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Gard: manif tendue des anticorridas à Rodilhan
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Quelque 200 militants anticorridas, repoussés au gaz lacrymogène par des gendarmes déployés massivement, ont manifesté dimanche dans une ambiance tendue à Rodilhan, petite ville du Gard devenue un symbole de la lutte entre aficionados et défenseurs des animaux.
Chacune des entrées de la ville, où avait lieu dimanche une fête taurine prévoyant notamment une corrida, avait été bloquée par des dizaines de gendarmes en tenue antiémeute et par des barrières, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Après avoir manifesté près du stade, des dizaines de militants du Comité radicalement anticorrida (Crac) - environ 200 au total dans la ville selon la préfecture - ont fait le tour de la petite localité à travers champs pour finalement se masser devant l’une des barrières antiémeutes, interdisant l’accès au centre-ville et aux arènes.
Scandant «Basta corrida !» et portant des vêtements proclamant«Corrida, la haine !», ils ont tapé violemment sur cette barrière pendant des heures, certains montant sur un mur, le poing levé ou faisant des doigts d’honneur. «Vous défendez l’intérêt général ici», a ironisé un jeune manifestant à l’adresse des gendarmes. «Alors que 70% de la population française est contre la corrida !»
Après sommations, les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogènes à plusieurs reprises en fin de matinée pour faire reculer les manifestants, recevant en retour plusieurs projectiles, notamment des pierres. Au cours de la corrida, qui a eu lieu de 15h30 à 17h30 avec cinq mises à mort, les activistes du Crac, très organisés et masqués pour faire face aux gaz, ont assuré un vacarme en continu, hurlant des slogans et se relayant pour frapper violemment contre les barrières.
«Corrida = torture», proclamait notamment une pancarte. «Assassins !» criait pour sa part une jeune militante du Crac. «Les taureaux ont peur et ont mal comme tous les êtres vivants !» Aucune interpellation n’avait été effectuée et aucun blessé n’était à déplorer en fin d’après-midi, selon les autorités préfectorales.
Petite localité de 2 500 habitants, située à la périphérie sud-est de Nîmes, Rodilhan est devenu un symbole de la lutte entre pro et anticorridas depuis les violences commises en 2011 par des aficionados sur des militants du Crac.
«C’est encore la guerre !»
Au début de la corrida, le maire de la commune, Serge Reder, a remercié le public d’être venu «malgré les difficultés». Saluant les forces de l’ordre et le préfet, il a appelé au «soutien» des aficionados, «lourdement condamnés», et à la défense de cette «culture».
À chaque point d’entrée de la ville, depuis le matin, piétons, cyclistes, voitures et leurs occupants étaient systématiquement fouillés. Pendant plusieurs heures, il a été impossible de ressortir de la ville.
«C’est encore la guerre !» soupiraient plusieurs habitants du village cerné, alors que retentissaient les clameurs furieuses des manifestants tenus à distance des petites arènes.
Le 8 octobre 2011, des dizaines d’activistes anticorridas s’étaient enchaînés au centre des arènes en déclenchant des fumigènes rouge sang, avant de scander des slogans le poing levé. Ils avaient été frappés alors qu’ils étaient au sol, entravés, et avaient été évacués avec brutalité par des aficionados.
Des peines allant jusqu’à six mois de prison ferme ont été prononcées le 14 avril 2016 par le tribunal correctionnel de Nîmes contre 17 aficionados, dont le maire Serge Reder, condamné à 1 500 euros d’amende et qui a fait appel. Jean-Pierre Garrigues, président du Crac, avait lui été condamné à quatre mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende en tant qu’organisateur d’une manifestation non autorisée.
Dimanche vers 18h, à l’issue de cette nouvelle journée de tension entre les deux camps, marquée par un vacarme assourdissant, des aficionados quittaient la ville en klaxonnant pour narguer le camp adverse.