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Le Festival d’Avignon 2016 sera celui de la « révolte »
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) C’est sous un sceau bien particulier qu’Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon, a choisi de placer la 70e édition, qui aura lieu du 6 au 24 juillet, et dont il a annoncé le programme jeudi 24 mars dans la cité des papes, avant de le faire à Paris, a l’Institut du monde arabe, vendredi 25. A l’image de l’affiche du Festival, créée par le plasticien Adel Abdessemed, qui montre un cheval attaché en train de ruerpour se libérer, sur un fond orange vif évoquant, au choix, « le dalaï-lama ou la vitamine C », selon Py, Avignon 2016 sera celui de la « révolte » et de l’« amour des possibles ».
« Comment vivre quand la politique est sans espoir, oublieuse de l’avenir ?, se demande Olivier Py. Comment vivre quand les idées n’ont plus de valeur, quand le corps social est écartelé, apeuré, réduit au silence ? Comment vivre une vie digne quand la politique n’est plus que manigances politiciennes ? Quand la révolution est impossible, il reste le théâtre », poursuit le directeur du festival, toujours lyrique.
Et donc pour cette troisième édition sous sa direction, Py creuse le sillon tracé dès le début. Ce festival sera politique, plus que jamais, avec des axes forts : un focus sur les créateurs du Moyen-Orient, une présence jamais atteinte jusque-là d’artistes femmes, qui représentent un tiers de la programmation, et nombre de spectacles tournant autour de la question de l’impuissance politique, et de la montée des populismes et des nationalismes. Sans compter, bien sûr, la poursuite du travail du travail effectué sur le jeune public et sur la « décentralisation des trois kilomètres ».
Chroniques du Festival de 1947 à… 2086
Olivier Py lui-même, en tant qu’artiste, se fait discret dans cette édition : il ne signera qu’un seul spectacle, une version de Prométhée enchaîné, d’Eschyle, sous forme de spectacle itinérant qui voyagera tout au long du festival.
Comme Py l’avait annoncé à la fin du festival 2015, c’est au metteur en scène flamand Ivo van Hove que reviendra l’honneur de l’ouverture dans la Cour du Palais des papes. Le directeur du Toneelgroep d’Amsterdam y créera, en français, Les Damnés, d’après le film de Visconti, avec la troupe de la Comedie-Francaise, qui revient jouer dans la cité des papes après vingt-trois ans d’absence. La distribution réunira Denis Podalydès et Guillaume Gallienne, entre autres.
Autres temps forts : 2666, le roman-monstre de Roberto Bolaño, adapté en un marathon de douze heures par Julien Gosselin ; ¿ Qué haré yo con esta espada ?, la nouvelle création d’Angélica Liddell ; Karamazov, d’après Dostoïevski, monté par Jean Bellorini dans la carrière de Boulbon, rouverte pour l’occasion ; Place des héros, de Thomas Bernhard, mis en scène en lituanien par le Polonais Krystian Lupa ; enfin, Sidi Larbi Cherkaoui dans la Cour d’honneur, avec Babel 7.16.
Après le succès en 2015 de La République, le feuilleton théâtral concocté par Alain Badiou, Olivier Py a décidé de renouveler l’expérience, en confiant un nouveau voyage au long cours à la Piccola Familia, la compagnie de Thomas Jolly, qui proposera Le Ciel, la Nuit et la Pierre glorieuse, des chroniques fictives ou réelles du Festival de 1947 à… 2086. Thomas Jolly, lui, sera présent avec Le Radeau de la méduse, de Georg Kaiser, créé avec les élèves de l’école du Théâtre national de Strasbourg.
Un Avignon jeune, et féminin
Les artistes moyen-orientaux seront Libanais, Iranien, Egyptiens ou même Israélien (Amos Gitaï avec une version théâtrale de Rabin : chronique d’un assassinat) et syrien (Omar Abusaada, avec Alors que j’attendais). Le bataillon féminin compte de nombreuses découvertes, comme : Maëlle Poésy, Bérengère Vantusso, la Belge Anne-Cécile Vandalem, l’Autrichienne Cornelia Rainer, la Suédoise Sofia Jupither… Et ce sont encore des femmes, Marie Chouinard et Lisbeth Gruwez, qui présenteront les autres créations danse en vue.
Mais il y aura aussi Aurélien Bory, Marie Vialle et Pascal Quignard, Nicolas Truong (rédacteur en chef des pages Débats au Monde), Arnaud Meunier, le Raoul collectif… Un Avignon jeune, et féminin. Que demande le peuple ?