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L’enfouissement de déchets radioactifs à Bure coûtera 25 milliards
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) La ministre de l’écologie et de l’énergie, Ségolène Royal, a rendu vendredi 15 janvier son verdict sur le coût global du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure dans la Meuse. Le prix de ce projet, qui faisait l’objet de chiffrages divergents, a été finalement fixé à 25 milliards d’euros. Il est « évalué sur une période de 140 ans à partir de 2016 », précise l’arrêté signé par Mme Royal.
Le Cigéo, piloté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra), et contesté par des écologistes et des associations locales, doit accueillir les déchets les plus radioactifs (3 % du total) à 500 mètres sous terre à Bure, ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue.
Le texte de vendredi « ne constitue pas une autorisation du projet ou une décision relative à son niveau de sûreté ». Il entrera en vigueur au lendemain de sa publication au Journal officiel, prévue dans les prochains jours.
La ministre a tranché sur la base d’une estimation fournie par l’Andra, de l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et des observations des opérateurs du futur projet, EDF, Areva et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
« Le coût arrêté constitue un objectif à atteindre par l’Andra, dans le respect des normes de sûreté fixées par l’ASN et en s’appuyant sur une coopération étroite avec les exploitants d’installations nucléaires. »
Il sera « mis à jour régulièrement et a minima aux étapes clés du développement du projet [autorisation de création, mise en service, fin de la “phase industrielle pilote”, réexamens de sûreté] », poursuit l’arrêté.
« Un exercice délicat »
Selon des documents remis au gouvernement et rendus publics lundi, l’Andra avait évalué à 32,8 milliards d’euros le coût global de Cigéo, deux fois plus que les estimations officielles antérieures. L’agence avait toutefois précisé que cette estimation était un « exercice particulièrement délicat » et reconnu que des « visions différentes » étaient possibles en fonction de l’anticipation des progrès technologiques par exemple, pouvant conduire à « des différentiels de l’ordre de 30 % » sur le montant total.
Pour leur part, EDF, Areva et le CEA avaient proposé conjointement un coût de 20 milliards d’euros, tandis que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estimait que « certaines hypothèses retenues par l’Andra et ayant un fort impact sur le chiffrage global semblaient optimistes ».
Suite à la décision de la ministre, EDF a annoncé qu’il passerait une charge de l’ordre de 800 millions d’euros dans ses comptes 2015, ce qui amputera d’environ 500 millions son bénéfice net annuel. Areva, quand à lui, a chiffré l’impact sur ses comptes à 250 millions d’euros, ce qui risque d’accroître son besoin de financement, alors que le groupe nucléaire, à court d’argent frais, est en attente d’un renflouement par l’Etat, parallèlement à la cession de son activité réacteurs à EDF.
L’Andra a également pris acte de ce chiffrage, et s’est engagée à poursuivre une démarche d’innovation et d’optimisation tout au long du projet, tout en maintenant la surêté comme priorité. Elle a réaffirmé au passage que « quelles que soient les incertitudes qui peuvent rester à ce stade du projet, le coût reste (...) tout à fait supportable pour le système électrique et le consommateur ».
Cigéo doit encore être validé par le Parlement. Le gouvernement a annoncé l’an dernier qu’un texte spécifique serait présenté en 2016, après avoir tenté de faire avancer le dossier via un article de la Macron, finalement censuré par le Conseil constitutionnel.
Le calendrier du projet prévoit un décret d’autorisation en 2018 et une mise en service industrielle en 2025. La construction des installations de stockage pourrait débuter à l’horizon 2020.