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Le FN est-il en train d’infiltrer la police?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.20minutes.fr/societe/1946587-20161020-front-national-train-infiltrer-police
C’est la polémique sur la polémique. Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du Parti socialiste, a affirmé mercredi voir dans les manifestations policières des derniers joursla « patte » du Front national. L’ex-député de Paris est allé plus loin, estimant que « le Front national aujourd’hui se camoufle dans la situation politique ». Ces déclarations faisaient écho à une étude d’intentions de vote du Cevipof, qui indique que les forces de l’ordre (policiers et militaires, dont les gendarmes), sont un peu plus de 56 % à envisager de voter en faveur du FN à la présidentielle de 2017.
Une étude datant de janvier dernier témoignait déjà de la montée du parti de Marine Le Pen chez les forces de l’ordre. « Le vote chez les policiers était auparavant orienté à droite, mais les chiffres montrent une déperdition complète de la droite républicaine au profit du FN. Ceux qui ont voté pour Nicolas Sarkozy en 2012 projettent de glisser un bulletin FN dans l’urne en 2017 », explique le politologue du Cevipof Luc Rouban.
« Une déception envers la gauche et la droite »
La perte de 12.000 postes sous l’ère Sarkozy semble avoir laissé un mauvais souvenir aux policiers, mais ce n’est pas la seule explication. Pour le sociologue Christian Mouhanna, « on retrouve chez les forces de l’ordre les mêmes ressorts que dans le reste de la population : une critique des élites et de la hiérarchie ». Un constat que partage également Luc Rouban : « Il y a un sentiment d’abandon et de déception envers la gauche et la droite, notamment chez la base, c’est-à-dire les salariés les plus modestes. A cela s’ajoute une désillusion envers les organisations syndicales. »
Les manifestations policières de lundi et mercredi soir ont mis à jour une certaine défiance envers les syndicats, accusés d'« être tenus par les partis de droite ou de gauche », dénonce un brigadier. Selon Christian Mouhanna, le fait que plus aucun syndicat important ne se revendique de gauche « est un signe du raidissement vers la droite. Il en existait auparavant, comme la Fasp par exemple, dont l’un des leaders était proche de François Mitterrand ».
Des candidats qui prônent des coupes dans les effectifs
Le porte-parole d’Unité SGP-FO, Nicolas Comte, évoque de son côté une situation généralisée. « Plus aucun syndicat ne se revendique d’aucun parti, à gauche comme à droite, parce que c’est mal perçu aujourd’hui. » Pour autant, la montée du vote FN dans les forces de l’ordre est réelle, même si le syndicat proche du parti de Marine Le Pen représente une très faible part de policiers. « On dirait que ce sont les seuls à nous défendre, les autres baissent les effectifs ou passent plus de temps à nous critiquer qu’à nous faciliter la tâche », confie un policier.
Le premier débat de la primaire de droite et du centre a révélé les désirs de couper dans les effectifs de la fonction publique des candidats. Quant à la réponse de Florian Philippot, vice-président du FN, à Jean-Christophe Cambadélis, elle semble effectivement afficher un fort soutien aux policiers : « Pas de « patte » mais un soutien sans faille, face à un pouvoir qui a manifestement de la haine pour la police. »
Le marché politique de l’offre et de la demande
« Les propos de Cambadélis et du FN participent à la récupération politique qu’ils dénoncent », accuse Nicolas Comte. Le politologue Luc Rouban désamorce quant à lui les insinuations du chef du PS : « Je ne crois pas à la théorie du complot. Il n’y a pas de mainmise du Front national sur la police mais une convergence entre l’offre du FN, qui apparaît comme le porte-parole des pauvres et des fonctionnaires, et les attentes des forces de l’ordre. »
Les policiers ne manquent pas de raisons pour manifester, selon Christian Mouhanna. « On sent l’exaspération des forces de l’ordre depuis très longtemps. Cela fait trente voire quarante ans qu’intervenir dans certains quartiers est devenu dangereux. Ils tentent de peser dans l’élection pour se faire entendre, comme cela a été le cas en 2001, pour la campagne pour 2002, et également en 2012. »