennent créer le trouble à l’ordre public, et les CRS l’accentuent. » Et les militants de soulever des questions. Cette même nuit, un Afghan a été interpellé pour avoir jeté un pavé sur un fonctionnaire, et condamné vendredi à six de prison ferme. « C’est la même nuit ! Si le flic s’est pris un caillou, potentiellement ce n’est peut-être même pas lui qui était visé ! »
Le procureur n’a « pas le temps »
Contacté, Jean-Pierre Valensi, procureur, était « en réunion », n’avait « pas le temps » et n’est « pas au courant ». Du côté du syndicat FO Police, Gilles Debove trouve cela «intolérable et pas normal. Je ne suis pas d’accord. Les Calaisiens en colère n’ont rien à faire dans nos rangs, ils doivent être évincés. Nous n’avons pas besoin d’eux. » Pourtant ces scènes se sont passées sous les yeux des CRS, sans interpellations, sans que personne ne soit repoussé. « Les CRS ont pour mission d’éviter les débordements etc. On ne peut pas se couper en 10000 ! On ne voit pas toujours ce qu’il se passe autour. On est dans l’action, on a un danger identifié devant, on se fait caillasser. On n’a pas un rôle facile. Il faudrait voir avec les autorités ce qu’ils comptent faire. »
Quant à Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais, elle n’a « pas encore vu la vidéo »,mais« si c’est le cas, c’est inadmissible ». Elle ajoute que « les CRS ont pour mission de maintenir l’ordre public, il est alors difficile de leur demander de procéder à des interpellations. Cela effriterait le dispositif ». La préfète se satisfait en revanche de l’arrêt des rondes des Calaisiens en Colère : « c’était dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. Je comprends que des citoyens veulent prendre en charge la sécurité » mais elle leur conseille de le faire via des associations tels que les Voisins Vigilants ».
Ils stoppent leurs rondes et nient
Les Calaisiens en colère prennent du recul. Sur sa page Facebook, le collectif explique que cette décision fait « suite à la visite d'un gradé de la Police Nationale route de Gravelines » dans la nuit de vendredi à samedi.
Des radicaux violents s’incrustent
« Nous avons décidé de suspendre provisoirement notre action de surveillance citoyenne dans cette rue. Après une discussion avec ce gradé, il nous a dit clairement qu'il n'y aurait pas de traitements différents entre les clandestins et les Calaisiens en colère. »
Et le groupe qui lutte contre l’immigration de masse d’évoquer des «jets de mortiers » dont on rendrait responsable les Calaisiens en colère.
Le collectif évoque deux explications à cela. Il y a selon eux, « des personnes (…) de mauvaises intentions qui s'incrusteraient en tant que Calaisiens en colère. » Il y aurait également confusion avec les « cocktails Molotov» qui sont fabriqués par les migrants ou les fusées qu’ils auraient achetées pour se défendre. L’abandon de leurs rondes nocturnes est donc annoncée pour se réorganiser et lever les doutes encore renforcés par la publication d’une nouvelle vidéo.
Sandrine, du collectif, tente de disculper les siens, d’abord assez maladroitement en mettant en doute la réalité des images. « C’est un montage. » Pourtant des vidéos explicites ont déjà été mises en ligne par le collectif lui-même. Puis elle confie qu’elle était bien présente le fameux mercredi, route de Gravelines, derrière les CRS. Mais réfute la violence. « Je vous promets qu’il n’y a pas de bâton chez nous. Il y a des milices qui se forment, mais on est contre ça. C’est pour ça qu’on arrête, on ne veut pas qu’il y ait de confusion. » Elle ajoute : « On n’est pas dans la provocation ! » Tout en concédant des jets de pierres de leur part. «Mais c’est parce qu’ils commencent. »
La Calaisienne affiche sa volonté « de faire bouger le gouvernement, sauver l’économie calaisienne ». Pas de propos raciste pour elle, parlant de « ces malheureux » qui vivent dans la jungle, dont certains « devraient être logés ». Elle ne nie pas que des extrémistes de droite s’invitent. D’ailleurs pas plus tard que dimanche, une vingtaine d’extrémistes ont été aperçu aux alentours de la jungle. « Ce n’est pas nous », assure-t-elle.
« Trois personnes ont le même blouson »
L’homme affiché dans la vidéo de Calais Migrants Solidarity nie les faits. « J’ai été choqué, c’est de la diffamation », assure Laurent, du collectif. Une attitude virulente ? Il dément. Il reconnaît cependant avoir été sur le terrain, avoir participé aux rondes. « Mercredi j’y étais oui, mais je n’étais pas armé d’un bâton. » Il confie cependant que certains étaient bien armés de bâtons, « mais ce n’était pas nous! Voilà aussi pourquoi on se met en retrait. » Et d’en rajouter, pour la défense de l’image du collectif. « Certains veulent venir avec des bombes lacrymo etc. On ne veut pas être assimilé à des gens violents. »
Pourtant sur le terrain, la violence a été plusieurs fois au rendez-vous. Et leurs vidéos laissent voir des montées de tensions. Reconnu par les activistes, il botte en touche. « Trois personnes ont le même blouson que moi. » Une simple coïncidence selon lui.