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Tsipras privatise le port du Pirée à coups de matraque
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le gouvernement grec a signé vendredi dernier la privatisation effective du port du Pirée. C’est une entreprise chinoise, China Cosco, qui récupère la totalité des parts cédées par l’État grec. Bien que cette privatisation ait suscité une importante mobilisation du côté des travailleurs du port, Tspiras cherche à l’imposer à coups de matraque.
Josefina L. Martinez
L’accord signé par Tsipras concède pendant 36 ans les deux tiers de l’Autorité portuaire du Pirée (OLP) à l’entreprise étatique Cosco, l’entreprise chinoise qui gère déjà l’autre tiers du port grec et qui est désormais l’actionnaire majoritaire.
L’organisme chargé de la vente des actifs de l’Etat grec (HRDAF) a ouvert il y a deux ans ce processus de privatisation qui a été remis en question par les travailleurs du port. Quand Syriza est arrivé au pouvoir, les investisseurs chinois se sont montrés très préoccupés car l’arrêt des privatisations mises en place par les gouvernements antérieurs figurait dans le programme électoral du parti de la gauche radicale.
Cependant, au cours des négociations entre le gouvernement Syriza et la Troïka il y a une année, le gouvernement héllenique s’est engagé à poursuivre les privatisations, notamment celle du port du Pirée. Des représentants du gouvernement ont même voyagé en Chine pour finaliser les détails de l’accord.
China Cosco payera 368,5 millions d’euros pour l’acquisition des parts cédées par Tspiras et devra investir dans le port au cours des prochains dix ans.
« La Grèce entre dans une nouvelle phase lors de laquelle nous pouvons mettre l’accent sur la reconstruction et la reprise économiques » a déclaré le Premier ministre grec Alexis Tsipras au sujet de la privatisation, avec un discours qui semblait sortir plus directement d’un manuel de libéralisme classique que de la bouche du leader d’une formation politique qui se présentait, il n’y a pas si longtemps, comme « la nouvelle gauche européenne. »
Le Premier ministre a assuré que l’accord « garantit les relations du travail et la protection de l’environnement. » Mais l’accord avec Cosco permet surtout une plus grande répression à l’égard des dockers qui s’opposaient à la privatisation. La police a notamment empêché aux grévistes de s’approcher de la maison du Premier ministre où la séance de signature de l’accord se tenait. Les manifestants ont été rapidement réprimés à coups de matraques et de gaz lacrymogène par les forces de police.
Beaucoup de travailleurs du port avaient voté pour Syriza, mais la politique du gouvernement concernant cette question essentielle les a rapidement choqués.
« Avant les élections, ils disaient clairement vouloir mettre un coup d’arrêt définitif aux privatisations. Ils avaient des projets pour mettre les ports et d’autres actifs grecs sous le contrôle de l’administration publique » a affirmé un syndicaliste du port.
Les travailleurs du port dénoncent des conditions de travail terribles dans la partie du port déjà privatisée : bas salaires, non-respect des droits collectifs. Selon certains, « Cosco est un véritable trou noir en ce qui concerne les conditions de travail. »
« L’entreprise chinoise a imposé aux travailleurs du port un Code du travail digne du Moyen-Âge. Concernant le développement économique de la zone du port, leurs promesses sont vides et purement pour l’image » assure le président de l’Union panhellénique des Marins de la Marine marchande, Antonis Dalakogiorgos.
Néanmoins, les travailleurs du port continuent à organiser des mobilisations et des grèves contre la privatisation. « Les ports sont du peuple » est l’un de leurs slogans. « Non aux monopoles capitalistes » aussi.
Cosco gère une des deux terminaux de cargo du port du Pirée depuis 2009, le plus grand centre logistique pour la distribution des marchandises en Grèce et au niveau méditerranéen oriental. L’acquisition du port a été la grande priorité pour la Chine, puisqu’elle lui permet de contrôler « une porte d’entrée en Europe » pour ses biens et échanges commerciaux et constitue un élément clé de son projet pour une nouvelle « route de la soie ».