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Les travailleur·e·s précaires de l’enseignement supérieur se fédèrent
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les 28 et 29 mai 2016 se sont tenues les premières Rencontres Nationales du Collectif des Travailleur·e·s précaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR), conclues par un meeting-assemblée de tou·te·s les précaires où sont intervenu·e·s des collègues de divers secteurs en lutte (bibliothèques, la poste, éducation nationale…).
Vous trouverez en bas de cette page les documents votés lors de ces Rencontres et ci-dessous le communiqué de bilan de ces Rencontres :
Communiqué de bilan des Rencontres Nationales des 28 et 29 mai 2016 :
Paris, le 2 juin 2016
Les travailleur·e·s précaires de l’Enseignement supérieur et de la recherche (ESR) se fédèrent !
Depuis des années les réformes néolibérales organisent le démantèlement du service public universitaire et de la recherche. Alors que le nombre d’étudiant·e·s augmente d’année en année, les budgets des universités ne cessent de baisser. Les conditions de travail dans l’ESR empirent et le recours à des contrats de travail précaires s’accroît. C’est pourquoi, dans ce contexte du mouvement contre la « Loi Travail » qui ne ferait qu’accentuer la précarité, depuis des mois, des collectifs de précaires de l’ESR émergent partout en France. Ceux-ci rassemblent aussi bien des BIATOSS que des doctorant·e·s, docteur·e·s sans postes, des vacataires, des ATER, des stagiaires… Les Universités et le Ministère ne font que récolter ce qu’ils ont semé !
À Evry, les doctorant·e·s se mobilisent contre la suppression des monitorats, à la BULAC, les contractuel·le·s sont en grève reconductible pour faire reconnaître leur statut et ainsi faire respecter leurs droits élémentaires, à la BNF les vacataires reconduisent la grève pour dénoncer leurs conditions d’emploi. Nous leur apportons notre soutien sans condition. Partout, la tension est palpable et les précaires de l’ESR n’entendent pas se laisser faire ! À l’Université Paris 1 et après 7 mois de mobilisation, l’AG des doctorant·e·s, soutenue par de nombreux titulaires, vient de gagner la (re)mise en place de l’exonération des frais d’inscription pour une grande partie d’entre eux et elles et la mensualisation du paiement des vacations.C’est la preuve que la mobilisation paie et que nous devons continuer dans cette voie !
Afin de lutter contre les conditions de précarité dans l’Enseignement Supérieur, ces collectifs locaux se sont réunis les 28 et 29 mai et ont décidé de s’organiser collectivement à l’échelle nationale. Le collectif des travailleur·e·s précaires de l’ESR a pour but d’articuler les luttes locales à l’encontre d’une même politique, celle du démantèlement du service public d’enseignement et de recherche. Notre solidarité est une nécessité pour renverser le rapport de force face au ministère, aux institutions et aux présidences d’universités qui appliquent une gestion libérale de l’ESR et participent à notre précarité.
Les rencontres nationales des précaires de l’ESR, qui ont eu lieu le 28 et 29 mai à Paris et Saint-Denis ont permis de décider la création du Collectif national des travailleur·e·s précaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Aujourd’hui, le collectif des travailleur·e·s précaires de l’ESR est bien vivant et le ministère de tutelle, les institutions et les universités devront entendre nos revendications :
- Le retrait immédiat de la loi travail, qui vise à précariser toujours plus les travailleur·e·s et sera un recul sans précédent, une offensive idéologique majeure contre le droit du travail de tou·te·s.
- La titularisation des tou·te·s les contractuel·le·s et vacataires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche travaillant sur des fonctions pérennes !
- Une création massive et le financement public de contrats doctoraux et de postes de titulaires à l’Université et dans la Recherche pour l’ensemble des corps de métiers (enseignant·e·s et/ou chercheur·e·s,bibliothécaires, personnels administratifs, techniques et sanitaires), notamment par la réaffectation de l’argent du Crédit Impôt Recherche !
- Un audit public sur l’état de la précarité dans les Universités et les organismes de recherche, et recensement dans les bilans sociaux des établissements du nombre et du poids des contractuel·le·s, des vacataires et des sous-traitants !
- La mensualisation du paiement des vacataires et des contractuel·le·s, et respect du droit du travail (comme l’obligation de signature d’un contrat de travail avant la prise de fonction, et de remise de fiches de paie mensuelles) !
- La fin du travail gratuit et rémunération de toutes les activités invisibles effectuées par les non-titulaires : surveillances d’examens et correction de copies, heures supplémentaires non payées, vacations et activités de recherche non rémunérées, recours abusif aux stages, etc.
- L’accès au doctorat doit être un droit pour tout·e·s : les doctorant·e·s doivent être rémunéré·e·s décemment pour réaliser leur travail de production de connaissances, sans limitation a priori de la durée des thèses et avec exonération des frais d’inscription !
- La transparence dans l’attribution des financements de thèse, des postes d’ATER et des contrats post-doctoraux, et dans les procédures de qualification et de recrutement des enseignant·e·s-chercheur·e·s : publication des rapports des comités de sélection et motivation individualisée des refus !
- L’allongement de la durée de rattachement des nouvelles/aux docteur·e·s à leur laboratoire, avec accès aux locaux et aux financements au même titre que les titulaires !
- L’abrogation des critères de nationalité dans l’accès aux postes et financements, et attribution d’un titre de séjour de « travailleur·e » aux doctorant·e·s et docteur·e·s étranger·e·s, afin qu’ils et elles puissent bénéficier des allocations-chômage dues à l’issue de leur contrat de travail !
- La lutte contre les discriminations systémiques à l’Université et dans la Recherche qui s’appuient sur et qui renforcent les situations de précarité !
Dès le mois de juin, partout en France et aux côtés de l’intersyndicale de l’ESR, nous serons mobilisé·e·s afin de mettre en échec le gouvernement et lui imposer le retrait de la loi « Travail ». Une telle victoire remettrait en cause la précarité comme mode de gestion généralisé du travail et permettrait l’obtention de nouveaux droits pour tou·te·s, dans le secteur public comme dans le privé. C’est pourquoi nous appelons l’ensemble de nos collègues de l’ESR à participer massivement aux mobilisations du mois de juin.
Dès la rentrée, nous serons mobilisé·e·s partout en France pour faire respecter notre droit du travail, contre les coupes budgétaires, imposer de nouvelles créations de postes et le respect de nos droits. Nous appelons l’ensemble des non-titulaires de l’ESR, qu’ils et elles soient Enseignant·e·s-Chercheur·e·s, Chercheur·e·s, BIATOSS, contractuel·le·s-étudiant·e·s… à constituer des collectifs locaux ou à rejoindre ceux déjà existant. Nous organiserons à la rentrée une grande campagne d’action et d’information et invitons les collègues titulaires à affirmer leur solidarité. D’ores et déjà, nous annonçons la tenue d’une semaine de mobilisation nationale à partir du 10 octobre.
Travailleur·se·s précaires de l’ESR, nous ne nous laisserons plus faire !