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Japon: la pauvreté cachée des femmes prend de l’ampleur

Japon

Lien publiée le 21 mai 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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Si la pauvreté des Japonais n’est pas visible au premier coup d’œil, elle a pourtant progressé ces dix dernières années, «jusqu’à des niveaux supérieurs à la moyenne des pays de l’OCDE». Elle concerne surtout les femmes dont 70% occupent un emploi précaire. Depuis 2012, le Japon fait figure de mauvais élève, au sein de l'OCDE, affichant un taux de pauvreté infantile supérieur à celui des adultes.


En 2012, le ministère japonais des Affaires sociales recensait 16,1% des nippons vivant sous le seuil de pauvreté, contre 11% à la même période dans les pays de l'OCDE. Cette population vivait alors avec 1,22 million de yens (8 629 euros) soit moins de la moitié du revenu médian annuel. Et pour la première fois, la part des enfants pauvres dépassait celle des adultes, atteignant 16,3%. 

«Autour de moi, personne n'est pauvre, c'est à peu près ce que pensent tous les Japonais. Car la pauvreté est honteuse, on la cache et on se cache, ce qui aboutit aussi à une pauvreté relationnelle, à l'isolement», constate l'essayiste Atsuko Hida, qui enquête depuis quinze ans sur la pauvreté cachée au Japon.
 

Les familles monoparentales, environ un million au Japon, sont particulièrement touchées. Selon le ministère japonais des Affaires sociales, le taux de pauvreté de ces foyers s’élève à 54%, contre 12,3% quand les deux parents sont présents. Ce qui laisse penser à Mme Hida que certaines prestations sociales«n'ont pas de sens»: une mère célibataire perçoit «une allocation mensuelle d'environ 42.000 yens (336 euros) pour le premier enfant, mais seulement 5.000 yens (40 euros) supplémentaires pour le deuxième et 3.000 yens pour le troisième», regrette-t- elle.

Etre mère célibataire est symbole d'échec
Elle ajoute qu'«en cas de divorce, une femme qui vivait sur le salaire de son mari se retrouve soudain démunie, tend à s'exclure elle-même du cercle de "mama-tomo" (des mamans-amies au sein d'une école) car elle n'ose pas avouer sa situation nouvelle de mère seule», symbole d'échec au Japon.

Cette pauvreté cachée s'est trouvée être à l'origine de faits divers tragiques dans l'archirpel. «Récemment, une mère a tué sa fille quand elle a appris que toutes les deux allaient être expulsées de leur HLM de la banlieue de Tokyo. Comment vivrait-elle avec sa fille sans logement? Elle a préféré épargner cela à son enfant lycéenne, qui paraissait pourtant heureuse, avait un smartphone, signe extérieur de normalité. La mère n'a pris conseil auprès de personne», raconte Atsuko Hida.

En février 2015, un adolescent de 13 ans, livré à lui-même pendant que sa mère travaillait jour et nuit pour élever ses cinq enfants, a été poignardé dans la banlieue de Tokyo. Sa mère s'est publiquement reproché sa mort.
 

Les mères célibataires rencontrent souvent des difficultés pour décrocher une activité professionnelle à plein temps, souvent incompatible avec leur vie de mère. Pour la énième fois, l'OCDE a invité autorités et entreprises nipponnes à faciliter le couplage travail et vie privée, tant pour les femmes que pour les hommes. Ces derniers, qui ont l'habitude de passer plus de temps dans l'entreprise qu'à la maison, doivent changer cette habitude. Pour les femmes, l'organisme international préconise d'augmenter les crèches.

Avec l'allongement de la durée de vie, la pauvreté des personnes âgées devient également problématique: 40% de la population aura plus de 65 ans en 2050.