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Bure: 350 opposants au projet d’enfouissement des déchets radioactifs réoccupent la forêt
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Des opposants au projet d'enfouissement des déchets radioactifs à Bure dans la Meuse délogés d'un bois la semaine dernière le réoccupent depuis samedi après-midi.
« Près de 350 personnes viennent de réoccuper le Bois Lejuc», a indiqué samedi soir dans un communiqué le Réseau «Sortir du nucléaire», qui appelle «à rejoindre massivement le bois libéré dès ce soir ».
Plus tôt dans la matinée, les opposants s'organisaient pour s'installer dans la forêt dans laquelle l'Agence Nationale des Déchets Radioactifs (ANDRA) a commencé des travaux , alors que les forces de l'ordre étaient massivement présentes pour empêcher cette occupation. Objet de la contestation : le projet CIGEO à Bure, dans la Meuse, qui doit accueillir les déchets les plus radioactifs, ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue, à 500 mètres sous terre.
Une organisation rodée
A l'entrée du bois, sur les coups de midi, plus 400 personnes sont réunis. Des militants anti-nucléaires venus de toute la France, des occupants de la "maison de la résistance" à Bure, des paysans, des habitants des environs, et une cinquantaine d'opposants au projet d'aeroport de Notre Dame des Landes, qui avaient affrété un bus pour l'occasion.
Briefing des opposants avant d'avancer dans le bois Lejuc pour le réoccuper © Radio France - Roxane Delaby
L'heure est au briefing. Qu'est ce que ce projet CIGEO ? Un militant en explique les enjeux et pourquoi il faut se mobiliser. Puis il donne la parole au "copain". C'est comme ça qu'ils s'appellent entre eux : "Le copain, la copine", ici tout le monde est anonyme. Comment va-t-on procéder pour réoccuper le bois ? Il va falloir faire face aux forces de l'ordre. Elles sont d'ailleurs visibles sur les routes autour du bois et positionnées en nombre à l'orée de la forêt. Si tout le monde se dit serein, on se prépare à toute éventualité.
Le 7 juillet dernier les opposants avaient été délogés du bois qu'ils occupaient depuis trois semaines, après qu'une ordonnance d'expulsion a été prise à leur encontre. Ordonnance, qu'ils ont contesté en justice, mais qui est toujours en cours.
L'organisation est bien rôdée, la "Légale Team" intervient pour informer les manifestants sur leurs droits et sur les réactions à adopter en cas d'arrestation. Puis la "Team Medic" briefe à son tour. En cas d'usage de bombes lacrymogènes par les forces de l'ordre, mieux vaut prévoir un foulard, certains se sont même équipés de lunettes de piscine. Si quelqu'un a besoin d'un médicaments ou s'il est blessé, il doit crier "MEDIC" et une équipe viendra à son secours.
Manifestation sous tension
La manifestation présentée comme une balade festive en forêt, est en fait sous haute tension. Les forces de l'ordre font pression sur les militants depuis quelques jours. Sylvestre est un opposant au projet CIGEO (centre industriel de stockage géologique des déchets nucléaires), il s'est installé dans la "maison de la résistance" à Bure depuis un mois et demi :
Depuis l'expulsion (Le 7 juillet) il y a une stratégie de la tension de la part des autorités publiques. Toutes les 10 minutes il y a des gendarmes mobiles qui passent devant la maison de la resistance, et des hélicoptères qui tournent régulièrement. On passe à un nouveau stade dans la resistance et aussi dans la répression policière. Mais on est plus que déterminés parce que les travaux de l'ANDRA ont commencé dans l'illégalité et c'est maintenant qu'on peut bloquer le projet CIGEO."
Le cortège avance vers le bois Lejuc, suivi par deux tracteurs chargés de matériel pour monter un camp dans la forêt.
Un tracteur chargé de matériel pour monter un camp dans le bois Lejuc à Bure © Radio France - Roxane Delaby
350 personnes occupent à nouveau le bois Lejuc
Finalement le cortège entre dans la forêt, et après quelques heurts avec les gendarmes et les vigiles employés par l'ANDRA pour surveiller la forêt, la réoccupation peut se faire dans le calme.
En fin d'après midi 350 personnes occupaient le bois Lejuc : «Des paysans sont sur place avec leurs tracteurs, des enfants se promènent dans le bois (...) des chaines humaines se forment pour acheminer le matériel» informe un communiqué d'opposants.
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http://www.estrepublicain.fr/edition-de-bar-le-duc/2016/07/17/bure-on-a-repris-le-bois
Hier à Bure dans la Meuse, le bois Lejuc est repassé aux mains des opposants au projet de stockage de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Un coup d’éclat antinucléaire rondement mené…
En route vers le bois.
Bure, 10 h, sur la place du village, briefing. Michel, le porte-parole des différents collectifs en lutte contre Cigéo détaille l’action du jour : « On va reprendre le bois et installer des cabanes, des barricades pour renouveler durablement l’occupation du site et l’intensifier », dit-il.
Autour de lui, la ruche qui a investi la Maison de la Résistance se prépare à faire mouvement vers une colline placée aux avant-postes des 220 hectares de la forêt de Mandres et de la parcelle du bois Lejuc. La veille au soir un bivouac musical s’était tenu sur ce point haut, histoire de gonfler le moral des troupes. Pour les épauler, les activistes de la région ont reçu le renfort d’un car d’une soixantaine de militants engagés contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une montée en puissance car le 7 juillet les premiers occupants avaient été expulsés de la chênaie-hêtraie par un dispositif musclé de forces de l’ordre. Mais il en faut plus pour entamer la détermination des opposants au projet d’enfouissement de déchets hautement radioactifs à durée pluri-millénaire.
Dans ce coin de la Meuse profonde, près de 20 ans d’hostilité anti-poubelle nucléaire, ça pèse. Alors ni la décision du TGI de Bar-le-Duc qui, le vendredi précédent, a débouté un référé déposé contre l’ordonnance d’expulsion, ni le vote du lundi 11 juillet dernier qui autorise le lancement d’une phase pilote de Cigéo au bois Lejuc par une vingtaine de députés perdus dans l’hémicycle ne changera la donne, bien au contraire. « Un débat parlementaire en catimini a validé un projet qui va coûter 6 milliards d’euros ! », gronde Laura du Réseau sortir du nucléaire. Souvent évoqué par ses défenseurs, l’argumentaire de la réversibilité du stockage est battu en brèche : « C’est un mythe, un mensonge de plus, un moyen fallacieux d’acceptabilité sociale », tranche Martial, prof de physique en retraite venu de la Sarthe.
Les gaz…
Midi, la chaleur et la tension montent. Sur la colline, ils sont environ 500 à observer la ligne bleue des uniformes et les visières des casques de la gendarmerie mobile déployées en lisière du bois Lejuc, en contrebas. 13 h : entre les blés mûrs, sur le chemin pierreux d’une ancienne voie romaine qui s’incline vers le thalweg, le cortège s’élance au son de l’accordéon et des « Andra barre-toi ! ». Deux tracteurs aux fanions de la Confédération paysanne ferment la colonne. « La Conf’ne sera bientôt plus seule dans la contestation », affirme Rémy, un Meusien, « le monde paysan et notamment le syndicat des Jeunes agriculteurs de la Haute-Marne et des Vosges commence à comprendre l’entourloupe. Outre les forêts, l’Andra a acheté 1.000 hectares de terres agricoles sans déclaration d’utilité publique. Pour en faire quoi ? ». Vers 13 h 30, contact. Des projectiles fusent, les militaires ripostent à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes. Une escarmouche, car les activistes s’éclatent en plusieurs groupes pour dénicher une brèche dans les 7 kilomètres de lisière. Cette stratégie spontanée va payer.
Vers 15 h, une cinquantaine d’intrépides parvient à forcer le verrou en se faufilant sous les frondaisons. La forêt résonne d’appels et de détonations de grenades. Beaucoup de militants visiblement rompus aux guérillas zadistes ont revêtu la tenue idoine. Masques à gaz, casque, genouillères ou visages masqués. Durant plusieurs minutes, la situation est indécise. Puis, une onde de joie secoue les rangs des assaillants : la gendarmerie et les vigiles de l’Andra se replient. Le champ est libre. En fin d’après-midi, 350 activistes ont repris possession d’une clairière. « Nous venons d’installer la cantine collective. On construit des cabanes, on dresse les tentes pour la nuit… », rigole Sylvestre, l’un des lieutenants des collectifs. « Maintenant, il va falloir tenir… ».
Patrice COSTA