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    Témoignage sur violence de la police contre les lycéens à Marseille

    Lien publiée le 27 mars 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Vendredi 25 mars 2016
    Si vous me posiez la question de savoir comment s'est passée ma journée, je répondrais :
    – Le vendredi 25 mars ? Mais j'ai fait le planton devant le commissariat de police de Noailles, sur la Canebière à Marseille de 11 h le matin à 17 h le soir avec plusieurs de mes collègues.
    Je suis persuadée que vous répondriez :
    – Tu veux dire que tu allais porter plainte ?
    – Pas du tout, nous avons vraiment planté là devant le commissariat, à l'extérieur, sans presque bouger une grande partie de la journée.
    – Quelle drôle d'idée, diriez-vous.
    Ah mais c'est que nous vivons une drôle d'époque !
    Peut-être faut-il revenir au tout début.
    J'arrive au Lycée St Charles comme cinq jours sur sept pour assurer mes cours et c'est pour découvrir à ma grande stupéfaction qu'une de nos élèves – brillante, de la section internationale anglais et préparant un bac S – a été arrêtée manu militari la veille lors des manifestations estudiantines contre la loi El Khomri pour ( je cite) « outrage à agents et rébellion »
    En conséquence de quoi, cette gamine de 17 ans a passé toute la nuit en détention au commissariat de police, sans avoir le droit de parler à ses parents.
    Renseignements pris – rien n'est clair à ce stade – ce qu'il ressort, c'est qu'elle aurait – toute seule et sans aucune arme – décidé d'attaquer trois CRS, armés jusqu'aux dents, eux, munis de gaz lacrymogène, de casques, de pistolets paintball et de boucliers antiémeute alors qu'elle était assise sur les marches de la Gare St Charles.
    En bref, les braves officiers de la loi arrêtent cette dangereuse terroriste et la foutent au trou.
    Elle en est ressortie après plus de 24 h de garde à vue, une « confrontation » avec ses accusateurs et une mise en examen en bonne et due forme, aggravée du fait qu'elle a refusé la « signalisation » à savoir la prise de ses empreintes digitales, sa photo et son ADN. Selon l’article du code de procédure pénale, le refus est un droit mais constitue un délit qui peut être puni d'amende et d'emprisonnement !
    J'aimerais que quelqu'un m'explique en quoi un droit est punissable par la loi mais bon…
    Elle n'est pas la seule dans son cas. Un autre jeune du Lycée Victor Hugo a été tabassé au point d'avoir eu un traumatisme crânien. Mais – auraient affirmé les flics chargés de l'arrestation – c'est qu'on pensait qu'il avait vingt ans !
    Donc à 20 ans on peut vous tabasser jusqu'à l'inconscience, à 17 ans on s'arrête juste avant !
    Une grande partie de la journée, je l'ai passée devant le commissariat où l'on peut lire :
    « LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ »
    Et en moi-même, je me disais :
    - LIBERTÉ : des jeunes qui font le jihad en Syrie reviennent et tout ce qu'ils ont, c'est un S sur une fiche signalétique et puis basta. Ils peuvent faire des milliers de victimes mais c'est le prix à payer !
    - ÉGALITÉ : il aura fallu des années et des années pour des types comme Sarkozy pour être mis en examen et son cas peut-il être en toute conscience être mesuré à l'aune d' « un délit » d'une gamine de 17 ans assise sur les marches de la Gare St Charles ?
    - FRATERNITÉ : à coups de matraques sur la jeunesse pacifique de notre pays ?
    Je les ai vus, moi qui vous parle, ces CRS, se rassemblant massivement devant le commissariat en attente d'en découdre avec ces jeunes qui se massaient de l'autre côté de la Canebière pour éviter toute dérive et lorsque la jeune Sarah P. a finalement été mise en examen mais libérée après un emprisonnement qui aura duré plus de 28 heures, je suis passée de groupe en groupe en leur demandant de se disperser.
    Car j'étais persuadée d'une chose : les « forces de l'ordre » n'attendaient que notre départ, à nous autres adultes, pour charger. C'est sûr que des jeunes dans la rue et qui manifestent pacifiquement contre une loi qui songent à faire d'eux des esclaves sont des proies autrement plus faciles qu'un Abdeslam qui se terre chez lui depuis des mois !