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Laurent Berger, la pourriture de la CFDT de plus en plus isolé

syndicalisme

Lien publiée le 30 avril 2016

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Alors que les militants de la CFDT sont de plus en plus nombreux à contester la politique menée par l’état major de la centrale syndicale, Laurent Berger se voit aussi de plus en plus isolé au sein de l’intersyndicale. Un retour de bâton mérité au vu des positions tenues sur la loi Travail, et qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour le ténor de la CFDT.

Karel Venuvitch

La situation pourrait sembler paradoxale alors que la CFDT pourrait devenir, à l’occasion des prochaines élections professionnelles, le premier syndicat de France. Mais l’état major de la centrale, et en premier son secrétaire général Laurent Berger, se retrouve de plus en plus isolé au sein de l’arène politique et syndicale. La faute à des prises de positions qui crispent la base militante, mais aussi les principaux interlocuteurs de la CFDT sur le terrain, à commencer par la CGT et FO.

Une grogne au sein de la CFDT de plus en plus palpable sur le dossier loi Travail



Il y a quelques jours, Jean-Louis Garcia, secrétaire de l’UL CFDT de l’Hérault et adhérant depuis 1977, a décidé de rejoindre la CGT. La raison invoquée est sans équivoque : les positions nationales du syndicat avaient profondément choqué cet animateur de formation, un sentiment largement amplifié par les sanctions prises à l’égard de l’antenne locale de Montpellier qui avait appelé à la manifestation du 9 mars. Cet exemple, particulièrement frappant, illustre à merveille le sentiment qui anime les rangs de la CFDT sur la question de la loi Travail et du positionnement de Laurent Berger à ce sujet. Entre le communiqué rageur de sections combatives et le nombre croissant de drapeaux oranges lors des manifestations, il est clair qu’une partie de la base militante s’impatiente et souhaite se joindre à la bataille dans la rue contre le gouvernement. Bien entendu, la faiblesse et le discrédit de ce dernier rend d’autant plus instable la position de Laurent Berger, obligé de jouer l’équilibriste pour maintenir sa position de meilleur défenseur de l’exécutif PS. Une politique qui, bien entendu, entretien la grogne et forge une frange contestataire au sein de l’appareil syndical. Mais depuis début mars, le secrétaire général de la CFDT pouvait s’appuyer sur d’autres appareils, comme FO et la CFE-CGC. Or, cette bonne entente est en train de se fissurer, isolant un peu plus Laurent Berger.

Lâché sur les allocations chômage. La CFDT dans l’œil du cyclone



Le coup est rude pour Laurent Berger. Sur le dossier des allocations chômage, FO et la CFE-CGC se sont ralliés à la position de la CGT, dont une partie significative des militants ont affiché une réelle hostilité envers la CFDT lors du 51ème congrès cégétiste de Marseille. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, s’en est même pris publiquement à Laurent Berger lors de déclarations et même sur les réseaux sociaux. L’entente entre les deux centrales, déjà fragilisées par les différences de point de vue au sujet de la loi Travail, est en train de voler en éclat et, de fait, la CFDT se retrouve isolée face aux trois autres mastodontes syndicaux : la CGT, FO et Solidaires. « On n’en serait pas là sans la défaillance des leaders qui nous entourent et leurs difficultés à ne pas se laisser déborder par les plus extrémistes de leurs troupes » a déclaré un membre du syndicat encore fidèle à Laurent Berger. Une pirouette maladroite qui trahit la crise que traverse la CFDT. Une situation en forme de remake de 2003 ? Lors de la réforme des retraites voulue par Raffarin, la CFDT s’était aussi retrouvée isolée dans sa volonté de négocier avec le gouvernement. Le contrecoup fut terrible pour la centrale, totalement discréditée et perdant 71124 adhérents fin 2004. À deux doigts de devenir le premier syndicat de France, un tel scénario ferait à coup sûr tomber Laurent Berger de son poste de secrétaire général. Au vu de ses positions sur le projet de loi Travail, son mépris de la jeunesse qui n’aurait « rien compris » à cette réforme et son acharnement à protéger le gouvernement d’un mouvement social d’ampleur, cette sanction ne serait qu’un juste retour de bâton.