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    Grèce : crise politique après l'effondrement des partis pro-austérité

    Lien publiée le 7 mai 2012

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Point) La Grèce aura sans doute bien du mal à constituer un gouvernement cette semaine, après le cinglant désaveu infligé par les électeurs aux deux partis qui avaient accepté les politiques d'austérité dictées par les bailleurs de fonds du pays.

    Les partis opposés à un accroissement de l'austérité ont raflé, en incluant une formation néonazie qui fait une entrée au parlement pour la première fois, 150 sièges au parlement, soit la moitié exactement, selon un décompte du ministère de l'Intérieur portant sur 95% des dépouillements.

    Les 150 autres sièges, soit moins que la majorité absolue de 151 sièges, reviennent aux deux partis pro-austérité et pro-européens grecs, le Pasok (socialiste) et la Nouvelle Démocratie (droite), qui gouvernent ensemble dans une coalition depuis novembre. Ils ont recueilli 32,4% des voix contre 77,4% en 2009, selon ce décompte.

    Ces chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur confirment la débacle des deux partis historiques et rendent très problématique la formation d'un gouvernement de coalition par ces deux partis pour poursuivre encore la politique de rigueur dictée par l'UE et le FMI.

    Les deux grands gagnants du scrutin sont la formation de gauche radicale, Syriza, opposée au memorandum d'accord de la Grèce avec les bailleurs de fonds du pays, qui devient la deuxième force politique du pays, et le parti néonazi Chryssi Avghi (Aube dorée) qui fait une entrée en force au parlement, pour la première fois.

    Flanqué d'une quinzaine de jeunes hommes à la tête rasée, le dirigeant de cette formation dont le graphisme de l'emblème rappelle la svastika, Nikos Mihaloliakos, a affirmé dès dimanche soir que son groupe allait lutter contre les "usuriers mondiaux" et "l'esclavage" imposé selon lui au pays par l'UE et le FMI en échange de leur aide financière.

    "L'heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie", a menacé ce quinquagénaire, affublé du sobriquet de "Fuhrer" par la presse grecque.

    Ex-groupuscule semi-clandestin anti-immigrés aux méthodes notoirement violentes et aux thèses racistes et antiparlementaires, Chryssi Avghi a obtenu 21 deputés sur 300 au parlement grec, avec 6,9% des voix, selon le décompte du ministère de l'Intérieur. Ce qui le classe sixième parti des sept qui seront représentés dans cette assemblée, selon ce décompte.

    Le parlement grec offrira ainsi la particularité d'accueillir sur les mêmes bancs ces nouveaux députés et le vieux héros de la résistance Manolis Glézos, 89 ans, qui avait décroché le drapeau hitlérien du sommet de l'Acropole à 18 ans, et se retrouve élu sous l'étiquette du Syriza.

    Dimanche soir, le dirigeant de ce parti et benjamin de la vie politique grecque, Alexis Tsipras, 37 ans, a pris un bain de foule au milieu de ses partisans dans le centre d'Athènes.

    Selon lui, le résultat du scrutin de dimanche "a privé de toute légitimité le mémorandum" d'accord prévoyant une cure d'austérité en Grèce en échange de prêts internationaux d'un total prévu de 240 milliards d'euros destinés à sauver le pays de la faillite.

    "Notre programme est un gouvernement de gauche qui annule le mémorandum (...) nous ferons tout pour que le pays ait un gouvernement qui dénonce l'accord de prêt" avec l'Union européenne et le FMI, a-t-il insisté.

    Son parti, crédité de 51 sièges au parlement (16,66% des voix), demande la suspension du service de la dette, l'effacement d'une partie de la dette publique et des mesures de relance. Il ne réclame pas la sortie de la Grèce de l'euro, mais le Pasok socialiste l'a durant la campagne souvent accusé d'y conduire le pays.

    "Même si les grands partis font une coalition, ça ne durera pas et nous serons là", professait Elizabeth Mellis, une militante quinquagénaire dans la foule.

    La percée du Syriza pourrait priver de tout espoir de majorité une coalition d'unité nationale visant à garantir le maintien du pays dans l'euro, à laquelle ont appelé dans la soirée les dirigeants des deux partis gouvernementaux sortants, le conservateur Antonis Samaras et le socialiste Evangélos Vénizélos, laminés dans les urnes pour leur ralliement à l'austérité.

    La Nouvelle Démocratie, seul parti avec le Pasok à avoir signé avec l'Union européenne un engagement à poursuivre la politique de rigueur et de réformes, est bien devenu, comme prévu, premier parti de Grèce, mais avec un score historiquement bas (19,06%) qui lui confère seulement 109 sièges de députés.

    M. Samaras a proposé dimanche soir la formation "d'un gouvernement de salut national" pour maintenir la Grèce dans l'euro, en s'engageant à "changer la politique du mémorandum" d'austérité.

    Selon Panayotis Petrakis, professeur d'économie financière à l'université d'Athènes, "le pays a encore une petite marge de manoeuvre grâce à la victoire de François Hollande en France, qui devrait empêcher que l'Europe nous lâche brutalement". Mais il faudrait "vite un gouvernement de technocrates", au risque sinon d'un retour rapide aux urnes.

    Le Pasok, dont l'ancien patron Georges Papandréou avait sollicité le secours de l'UE et du Fonds Monétaire International en mai 2010, sort du scrutin écrasé et recueille 13,31% des voix (41 députés), contre 43,9% en 2009, puni pour avoir accepté les conditions d'austérité drastique attachées à l'aide.

    "C'est un séisme politique" a estimé sur la chaîne Mega, Panos Panagiotopoulos, un ténor de la Nouvelle Démocratie.

    L 'incertitude quant à la possibilité de former un gouvernement était perceptible sur les marchés asiatiques dès l'ouverture lundi matin à Hong Kong où la bourse a commencé la séance en baisse de 2,08%. A Tokyo, la bourse a aussi ouvert en recul de 2,63%.