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Les staliniens n’ont pas aimé le film de Rotman sur les Brigades internationales

Espagne histoire

Lien publiée le 28 octobre 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Documentaire à voir ici : http://tendanceclaire.org/breve.php?id=21130

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http://www.frontsyndical-classe.org/2016/10/fiete-de-notre-histoire.html

Ci-après un article récent de Jean Ortiz de Pau.

Et qui revêt une actualité brûlante avec l'évocation des brigades internationales.

En effet, le film de Patrick Rotman, "La tragédie des Brigades internationales" diffusé mardi dernier sur Arte   sous couvert d'hommage aux brigadistes, sous couvert d’œuvre historique contre le discours mythologique renoue en fait, en utilisant les archives visuelles, avec la version farouchement anti-communiste de ce qui s'est passé.

Même si l'auteur reconnaît (émission de France inter de Sonia Devillers du 24 octobre) que le conflit qui a opposé en fait le gouvernement du Front Populaire (et pas seulement les communistes) aux anarchistes en Catalogne notamment, portait sur la question essentielle de la primauté à la guerre contre Franco et de la nécessité de préserver l'alliance de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie scellée dans l'établissement du Front populaire.

il en fait l'archétype de l'opposition entre staliniens et libertaires.

Faisant reposer exclusivement la responsabilité de ce conflit aux communistes.

C'est aussi qu'après avoir reconnu que seule l'URSS a aidé le camp républicain face à la désertion et à la politique de non-intervention de la France et de la Grande-Bretagne il faut transformer les Brigades internationales résultat d'une décision de l'Internationale communiste d'aide majeure et isolée à la République espagnole en ... décision néfaste, grosse de trahisons !

Et les brigadistes en victimes.

De qui ?

Pas des fascistes ! pas des gouvernement de droite et socialistes qui ont livré l'Espagne aux légions Condor et aux bombardements de Guernica!

Mais bien sûr de Staline et de l'URSS! Et donc des communistes!

Les intellectuels les plus engagés auprès des Républicains comme Hemingway étant présentés comme de grands naîfs "cornaqués" par le perfide Mikhaïl Efimovich Koltsov , oeil de Staline, auquel seuls Dos Passos et Orwel échapperont!

C'est au final, que pour sortir de la mythologie (le récit d'un combat complexe certes contre le fascisme) il faut accréditer auprès d'un large public et des nouvelles générations les idées selon lesquelles :

  • les Brigades internationales furent sacrifiées, envoyées à la boucherie

  • leur combat fut finalement trahi

Le film se terminant sur des images de la Retirada, l'enfermement (par le gouvernement français à l'automne 1939) des réfugiés dans des camps.

Le commentaire final clôturant de manière emphatique le documentaire, affirmant que le combat des brigadistes fut de surcroît broyé par le pacte germano-soviétique.

Sans rien dire du contexte, de la trahison de Munich, de la volonté des puissances occidentales de laisser les mains libres à Hitler à l'Est, de la grande bourgeoisie préférant Hitler au front populaire ... !

En quelque sorte ce story tailing  transformant les plus conscients et les plus engagés des anti-fascistes de cette période en pantins manipulés, victimes de leur propre camp.

Ecoeurant !

Et décidément l'anti-communisme ne fait pas bon ménage avec la rigueur historique !

Et comme le dit Jean Ortiz dans l'article ci-après la mémoire historique est bel et bien devenue un enjeu central.

Et pour le mouvement ouvrier et syndical en premier lieu!

Pour un autre éclairage, se reporter entre autre à l'excellent ouvrage de Gorges SORIA "Guerre et Révolution en Espagne"

Ouvrage qui rend d'aiileurs ridicule la prétention de Rotman d'être en quelque sorte le premier à aborder les contradictions et la complexité de la guerre d'Espagne.

CDLP et Editions Robert Laffont 1976


Rappel également du récent article sur notre site relatif au numéro de ces mois de mai-juin-juillet de "Mémoires Vives", la revue de l'Institut de l'Histoire Sociale de la CGT :

http://www.frontsyndical-classe.org/2016/10/octobre-1936-les-brigades-internationales-pour-defendre-la-republique-espagnole.html

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Jean Ortiz

Dimanche, 23 Octobre dans l'Humanité

Ras la casquette !

Quelques amis bien intentionnés, c’est-à-dire le plus souvent anticocos- « mais je n’ai rien contre les communistes »- m’accusent de tout politiser dans notre combat (devoir, travail) de mémoire historique. Alors, que l’on me permette cette mise au poing.

Partout, nous avons besoin de réinjecter du sens, de la lutte des classes, donc de la politique.

Depuis une trentaine d’années, la droite a gagné la bataille des idées ; l’historiographie française se caractérise par une droitisation galopante... l’histoire sociale agonise à l’université et ailleurs.

Ce mouvement vise entre autres à jeter la suspicion sur tout un secteur, souvent « hégémonique » (cela ne veut pas dire exclusif) de la lutte antifasciste : les « Rouges »... Les militants, bombardés de partout, font parfois le gros dos, cantonnant leurs propos à une mémoire victimaire, qui cache les enjeux, une mémoire sentimentale, affective, souvent vide de contenu politique. Un seul exemple : les Brigades internationales étaient majoritairement communistes. Pourquoi l’oublier ? Ce n’est pas un hasard et il faudrait en être fier et non décaféiner le propos. Il en va de même avec la « Nueve », avec la Résistance étrangère, avec les Guérilleros espagnols. Formidable retournement de l’histoire. Tous staliniens, tous marionnettes manipulées !... Le communisme a vertébré la lutte, mais cela ne signifie pas qu’il en eut l’exclusive ; l’antifascisme était pluriel.

Cet insupportable révisionnisme anticommuniste doit être combattu avec vigueur. Les « nouveaux révisos » entendent réécrire le passé pour en occulter les luttes sociales, la mémoire ouvrière, le contenu de classe, les utopies révolutionnaires. Pour ces faussaires, les héros ne sont pas des héros, mais ils deviennent des martyrs, manipulés et finalement sacrifiés, voire des bourreaux...

Voilà pourquoi notre réappropriation de l’histoire ne peut être neutre, mais critique, offensive, exigeante.

La mémoire historique est devenue un enjeu central de la lutte idéologique. N’en obscurcissons pas le sens, les leçons, par des célébrations trop consensuelles. Les classes dominantes entendent plier le passé à leurs intérêts d’aujourd’hui, et nous faire accepter toutes les régressions. Elles veulent mettre la mémoire au service de la recomposition du monde autour du néo-libéralisme. Qu’on se le dise !

Alors, oui, réinjectons de la politique !