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A l’issue du débat de la primaire, 100 % des Français sont de droite

Fillon primaires

Lien publiée le 26 novembre 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://television.telerama.fr/television/sondage-a-l-issue-du-dernier-debat-de-la-primaire-100-des-francais-sont-de-droite,150601.php

« Courage pour la dernière ligne droite ! », m’a lancé mon chef. J’ai failli lui mettre une droite. Mais je suis resté droit dans mes bottes — il a de la chance que je me sois levé du pied droit. De toute façon, avec tous les directs de droite et tous les télé-crochets de droite encaissés depuis des semaines, ma mandale n’aurait pas été très adroite. Jeudi soir, quand débute le dernier débat de la primaire de droite, je me sens au bord de passer l’arme à droite.

A main gauche, la droite de droite et, à main droite, la droite de gauche (selon Eugénie Bastié). Au milieu, des journalistes guévaristes (selon Nicolas Sarkozy) posent des questions de gauche. A leur tête, el Líder Máximo de France 2, David Pujadas, enchaîne les provocations, du genre : « Est-ce que demain nous serons tous virables, tous licenciables ? » Et même cette insupportable insinuation : « Travailler jusqu’à quarante-huit heures par semaine, est-ce une régression ? »Résultat, les candidats éreintent leurs intervieweurs au lieu de s’étriper.

Je suis frustré. France 2 ne tient pas ses promesses.« François Fillon est une sorte de tueur confiant, assure Nathalie Saint-Cricq au seuil de l’affrontement final. Alors qu’Alain Juppé est plus un affectif, il a plus peur, il est dans l’absolu plus sanguin et plus inquiet que François Fillon qui a l’habitude du temps long pour abattre sa proie. » Un sanguin apeuré contre un prédateur à sang froid, je me réjouis à l’avance du carnage.

Tout aussi visionnaire, Franz-Olivier Giesbert prédit un suspense insoutenable.« Vous disiez tout à l’heure seize points [d’écart entre Fillon et Juppé]. Mais vous savez, seize points, c’est huit points, en fait. Huit points de plus, huit points de moins et l’affaire est pliée. » Ah oui, je n’y avais pas pensé. « Donc, ça peut toujours basculer. » Surtout que, vous savez, huit points, c’est quatre points, en fait. Quatre de plus, quatre de moins et l’affaire est pliée (en quatre).

François Fillon et Alain Juppé renonçant à s’entretuer, je craque et zappe sur BFMTV, écartée de la retransmission du débat, à son grand dépit exprimé jusque dans de pleines pages de pub invoquant le « pluralisme ». « Pour François Hollande, c’est le scénario idéal qui est en train de se dessiner », estime le chroniqueur économique, Emmanuel Lechypre, commentant le succès de François Fillon.

« Le Parti socialiste est un vaisseau qui prend l’eau de toute part, nuance un invité. Il y a énormément d’élus et de militants socialistes qui en ce moment sont en train de se tourner vers Emmanuel Macron. Parce que c’est leur seul espoir de quelque chose de nouveau, de neuf, qui leur permette d’avoir une vision de l’avenir. » Sans Macron, pas d’avenir. Une nouvelle fois, BFMTV la pluraliste me garde de la droitisation ambiante en organisant un contre-débat de gauche.

« C’est le recours, Emmanuel Macron, pour les socialistes ?, s’étonne la présentatrice, Nathalie Lévy. Avec ses idées libérales, avec sa façon d’ubériser la société ?! » Son invité en convient, l’ancien ministre de l’Economie n’est pas un recours pour tous, « il y a évidemment les dogmatiques, les frondeurs ». « Et Mélenchon », complète Emmanuel Lechypre. Et Manuel Valls aussi, non ? D’après Ruth Elkrief, le triomphe de François Fillon, « ça peut donner des idées à un Premier ministre ».

« François Fillon est favorable à l’accueil de migrants », déplore Nicolas Bay. Je suis passé sur iTélé pour constater que, des dogmatiques aux représentants du Front national, les chaînes info misent sur le pluralisme afin de contrer l’hégémonie de la droite sur TF1 et France 2. L’invité est prié de commenter le logo de campagne de Marine Le Pen. « C’est un logo qui est un peu transgressif, qui est un peu féminin aussi. Il y a un symbole, la rose qui représente les luttes sociales et le bleu qui représente l’ordre. Et nous entendons rétablir l’ordre en France. » L’ordre des luttes sociales ? C’est transgressif. Je ne vois qu’une solution : habiller les militants de la CGT de chemises sombres et les faire défiler avec les drapeaux roses de la Manif pour tous — pour le côté un peu féminin.

J’arrive sur Franceinfo. « Ça va mieux pour les chômeurs longue durée. » Sur le graphique rituellement dépourvu d’ordonnée, la chute de la courbe est vertigineuse.« L’inversion de la courbe chère au chef de l’Etat est donc très claire. » Ce n’est plus une inversion, c’est une annihilation : le nombre de chômeurs se rapproche de zéro.

Quand soudain, un envoyé spécial interrompt le journal : « Je suis avec David Pujadas après l’ultime débat de cette primaire. Que retenir ? » « Je pense que c’était un débat plutôt agréable à suivre. » J’ai bien fait de le zapper. « Il y avait à la fois de la courtoisie, une certaine bonne humeur. » Qu’est-ce que je disais ? « Mais aussi des clarifications. » Ça demande des éclaircissements.

Je reviens sur France 2 pour Les primaires, ça continue. Quelle n’est pas ma surprise de me découvrir en parfait accord avec Christine Boutin, dont un tweet est reproduit à l’écran : « On reste sur sa faim ! Les tripes n’ont pas parlé ! Dommage ! Il va pourtant falloir les sortir pour gagner. » Ce n’est pas fini. Quelle n’est pas ma surprise de me découvrir en parfait accord avec Isabelle Balkany, dont un tweet est reproduit à l’écran : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé #MerciNS. »Avec Sarkozy, les tripes auraient parlé.

« François Fillon a fait preuve d’un sarkozysme policé, confirme Ruth Elkrief sur BFMTV. Il a utilisé les formules que Nicolas Sarkozy utilisait régulièrement, par exemple : “Quand on va dans le pays d’un autre, on est courtois et on s’adapte aux coutumes de ce pays.” C’est quelque chose que Nicolas Sarkozy a beaucoup répété et qui fait mouche in-con-tes-ta-ble-ment, et qui fait mouche absolument. » Et avec courtoisie.

« Depuis le premier débat, intervient le présentateur, nous vous proposons en direct le sentiment des téléspectateurs. Le résultat est sans appel. » Pas besoin d’appeler, c’est un sondage par Internet. « Neuf cents téléspectateurs ont répondu,révèle le sondologue, Bernard Sananès. C’est François Fillon qui l’emporte. 57 % contre 41 %. C’est la première fois que François Fillon l’emporte si nettement sur l’ensemble des téléspectateurs. » C’est aussi la première fois que Nicolas Sarkozy réalise un score aussi bas.

« Chez les téléspectateurs issus de la droite et du centre, précise l’expert, 71% ont considéré François Fillon plus convaincant, 28% Alain Juppé. » Conclusion du présentateur : « François Fillon l’emporte largement chez l’ensemble des Français, 57% contre 41% pour Alain Juppé. » Et voilà, ça y est : à force de droitisation, « l’ensemble des Français » se partagent maintenant entre fillonistes et juppéistes.

Les proportions indiquées par le sondage seront-elles confirmées par le vote de dimanche ? Sur France 2, toujours aussi visionnaire, Franz-Olivier Giesbert prédit un suspense insoutenable. [Tiens, c’est bizarre, j’ai l’impression d’avoir déjà écrit cette phrase au début de ce post. C’est moi qui radote ou… ?] « Les électeurs français ressemblent aux Américains ou aux Britanniques, ce sont des sales gosses qui aiment faire mentir les sondages, les prédictions. » [Tiens, c’est bizarre, j’ai l’impression d’avoir déjà écrit cette phrase lundi dernier. C’est moi qui radote ou… ?]« Et on peut s’imaginer que dans les cuisines françaises, il y a des gens qui sont en train de se dire : “Allez, si on renversait la table !” » La table de la cuisine ? Et pourquoi pas celle de la salle à manger ? « Comme c’est arrivé au soir du premier tour. » Ah oui, quand Nicolas Sarkozy était monté sur la table.

« Ce débat a été très éclairant, se réjouit François Lenglet, le spécialiste de l’économie du service public. Quand on additionne toutes les surprises (sic) que prépare François Fillon pour la France publique (re-sic), on a une augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire correspondante, une réforme des retraites, la suppression d’un grand nombre d’agents. Est-ce que c’est faisable, techniquement ? Oui. » Reste à convaincre les 41 % de fonctionnaires juppéistes.