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31 mars, à Paris… sale temps pour le gouvernement
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Confondant sans doute le nombre de manifestants avec celui de flics réquisitionnés pour mater les mécontents, la préfecture déclarait en soirée 28 000 péquins dans le cortège parisien, alors qu’on était en fait plus de 150 000 à chanter, crier et danser de Place d’Italie à Place de la Nation dans une ambiance si explosive de détermination qu’elle en devenait poignante.
Eliane Le Floch
Perdus dans la masse, les camions sonos -dont les décibels surplombantes cachent souvent mal les rangs clairsemés des manifestants- étaient dépassés par les mégaphones au-dessus desquels éclataient les voix puissantes des étudiants, lycéens, chômeurs et salariés, et de tous ceux qui savent que « c’est tous ensemble qu’on va gagner ! ». Hospitaliers, cheminots, salariés d’Air France, d’EDF, de la fonction publique, de la Tour Eiffel et de tant d’autres boites ont posé la première pierre d’un mouvement de convergence en rejoignant les lycéens et les étudiants. Trempés jusqu’aux os, c’est surtout le projet de loi Travail qui, hier, a pris l’eau.
Le 31 mars –une date bien tardive choisie par les syndicats- était devenu, pour le gouvernement, la date-clé pour savoir s’il pouvait espérer que le mouvement se choppe une pneumonie. Après examen, on sait que le diagnostic vital est désormais écarté et tout laisse penser, comme le proclamait une pancarte que « le printemps ne fait que commencer ». Ainsi, la tête de cortège, menée par Martinez (CGT), Groison (FSU), Mailly (FO) et Martinet (Unef) a rapidement abandonné son privilège à une foule de gens manquant sans doute un peu de respect à des directions syndicales qui semblent surtout vouloir les noyer dans la confusion des journées saute-mouton. C’est bien cette foule qui a formé l’aile marchante d’une manifestation qui fut loin de flanquer le cafard. Avec ou sans drapeau, avec ou sans cagoule, la détermination de ces milliers de personnes a fait la démonstration qu’il existe une base déterminée et suffisamment indépendantes pour mettre la pression aux directions syndicales, et dont la combativité ne semble pouvoir être entamée ni par les ondés, ni par les condés -à Paris on dénombre une dizaine d’arrestations et plusieurs blessés par des grenades désencerclantes.
Le 9 mars avait déjà été appelé grâce à cette pression de la base. Les appels du 5 et du 9 avril sont tout autant le fruit de cette même détermination démontrée hier. Alors que sur les pavés de Paris retentissent encore les slogans « le temps et pourri, le gouvernement aussi ! », « on est plus chaud, plus chaud, plus chaud qu’la météo ! », la pluie diluvienne semble avoir remonté à bloc l’horloge d’un mouvement social qui semble bien reparti pour un tour !