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Adama: 15 jours après sa mort, policiers et procureurs couvrent les responsables
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré dans le cadre de l’enquête concernant les circonstances de la mort d’Adama, s’est exprimé ce mercredi 03 Aout afin de dénoncer des irrégularités dans la procédure liée à l’enquête. En effet, selon lui les éléments cruciaux de l’enquête que sont les rapports du SMUR (Structure mobile d’urgence et de réanimation) et des pompiers intervenus suite à l’interpellation du 19 Juillet n’auraient pas été versés au dossier. Ces pièces auraient dû être communiquées aux médecins légistes en charge de la première autopsie. L’avocat n’exclut pas de demander une enquête pour « dissimulation de preuves ».
Des éléments de dossiers manquants ?
Les rapports d’interventions du SMUR et des pompiers qui sont habituellement rédigés le jour même n’ont pas été transmis au juge d’instruction indépendant en charge du dossier.
Selon le procureur de la république à Pontoise Yves Jannier, les documents seraient « en train d’être recueillis », mais comme le dit l’avocat de la famille : "Qui peut croire que des médecins et des pompiers aient besoin de 15 jours pour rédiger un rapport ?"
De même, nulle trace de l’expertise de la voiture de gendarmerie utilisée lors de l’interpellation.
Ces manquements – ou dysfonctionnements – qui entravent le déroulement de l’enquête viennent s’ajouter aux incohérences des déclarations faites les jours suivant les faits, aux éléments contradictoires mis en avant par les deux autopsies et font peser de lourds soupçons sur la volonté de connaitre la vérité sur les circonstances du décès.
Des déclarations sans cesse remises en cause
Suite aux résultats de la contre-expertise réalisée le Mardi 26 Juillet et alors que la demande d’une nouvelle autopsie a été refusée, de nombreuses questions se posent quant à la communication des autorités concernant les circonstances de la mort du jeune homme de 24 ans.
Alors que le procureur de la république mettait dans un premier temps en avant une défaillance cardiaque, suite aux résultats de la première autopsie les autorités ont ensuite imputé la cause du décès à une « infection grave » alors que le rapport évoquait des « lésions d’allure infectieuse » mais mettait également en évidence des « manifestations asphyxiques ».
Les proches de la victime se demandent donc légitimement pourquoi le procureur n’a jamais parlé d’asphyxie ?
De même alors que la seconde autopsie met elle aussi en avant un « syndrome asphyxique » le parquet se contente de déclarer que "la nouvelle expertise ne fait état d’aucune trace de violence susceptible d’expliquer le décès".
Le résultat complet des analyses (notamment l’examen des tissus) attendu mi-aout permettra sans doute d’en apprendre plus sur la cause de ce « symptôme d’asphyxie » même si les rapports d’audition des agents responsables de l’interpellation sont plutôt révélateurs.
La technique de « plaquage ventral » en cause ?
D’après les PV des auditions, les gendarmes indiquent s’être jetés à trois sur Adama pratiquant une triple immobilisation au niveau des jambes et des bras s’apparentant fortement à la très décriée technique de « plaquage ventral » ou « Décubitus Ventral ».
Selon un rapport d’Amnesty international de 2011 ou celui plus récent encore de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), cette technique impliquant la mise à terre et le maintien au sol auquel vient s’ajouter une pression au niveau du dos accentue les risques de défaillance pulmonaire et cardiaque.
Alors que cette technique dénoncée à maintes reprises pour avoir causé la mort de nombreuses victimes en France dans des circonstances similaires (Lamine Dieng en 2007 ; Abdelhakim Ajimi, 22 ans, à Grasse en 2008 ; Serge Partouche, 48 ans, à Marseille en 2011 ou encore Adama Koumé, 33 ans, en 2015) est interdite dans de nombreux pays, elle est encore apprise aujourd’hui dans les casernes.
L’enquête avance et les éléments semblent bel et bien mettre en cause de manière sérieuse la responsabilité des gendarmes dans la mort d’Adama Traoré mais il faut rester vigilants et soutenir la famille de la victime, les proches et de façon plus générale l’ensemble des personnes victimes quotidiennement des discriminations de la police et de l’institution judiciaire prompte à relaxer les coupables !
Après la mobilisation de soutien du 30 juillet bafouée par les forces de l’ordre, il est d’autant plus important de continuer la mobilisation et de revendiquer à l’image du mouvement « Black Lives Matter » qu’en France également, la vie des noir.e.s et des arabes compte ! Luttons ensemble pour le droit de manifester et contre les oppressions de toutes sortes !