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Baylet, un nouveau ministre encensé... par ses propres journaux
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2016/02/12/jean-michel-baylet-encense-par-ses-propres-journaux/
Le remaniement gouvernemental n'a pas trouvé un écho favorable dans la presse, majoritairement critique envers ce que Le Parisien qualifie de "bricolage" ou Le Figaro de "replâtrage". Libération, qui sort le jeu de mot habituel – "Derniers Verts pour la route" – , y voit une stratégie pour "fracturer son propre camp".
La presse quotidienne régionale est tout aussi enthousiaste : La Montagne a l'impression que l'Elysée a "raclé les fonds de tiroir" pour remplir 38 maroquins(sympa pour les entrants) et Sud-Ouest y voit "un gouvernement destiné à préparer la campagne de François Hollande pour une éventuelle réélection", même si l'intéressé jure qu'il "ne fait pas de calcul politique".
La "Dépêche du Midi" et le "Midi Libre" optimistes
Il n'y a presque que dans la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées que la nouvelle a soulevé les cœurs. Dans son détail des entrants, La Dépêche du Midicible "quatre ministres du changement" : Jean-Marc Ayrault, Emmanuelle Cosse,Audrey Azoulay et un certain Jean-Michel Baylet, un "homme d'expérience", qui "a déjà occupé des fonctions ministérielles sous François Mitterrand" (il y a 23 ans) et qui "symbolise le renforcement de l'engagement du Parti radical de gauche dans l'équipe ministérielle".
Dans un éditorial, qu'on peut qualifier d'optimiste, le quotidien se félicite de cette"nouvelle équipe" qui apportera "une meilleure cohérence à l'action gouvernementale" et permettra de "façonner une équipe de combat, la plus élargie possible, alliant la jeunesse à l'expérience".
"Nous pourrions dire que François Hollande réussit la meilleure synthèse à gauche possible – en intégrant, non seulement son ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mais encore deux chefs de partis, l'écologiste Emmanuelle Cosse et le radical Jean-Michel Baylet, autant dire deux symboles forts du rassemblement à gauche. (...) Désormais, voilà donc regroupée la gauche du « possible », qui veut avancer les yeux ouverts et tourner résolument le dos aux incantations des beaux parleurs".
Midi-Libre est assez d'accord avec cette analyse, l'éditorial de Jean-Michel Servant saluant "un casting sur mesure qui semble mettre le chef de l'Etat à l'abri des chicaneries médiatiques et d'une démission intempestive. Du moins a priori".
Parmi les nouveaux entrants, il détaille le long parcours d'un certain Jean-Michel Baylet, "celui qu'on surnomme le 'président-empereur' dans son fief du Tarn-et-Garonne est l'héritier de la tradition radicale du Sud-Ouest, dans le sillage de ses parents".
Il signale également que M. Baylet est "patron de presse", sans préciser qu'il s'agit en réalité de leur patron de presse.
"Quasi monopole, de Toulouse à Montpellier"
Car Jean-Michel Baylet, ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales, est en effet actionnaire majoritaire, avec sa famille, des Journaux du Midi depuis juin 2015, et du groupe La Dépêche du Midi depuis 1977 via la holding Occitane de Communication. Il possède également La Nouvelle-République, Le Petit Bleu, L'Indépendant (sic) et Centre-Presse. Soit tout de même le 4e groupe de presse quotidienne régionale en France.
Une "situation de quasi monopole, de Toulouse à Montpellier", rappelle le chercheur Franck Bousquet, qui s'est intéressé à la dynamique pouvoir/médias à La Dépêche du Midi. Il explique à France 3 Régions :
"C’est une situation pour le moins exotique. Cela fait un peu troisième République. Dans les années 1920-1930, et surtout à la fin du XIXe siècle, presque tous les patrons de la presse régionale étaient des politiques. Mais la situation était bien différente : il y avait partout un pluralisme de titres que l’on ne connaît pas aujourd’hui. (...) Symboliquement, il peut effectivement quitter la présidence. On demande aux ministres de ne plus diriger d’exécutifs locaux, alors pourquoi rester à la tête d’une grande société, qui plus est une entreprise de presse ?"
Luc Vinogradoff