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Turquie: les dirigeants du principal parti prokurde en garde à vue
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les coprésidents du HDP et plusieurs députés de la formation ont été interpellés dans la nuit de vendredi dans le cadre d’une enquête « antiterroriste ».
Les autorités turques ont interpellé, dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 novembre, les deux coprésidents de la principale formation politiqueprokurde, le Parti démocratique des peuples (HDP), dans le cadre d’une vaste opération qualifiée d’« antiterroriste ».
Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, également députés, ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête instruite par le parquet de Diyarbakir (Sud-Est) portant sur des liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie. « Le HDP appelle la communauté internationale à réagir contre ce coup du régime d’Erdogan », a déclaré la formation sur son compte Twitter.
Au moins neuf autres parlementaires de la troisième force politique de Turquie ont connu le même sort, selon une liste diffusée par le parti et par le ministère de l’intérieur. Parmi eux, plusieurs poids lourds de la formation, comme Idris Baluken, président du groupe parlementaire, et Sirri Süreyya Önder, figure respectée de la cause kurde. Le quartier général du HDP à Ankara a par ailleurs fait l’objet d’une perquisition, selon les images retransmises en direct par la chaîne NTV.
Le HDP a posté sur son compte Twitter une vidéo qui semble montrerl’interpellation de Mme Yüksekdag à son domicile : « Votre procureur est un bandit et vous aussi êtes des bandits ! », crie la codirigeante du parti à l’endroit des personnes venues l’arrêter. « Les policiers sont à la porte de mon domicile à Diyarbakir avec une décision de placement en garde à vue par la force », a déclaré M. Demirtas sur le même réseau social peu avant son arrestation.
Cibler les opposants
La Turquie vit sous état d’urgence depuis la tentative de coup d’Etat de juillet. Plusieurs pays européens et des organisations non gouvernementales accusent les autorités de ne pas se limiter aux présumés putschistes et de cibler des opposants.
Le président, Recep Tayyip Erdogan, considère que le HDP est étroitement lié au PKK et a fait savoir qu’il ne considérait plus cette formation comme un interlocuteur légitime, qualifiant régulièrement ses membres de « terroristes ».
En mai, le Parlement turc a voté la levée de l’immunité des députés menacés de poursuites judiciaires, une mesure contestée visant notamment les élus du HDP. M. Demirtas, un temps surnommé l’« Obama kurde » en raison de son charisme, a longtemps été considéré comme un potentiel rival de M. Erdogan sur la scène politique nationale dominée par le chef de l’Etat.
Maires de Diyarbakir
M. Demirtas et Mme Yüksekdag font l’objet de plusieurs enquêtes sur de présumés liens avec le PKK, mais ont assuré à plusieurs reprises qu’ils ne se rendraient pas de leur plein gré à une éventuelle convocation de la justice. Selon Anatolie, leur placement en garde à vue a été décidé dans ce cadre. Le HDP, qui compte 59 députés au Parlement, dément être l’« aile politique » du PKK.
Cette vaste opération policière nocturne survient dans un contexte très tendu, notamment depuis le placement en détention, dimanche, des deux maires de Diyarbakir, « capitale » du sud-est de la Turquie à majorité kurde, une ville ensanglantée par des combats quotidiens entre forces de sécurité et membres du PKK.
Considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme un groupe terroriste, le PKK et l’armée turque ont rompu, à l’été 2015, un fragile cessez-le-feu et repris les hostilités, qui ont fait plus de 40 000 morts depuis 1984.
Forte explosion devant un bâtiment de la police à Diyarbakir
Une vingtaine de personnes ont été blessées par une puissante explosion d’origine indéterminée, vendredi 4 novembre au matin, devant un bâtiment de la police à Diyarbakir (sud-est de la Turquie). De nombreuses ambulances ont été dépêchées sur les lieux. Des coups de feu ont éclaté après la déflagration, a rapporté un journaliste de l’Agence France-Presse. L’événement survient quelques heures après l’interpellation des dirigeants et de députés du principal parti prokurde du pays, le Parti démocratique des peuples, dans le cadre d’une enquête « antiterroriste » en lien avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).