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Nathalie Arthaud : exprimer nos intérêts de classe
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le 30 septembre, plus de 1 700 personnes sont venues au Cirque d’hiver, à Paris, écouter la candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud. Son premier meeting de campagne présidé par Arlette Laguiller et qui a débuté par une intervention de Jean-Pierre Mercier, a été enthousiaste dans cette salle archi-comble. Voici quelques extraits de l’intervention de Nathalie Arthaud.
« (…) On le sait d’avance, les jeux sont faits : celui qui sortira des urnes en 2017 sera un ennemi des travailleurs. Choisir parmi Sarkozy, Juppé, Hollande, Le Pen, c’est choisir celui qui nous attaquera à partir de mai 2017. C’est accepter par avance d’être trompés et sacrifiés. C’est une duperie.
Tous aspirent à gouverner pour le compte de la bourgeoisie. Tous raisonnent du point de vue des intérêts patronaux.
(…) Nous en avons fait l’expérience avec la droite, avec la gauche. Nous n’avons pas fait cette expérience avec le FN. Alors certains autour de nous se disent : « Finalement, il n’y a que Le Pen qu’on n’a pas essayée. »
Mais Le Pen, c’est Hollande et Sarkozy, en pire. C’est du faux neuf. Le Front national n’a pas le passif de la gauche et de la droite au gouvernement, mais il a un passé politique. Le FN, c’est la France de Vichy et de l’Algérie française avec une grosse couche de maquillage !
Le Pen père fut élu député en 1956 ; à l’époque, il était parachutiste tortionnaire en Algérie. Il est aujourd’hui mis de côté mais, au cœur du FN, il y a toujours les mêmes idées : l’anticommunisme, l’hostilité aux syndicats, aux grèves, aux travailleurs qui se battent.
Pour dénoncer les migrants, les pauvres parmi les pauvres, Marine Le Pen n’a pas de mots assez durs. Mais quand il y a une lutte contre les vrais privilégiés, contre les riches dont elle fait partie, elle est de l’autre côté de la barricade, du côté de l’ordre et du gouvernement ! On l’a vu lors des grèves et des manifestations du printemps contre la loi travail. Et souvenez-vous comment Marion Maréchal-Le Pen a traité les salariés d’Air France de voyous, qu’il fallait mater avec l’armée !
Alors, au copain de boulot, au voisin, au parent qui est tenté par le vote FN, nous pouvons dire : « Laisse ce vote aux racistes, aux grenouilles de bénitier, aux nostalgiques de la France de papa. Laisse ce vote aux bourgeois du 16e arrondissement qui ne veulent pas chez eux d’un centre pour SDF, laisse ce vote à tous ceux qui expliquent que les ouvriers ne travaillent pas assez. Mais toi, vote pour tes intérêts de classe ! » (…)
De Le Pen à Hollande, démagogie infecte
À les entendre tous, de Le Pen jusqu’à Hollande, les seuls problèmes du pays ce sont Calais, les migrants, la sécurité et la montée du communautarisme, qu’ils contribuent à créer eux-mêmes par leurs mille et une provocations quotidiennes.
Leur campagne n’a qu’un seul but : faire des voix en s’appuyant sur les peurs et en flattant les préjugés racistes. C’est de la diversion.
(…) C’est de la démagogie, aussi stupide qu’infecte ! Le résultat de tout ça, c’est que ces dirigeants rendent la vie de ces femmes et de ces hommes plus insupportable encore. Et puis ils flattent les préjugés les plus abjects dans la population et ils poussent les plus racistes à passer aux actes. Ce sont des pyromanes !
Les victimes de cette démagogie ne seront pas seulement les migrants d’hier ou d’aujourd’hui. Nous en paierons tous les conséquences. Car les politiciens qui justifient le rejet des étrangers ne spéculent pas que sur des préjugés et des fantasmes ; ils invoquent aussi le chômage élevé, la pénurie de logements, la saturation de notre système de soins.
C’est une façon de matraquer l’idée qu’il n’y a déjà pas assez pour tous. Cela sert à justifier la politique antiouvrière en nous enfonçant dans le crâne qu’il est vain de revendiquer et qu’il faut se serrer la ceinture. C’est une façon de nous mettre en concurrence permanente, de nous opposer les uns aux autres, ceux qui ont un travail à ceux qui sont au chômage, en intérim ou en CDD. C’est un instrument de division.
(…) Alors, dans cette élection, montrons qu’il y a des travailleurs qui ne se trompent pas d’ennemis. Affirmons qu’il y a bien deux mondes dans la société : celui des riches et des pauvres, celui des exploiteurs d’un côté et de l’autre côté le monde des exploités qui regroupe des femmes et des hommes de toutes origines et toutes confessions.
Non aux illusions, exprimons-nous !
(…) Nous appelons les travailleurs à voter pour exprimer leurs intérêts matériels et politiques. Cela ne changera pas la société. Cela ne modifiera pas le rapport de force entre le patronat et le gouvernement ? C’est vrai. Il n’y a que l’action collective des travailleurs qui peut le faire, qu’un mouvement social puissant, comme ceux qu’on a connus en mai-juin 1936 et en 1968.
Mais regardez la mobilisation contre la loi El Khomri. Elle n’a pas réussi non plus à inverser le rapport de force et à faire reculer le gouvernement. A-t-elle été pour autant inutile ? Sûrement pas. En se montrant, en défendant leurs intérêts pendant quatre mois, les travailleurs conscients et combatifs ont contribué à élever la conscience du monde du travail en général.
Le patronat, le gouvernement, les médias bien-pensants ont déversé des tombereaux d’insultes et de calomnies. À les entendre, les grévistes de la SNCF et des raffineries étaient des preneurs d’otages et des terroristes, les manifestants étaient des casseurs d’hôpital pour enfants… Un éditorialiste a même comparé la CGT à Daech ! Eh bien, l’opinion ouvrière a résisté à tout cela, parce qu’une fraction des travailleurs ne lâchait pas le combat.
(…) La résistance, cela commence par dire que l’on n’est pas d’accord. La résistance des travailleurs dépend de ce qu’ils ont dans la tête. Alors, exprimer nos intérêts contre nos ennemis, c’est le premier acte de résistance. »
On peut suivre l’ensemble du meeting sur notre site Internet :