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L’opposition hongroise veut faire capoter le référendum anti-réfugiés de Orban
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
INTERNATIONAL - Les Hongrois se rendent aux urnes, dimanche 2 octobre à l'occasion d'un référendum que le Premier ministre Viktor Orban veut transformer en plébiscite pour sa politique anti-migrants et en pied-de-nez à la volonté de l'Union européenne de répartir les réfugiés entre Etats membres. Il fera face à "la coalition démocratique" - menée par les partis de gauche et les associations de défense des droits de l'Homme - qui appellent au boycott du scrutin pour invalider le résultat final.
Au total, quelque 8,3 millions d'électeurs sont appelés à répondre à la question "Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non-hongrois en Hongrie sans l’approbation du Parlement hongrois?" Budapest n'a proposé à ce jour aucune place d'accueil et se considérera, si le non l'emporte, définitivement affranchie de toute obligation de contribuer à l'effort européen de répartition des migrants arrivant sur le continent.
Dans une tribune publiée samedi et destinée à mobiliser le camp du non, donné largement gagnant par les sondages, Viktor Orban a estimé que les Hongrois avaient "le devoir" d'aider le gouvernement à combattre les décisions de "l'élite à Bruxelles".
"Avec le référendum, nous pouvons envoyer un message à chaque Européen: leur dire que cela dépend de nous, les citoyens européens, de ramener l'UE à la raison, dans un effort commun, ou de la laisser se désintégrer", a souligné le dirigeant.
Une question de mobilisation
Les sondages donnent le non largement vainqueur, un résultat à même de conforter politiquement Viktor Orban en Hongrie et de peaufiner son image de meneur du camp populiste anti-immigration en Europe. La seule inconnue et le seul risque politique pour lui réside dans le taux de participation: pour que le scrutin soit valide, le nombre de votes exprimés doit en effet représenter au moins 50% des inscrits.
Afin d'éviter que ce quorum ne soit atteint, l'opposition de gauche, emmené par la formation DK, et les ONG de défense des droits de l'Homme ont appelé au boycott ou au vote nul lors de nombreuses manifestations à l'approche du scrutin. Si le Premier ministre ne parvient pas à atteindre le seuil de participation requis, "il pourrait faire face à des appels à la démission", estime le politologue Andras Biro-Nagy.
Mais avec une popularité au plus haut, portée par son discours décomplexé sur l'immigration qu'il compare à "un poison", Viktor Orban ne semble guère vulnérable. Même si, selon L'Express, "les derniers sondages montrent un risque de participation insuffisante". Seul 46 % des inscrits se disent prêt à aller voter.
Une campagne de la peur
Un succès achèverait de cimenter le pouvoir du dirigeant qui briguera un troisième mandat consécutif en 2018. Le parti conservateur Fidesz gouverne la Hongrie depuis 2010, avec pour seul véritable rival le parti d'extrême-droite Jobbik.
Avec des centaines de milliers de tracts distribués, des affiches géantes le long des routes, des ministres et des députés dépêchés dans les villes et villages, le gouvernement n'a pas lésiné sur les moyens pour l'emporter. "Savez-vous que rien qu’en Libye, un million de migrants veulent se rendre en Europe?", menacent notamment les affiches prônant le "non". Celles-ci lient aussi explicitement les migrants au terrorisme et à la violence.
En réponse, un millier de manifestants ont dénoncé vendredi 30 septembre à Budapest une "campagne de la peur" et ont appelé les Hongrois à "voir l'homme" derrière le migrant, plutôt que de "haïr des gens que nous ne connaissons pas".
"L'autorité de la loi est en danger" pour Junker
La Commission européenne affirme que le scrutin n'aura aucun impact juridique sur les engagements adoptés. "Les Etats membres ont la responsabilité légale d'appliquer les décisions prises", a rappelé le commissaire aux Migrations Dimitris Avramopoulos.
En pratique, le plan de répartition de 160.000 demandeurs d'asile entre les 28 Etats membres adopté il y a un an est largement resté lettre morte, seuls quelques milliers de personnes ayant été "relocalisées". Mais les responsables européens redoutent que le référendum hongrois ne porte un nouveau coup à une UE déjà malmenée par une succession de chocs, de la crise migratoire au Brexit.
"Si des référendums sont organisés sur chaque décision des ministres et du Parlement européen, l'autorité de la loi est en danger", s'est alarmé cet été Jean-Claude Juncker, le président de la Commission.