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Grève historique à la Cooperl, premier abatteur français de porcs

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Lien publiée le 12 mars 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Libération) Des salariés de l'usine de Lamballe, dans les Côtes-d'Armor, dénoncent le gel des salaires, la diminution de la prime d’ancienneté et du treizième mois.

Il n’y a pas que chez les producteurs de porcs que la grogne se fait entendre. Depuis deux semaines, une partie du personnel de la Cooperl, premier transformateur français de cochons, est en grève sur le site historique de Lamballe (Côtes-d’Armor) qui emploie quelque 2 000 salariés – 5 000 au total en France. Il s’agit du conflit social le plus long depuis la création de cette coopérative, il y a cinquante ans.

En cause : l’annonce de la direction de Cooperl Arc Atlantique, lors de la négociation annuelle obligatoire de début février, du gel des salaires, de la diminution de la prime d’ancienneté et du treizième mois. Soit, selon les syndicats, une perte moyenne de 500 euros par an et par employé pour un travail éprouvant et des rémunérations qui flirtent avec le salaire minimum, même après des années de présence dans le groupe. D’après l’intersyndicale, la perte de pouvoir d’achat entre 2013 et 2015 se chiffre à 735 euros par an pour chaque salarié, perte aggravée par les dernières décisions de la direction.

Les annonces de la Cooperl Arc Atlantique passent d’autant moins chez ses employés qu’elles interviennent après d’importants efforts consentis par ceux-ci ces dernières années, dont des pauses désormais non rémunérées. Sans oublier «les cadences qui n’arrêtent pas d’augmenter», indiquent les syndicats : «On est passés de 650 porcs par heure en abattage et en découpe à 700  par heure, et parfois plus quand il y a des pics.»

Outre les cadences, les représentants syndicaux soulignent les conditions de travail difficiles du personnel, avec le froid et des gestes répétitifs qui entraînent des troubles musculo-squelettiques et des lésions articulaires. Selon le comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT) du groupe,«l’absentéisme des ouvriers de Lamballe en poste dédiés à la transformation des porcs est de 174 heures par ouvrier et par an, contre 16 heures en moyenne pour les cadres». Rien d’étonnant, note une déléguée syndicale : «Une tendinite, c’est six mois d’arrêt, et pour une opération de l’épaule, il faut compter deux ans avant de pouvoir retravailler.»

De son côté, la direction justifie ses décisions par le contexte de crise que traverse la filière porcine française, notamment en raison de l’embargo sur les produits alimentaires européens décidé par la Russie à la suite de la crise ukrainienne. Elle conditionne la reprise des discussions à l’arrêt des débrayages, qu’elle estime suivis par «10 % à 15 % des effectifs, selon les jours».

En signe de solidarité, quelques éleveurs adhérents ont rendu visite aux grévistes jeudi. Eux aussi ont tenté de rencontrer la direction de la Cooperl. Sans succès.