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Qui est Jean-Jacques Urvoas, le nouveau garde des Sceaux ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(France Télévision) Le député PS du Finistère a longtemps rêvé du ministère de l'Intérieur. Mais c'est à la justice qu'il a été nommé, mercredi, après la démission de Christiane Taubira
Voici le nouveau visage de la Justice. Le député socialiste du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, a été nommé garde des Sceaux, mercredi 27 janvier, après l'annonce de la démission de Christiane Taubira. Président de la commission des Lois, il était chargé depuis le début du mois de trouver un compromis sur la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France coupables de terrorisme. Il sera désormais en première ligne pour gérer le dossier.
Francetv info se penche sur ce proche de Manuel Valls qui s'était s'était opposée à Christiane Taubira sur la question du renseignement pénitentiaire en 2013.
Le "monsieur sécurité" du PS
Elu pour la première fois à l'Assemblée en juin 2007 (où il travaillait dès les années 1980 comme attaché parlementaire), Jean-Jacques Urvoas, maître de conférences en droit public, est promu en 2009 secrétaire national du PS chargé des questions de sécurité. "C’est l’un des seuls au PS qui ait ce niveau de connaissance de la sécurité, salue Philippe Capon, du syndicat Unsa Police, au quotidien Libération, en mai 2015. Il aurait mérité d’être ministre de l’Intérieur." Etre nommé à la place Beauvau ? L'idée lui trotte dans la tête depuis longtemps. Dès 2011, il en plaisante même, dans les colonnes du JDD : "Un policier m’a dit un jour qu’il ne faut pas sourire si l’on veut devenir ministre de l’Intérieur."
Marqué par l'échec de la gauche lors de la présidentielle de 2002 et la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour, il veut rompre avec l'angélisme supposé du PS en matière de sécurité. Après l'élection de François Hollande, en mai 2012, il voit pourtant ses espoirs d'occuper le ministère de l'Intérieur barrés par Manuel Valls, puis Bernard Cazeneuve.
Auteur en 2013 d'un rapport parlementaire sur l'activité des services de renseignement, il a été ensuite le rapporteur de la loi sur le renseignement adoptée après les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes.
Un ancien strauss-kahnien rangé derrière Hollande
Proche de Dominique Strauss-Kahn, Jean-Jacques Urvoas a longtemps soutenu l'ancien directeur général du FMI. Incrédule face au scandale du Sofitel, en juillet 2011, il le compare, sur son blog, à Joseph, une figure de la Bible persécutée :"Joseph était un économiste juif qui, ayant refusé de répondre aux désirs criminels de l'épouse de Putiphar, se vit accusé par cette femme d'avoir voulu la séduire, et son maître abusé le fit mettre en prison. Mais Joseph fut rapidement lavé de ces griefs et il finit par gouverner l'Egypte".
La chute de DSK est pour lui un choc. "Je mets encore moins d’affectif dans la politique qu’avant", coupe-t-il aussitôt, interrogé à ce sujet par Libération. Jean-Jacques Urvoas a été l'un des derniers à rallier François Hollande, lors de la primaire de la gauche pour la présidentielle. Mais le futur président avait déjà confié le volet sécurité de sa campagne au sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen.
Auteur d'un "Manuel de survie à l'Assemblée nationale"
Au terme de son premier mandat de député, Jean-Jacques Urvoas rédige unManuel de survie à l'Assemblée nationale, en compagnie de la conseillère Magali Alexandre. Il y décrit les arcanes du travail parlementaire, détaille à l'époque Le Monde. "La majorité, liée au gouvernement, se bride, écrit le député. L'opposition, quant à elle, tente de s'imposer dans un combat par essence voué à l'échec puisqu'elle est minoritaire."
Trois ans plus tard, en septembre 2015, il dénonce toujours les travers du travail législatif. "Les parlementaires sont les premiers à vouloir introduire des dispositions hors sujet, déplore-t-il au sujet de la loi Macron, dans un entretien à L'Opinion. On ne peut pas demander au gouvernement d’être lui seul vertueux et nous, de ne pas l’être (...). Nous nous retrouvons face à une 'obésité législative'."
Attaché à la Bretagne et déçu par la réforme territoriale
Agé de 56 ans, Jean-Jacques Urvoas est né à Brest (Finistère) d'un père militaire, pharmacien de l'armée, et d'une mère au foyer. Ancien directeur de cabinet de Bernard Poignant, maire de Quimper, il reste très attaché à sa région natale. Auteur d'un essai Pour l'Assemblée de Bretagne, il s'est longtemps battu pour doter sa région de compétences élargies et pour réclamer le rattachement de la Loire-Atlantique, en vain.
"Les textes sur la décentralisation sont ceux qui me laissent le sentiment le plus cuisant, explique-t-il, interrogé par La Croix, en avril 2015. Comme Breton, je porte en moi l’envie d’une Bretagne réunifiée avec la Loire-Atlantique. Je n’ai pas convaincu, c’est un échec personnel. Dans ce domaine, nous aurons manqué d’audace."