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Qui sont les forces kurdes de Syrie, bombardées par la Turquie ?

international Syrie Turquie

Lien publiée le 15 février 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) 

Une combattante du YPG dans le nord de la Syrie en septembre.

La Turquie a mené des bombardements depuis sa frontière contre des positions des milices kurdes syriennes, dans le nord du pays, samedi 13 février, affirmant avoir agi en représailles à des tirs venus de SyrieLes Occidentaux ont condamné ces attaques, notamment la France et les Etats-Unis, qui ont appelé à l’arrêt des frappes.

Les Unités de protection du peuple (YPG) constituent en effet le premier allié sur le terrain de la coalition occidentale contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. Des acteurs centraux, également courtisés par Moscou et partageant des intérêts communs avec le régime de Damas.

  • Acteur syrien absent des pourparlers de Genève

Les Unités de protection du peuple forment la branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD), le groupe à majorité kurde qui domine actuellement une partie du nord de la Syrie, le Kurdistan syrien connu sous le nom de Rojava.

Les YPG se sont notamment illustrés à l’occasion de la bataille de Kobané, en octobre 2014, et lors de la prise de Tal Abyad en juin 2015, point de transit vital pour les djihadistes de l’EI entre la Turquie et leur fief de Rakka, situé à 86 km au sud.

Le PYD est membre du Conseil démocratique syrien (CDS), une formation kurdo-arabe opposée au régime de Bachard Al-Assad, et n’était pas représenté lors des pourparlers de paix sur la Syrie, ouverts le 29 janvier à Genève.

Carte du nord de la Syrie, en février 2015.

Carte du nord de la Syrie, en février 2015. Infographie Le Monde.

  • « Cousins » du PKK turc, ennemi de la Turquie

Le PYD est une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc, ennemi juré d’Ankara et classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne. Durant l’été 2015, le pouvoir turc et le PKK ont mis fin au cessez-le-feu qu’ils avaient engagé deux ans auparavant. Les combats ont ainsi repris à l’automne, sous la forme d’une guérilla meurtrière menée dans plusieurs villes, notamment Diyarbakir, Cizre ou Silopi.

Craignant la création d’une zone de repli en Syrie pour les combattants kurdes de Turquie, Ankara a fait savoir qu’une progression des YPG au-delà de l’Euphrate représenterait une « ligne rouge » à ne pas dépasser« Il s’agit de questions qui touchent à la sécurité nationale de la Turquie », a déclaré le vice-premier ministre turc, Yalçin Akdogan.

  • Bras armé des Américains, forcés au grand écart

La coopération des YPG avec l’aviation militaire américaine a débuté au moment du siège de Kobané en octobre 2014. Les Etats-Unis sont aujourd’hui pris en deux feux : leur volonté de s’appuyer encore davantage sur les YPG dans la lutte contre l’EI, et leurs relations avec la Turquie, allié au sein de l’OTAN. Cette situation oblige Washington à des prises de position diamétralement opposées.

Lors de sa visite à Istanbul fin janvier, le vice-président américain, Joe Biden, a ainsi eu des mots très durs pour le PKK, « un groupe purement et simplement terroriste » aux agissements « scandaleux », ne différant pas de ceux de l’EI.

Dans le même temps, Brett McGurk, l’émissaire spécial de la Maison Blanche pour la lutte contre l’EI, s’est rendu le 31 janvier à Kobané pour renforcer les liens entre Washington et le PYD. Il s’agissait de la première visite d’un officiel américain en Syrie depuis 2011. Les Etats-Unis ont pris le parti d’intensifier la pression au sol contre l’organisation djihadiste, en s’appuyant de manière encore plus étroite sur les forces kurdes en 2016. Washington a déjà déployé un petit contingent de forces spéciales dans les régions kurdes, où ils supervisent notamment la construction d’un aérodrome militaire.

  • Intérêts communs et non agression avec Damas

Les anti-Assad accusent depuis longtemps le PYD de collaboration avec Damas et de visées séparatistes. De fait, le mouvement cherche à étendre sa domination le long de la frontière syrienne et le régime de Damas souhaite également écarter les rebelles de la frontière pour empêcher la Turquie de les ravitailler en armes. De fait, le pouvoir syrien applique une neutralité bienveillante à l’égard du PYD.

  • La Russie, partenaire stratégique

La Russie fait figure d’allié naturel pour les Kurdes de Syrie, qui ont décidé d’ouvrir une représentation dans la capitale russe le 10 février. Outre son passé marxiste, le PYD partage avec Moscou une même hostilité envers la Turquie.

  • Accusés de crimes de guerre par Amnesty International

Selon un rapport d’Amnesty International, publié en octobre 2015, les YPG se sont rendu coupables de déplacements forcés de population et de destructions de maisons, ce qui constitue des crimes de guerre. L’organisation non gouvernementale (ONG) évoque une « campagne délibérée et coordonnée de punition collective des habitants de villages auparavant contrôlés par l’EI ou soupçonnés d’abriter des partisans de l’EI ». D’après des images satellites examinées par l’ONG sise à Londres, le village d’Housseiniya (nord-est) a ainsi été détruit à 94 % entre juin 2014 et juin 2015.