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Venezuela : la tension monte après la mise en place de l’état d’exception
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(afp) Nicolás Maduro a décrété l'état d'exception, faisant état de "menaces extérieures", avant d'ordonner l'arrestation d'entrepreneurs et la saisie d'usines.
Semaine cruciale pour le Venezuela et son président Nicolás Maduro. Le pays sombre peu à peu dans le chaos. La tension est montée d'un cran ces 48 dernières heures. Les coupures d'électricité sont quotidiennes, les services publics ne sont opérationnels que deux jours par semaine. S'ajoutent à cela le pillage de commerces ou des lynchages. Face à cette situation, le chef de l'État doit préciser les contours de l'état d'exception décrété ce week-end. L'opposition, elle, appelle à manifester mercredi pour réclamer un référendum révocatoire avant des exercices militaires prévus samedi.
Nicolás Maduro a décrété dans la nuit de vendredi à samedi l'état d'exception, faisant état de « menaces extérieures », avant d'ordonner samedi la saisie des usines « paralysées par la bourgeoisie » et l'emprisonnement des entrepreneurs accusés de « saboter le pays ». Il n'a pas détaillé le contenu du décret qui devrait être publié lundi et qui prolonge « pendant l'année 2016 et certainement pendant l'année 2017 » un « décret d'urgence économique » en vigueur depuis la mi-janvier et qui expirait samedi.
Les États-Unis sur le banc des accusés
Lors d'un meeting samedi, Nicolás Maduro en a profité pour accuser une nouvelle fois les États-Unis de vouloir « en finir avec les courants progressistes en Amérique latine ». Pour se « préparer à n'importe quel scénario », il a donc ordonné pour samedi « des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice ». Des responsables des services de renseignements américains cités par leWashington Post estiment que le gouvernement vénézuélien pourrait être renversé par une insurrection populaire cette année. « Vous pouvez entendre la glace craquer », résument ces membres des renseignements.
Depuis la victoire d'une coalition d'opposition aux élections législatives, fin 2015, ce pays pétrolier est confronté à une crise politique, économique et sociale qui attise les tensions. Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chávez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolás Maduro) et anti-chavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a rassemblé, début mai, 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président, qu'elle espère organiser d'ici à la fin 2016.
L'inflation en hausse de plus de 180 % !
Mais le vice-président Aristobulo Isturiz a douché les espoirs de la coalition d'opposition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, en rejetant dimanche toute possibilité de référendum. « (Nicolás) Maduro ne va pas quitter le pouvoir suite au référendum parce qu'il n'y aura pas de référendum. (...) Ils (les responsables de l'opposition) savent qu'il ne va pas y avoir de référendum parce qu'ils s'y sont pris trop tard, trop mal et en commettant des fraudes », a-t-il déclaré lors d'un rassemblement de soutien à la présidente brésilienne Dilma Rousseff. Le gouvernement chaviste fait le parallèle entre le Venezuela et le Brésil, où la présidente de gauche a été écartée du pouvoir par le Parlement. Il accuse également l'opposition de préparer un « coup d'État » pour faire chuter Nicolás Maduro. « Ils devront tous nous tuer avant de nous faire un coup d'État parlementaire », a ajouté Aristobulo Isturiz.
Les autorités électorales doivent encore se prononcer officiellement sur la recevabilité d'un référendum alors qu'un des chefs de l'opposition, Henrique Capriles, a appelé dimanche à de nouvelles manifestations dans tout le pays, mercredi devant les instances électorales. Mercredi dernier, lors de mobilisations avec le même mot d'ordre, les forces de l'ordre avaient bloqué des rues pour empêcher le passage des manifestants, à Caracas et dans d'autres régions. À l'image de l'opposition, les experts pointent le risque « d'explosion » du pays alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon un sondage de Venebarometro. Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9 %, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7 %, pour la deuxième année consécutive.