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Au Brésil, une campagne municipale sanglante
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Selon un journal local, 45 candidats et conseillers municipaux ont été visés par des tirs depuis juin. Afin de sécuriser le scrutin, dimanche, 25 000 hommes seront déployés dans le pays
L’appât du pouvoir au Brésil peut coûter cher. Très cher. Pour avoir brigué la mairie de la municipalité d’Itumbiara dans l’Etat de Goias, dans le centre du pays, José Gomes da Rocha a perdu la vie. Candidat aux élections municipales dont le premier tour se jouera dimanche 2 octobre, l’homme du Parti travailliste brésilien (PTB, centre droit) a été abattu mercredi 28 septembre d’une balle tirée par un fonctionnaire de la mairie lors d’un événement de sa campagne.
Règlement de compte mafieux ? Crime idéologique ? Querelle personnelle ? Les motivations du tueur restent inconnues. Mais le sort de « Zé Gomes », comme on surnommait le favori de ces élections, n’est pas un cas isolé. Le lendemain, Emílio Gervásio, coordinateur de la campagne de Jair Rocha du jeune parti de la République (PR) pour la mairie de Cantagalo dans l’Etat du Parana (sud du pays), recevait huit balles d’un pistolet 9 mm à la sortie d’une réunion électorale. La ville est, désormais, soumise à un couvre-feu.
Depuis le mois de juin, 45 candidats et conseillers municipaux ont été la cible de tirs, rapporte le quotidien la Folha de Sao Paulo. Vingt-huit en sont morts, dont quinze en pleine campagne électorale, souvent victimes d’embuscades.
La politique n’échappe pas à la violence
Président du Tribunal supérieur électoral (TSE), Gilmar Mendes, a fait part de son inquiétude face à ce « contexte de violence ». « Des actes lamentables », a enchéri Raul Jugmann, le ministre de la défense. Afin d’assurer la logistique mais aussi la tranquillité du scrutin, 25 000 hommes seront déployés dans plus de 400 villesdu pays. Soit davantage que les années précédentes.
Une ambiance de far west règne « traditionnellement » lors des campagnes électorales au Brésil. « Dans certains Etats brésiliens, on vit encore au XIXe siècle », souffle un politologue qui préfère garder l’anonymat. « Le Brésil est un pays violent. Les élections municipales qui mettent en jeu des conflits de territoires et peuventcontrarier les intérêts de mafias locales s’inscrivent dans ce contexte », explique Rafael Alcadipani, professeur à la fondation Getulio Vargas à Sao Paulo et membre du forum brésilien de sécurité publique. Dans un pays qui recense en moyenne cinq homicides par arme à feu toutes les heures, les batailles politiques n’échappent pas à une logique sanglante. Le quotidien Estado de Sao Paulo a décompté 96 exécutions de maires, secrétaires municipaux, candidats et militants entre janvier et septembre et quelque 1 269 décès liés à des luttes de pouvoir politique depuis 1979.
Les meurtres de cette campagne effrayent toutefois par leur ampleur inédite. En particulier dans l’Etat de Rio de Janeiro. La lutte pour l’argent des caisses publiques et les liens troubles entre politiques et organisations criminelles seraient au cœur de ces assassinats. En 2013, dans un cahier spécial intitulé Sangue politico (sang politique), le quotidien Estado de Sao Paulo avait déjà mis en exergue les connections entre commanditaires de meurtres et des groupes politiques au niveau fédéral ou national.
L’œuvre de milices, de la mafia ou crimes idéologues ?
A écouter Michael Freitas Mohallem, professeur de droit de la fondation Getulio Vargas de Rio, les crimes se résument souvent à de mesquines luttes de territoires. L’hypothèse la plus plausible, estime-t-il, est que les assassinats soient l’œuvre des milices. Créés par d’anciens policiers à la retraite, ces bataillons clandestins très présents à Rio chassent des villes les trafiquants et rançonnent leur protection aux citoyens des quartiers pauvres. Dans les zones ainsi « nettoyées », ils gèrent un business local (télévision, accès à internet…) et se lient avec un parti ou un candidat. Qu’un adversaire les menace ou ose faire campagne sur leurs terres sans régler la dîme, et il sera supprimé sans état d’âme.
Le professeur Michael Freitas Mohallem n’exclut pas l’idée de crime pour des raisons idéologues. « Le Brésil est si polarisé », constate-t-il. L’« impeachment » (destitution) de la présidente de gauche, Dilma Rousseff, présenté par le parti des travailleurs (PT, gauche) comme un coup d’Etat parlementaire, a divisé la société, caricaturée en un affrontement entre un Brésil bourgeois et libéral séduit par les idées de la droite et un Brésil plus modeste fidèle aux idéaux du PT.
Mais la plupart des experts privilégient la thèse d’une gangrène mafieuse qui s’infiltre dans les milieux politiques. Et dénoncent la présence de candidats financés parfois directement par le crime organisé, tels le Comando vermelho ou le Primeiro comando da capital (PCC). « Cette violence est le témoin de l’échec de l’Etat », constate Adilson Paes de Souza, ancien policier devenu expert de la violence, et auteur de O Guardião da Cidade (le gardien de la ville, non traduit)
Dans une campagne où tout semble permis, la cour des comptes et le tribunal supérieur électoral (TSE) ont, de fait, identifié des financements pour le moins étranges provenant, notamment de personnes miséreuses ou décédées. « Nous avons déjà eu par le passé des morts qui votaient. Maintenant, nous avons des morts qui financent les campagnes », soupire Gilmar Mendes, président du TSE cité par le journal o Globo.




