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Riches et pauvres : qui a gagné, qui a perdu du fait de la crise ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.alterecoplus.fr//riches-pauvres-a-gagne-a-perdu-de-crise/00012918
Au sein de l’Union européenne à 15, les niveaux de vie diffèrent d’un pays à l’autre. Des différences que l’on peut chiffrer, grâce à une enquête européenne (EU-SILC : statistiques sur les revenus et les conditions de vie), dont les méthodes sont unifiées, permettant ainsi des comparaisons d’un pays à l’autre.
Certes, il ne faut pas se bercer d’illusions : en matière de revenus, les chiffres obtenus ne sont pas toujours très fiables, notamment en raison de la fraude fiscale et de la tendance des ménages à sous-estimer ce qu’ils gagnent réellement. Mais, au moins, on dispose, grâce à Eurostat, de la meilleure base de données possible actuellement.
En outre, pour éviter le problème épineux de la variabilité des taux de change entre l’euro et les monnaies nationales des pays qui ne sont pas dans la zone euro (Danemark, Royaume-Uni et Suède), Eurostat fournit des données en « standard de pouvoir d’achat » (SPA), c’est-à-dire remplaçant les taux de change du marché (qui reflètent largement de simples mouvements financiers, parfois de type spéculatifs) par un indice de prix pour un même panier de biens et de services (loyers, électricité, vêtements, etc.) dans chacun des pays concernés. Par exemple, si, en France, le prix de ce panier est moins cher de 10 % que le même panier au Royaume-Uni, le revenu des ménages britanniques sera réduit de 10 % par rapport à celui des ménages français.
Enfin, pour simplifier les comparaisons, celles-ci seront toutes mesurées en indice base 100 en France : si, aux Pays-Bas, l’indice est de 105, cela signifie que le revenu des ménages concernés est supérieur de 5 % à celui du même type de ménage en France lors de la même année. On partira des plus pauvres pour aller vers les plus riches, et on regardera les évolutions constatées entre 2007 et 20151.
1/ LE CAS DU DIXIÈME LE PLUS PAUVRE
En 2007, la France était dans les choux : sur 14 pays, 9 d’entre eux avaient un premier décile2 plus élevé que celui constaté en France. Même le Royaume-Uni, qui n’est pourtant pas tendre à l’égard de ses pauvres, faisait mieux (indice 106), tandis que les Pays-Bas étaient ceux qui traitaient le mieux leurs pauvres (+25 % par rapport à la France). Seuls faisaient plus mal, dans l’ordre décroissant, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal.
En indice base 100 France
Eurostat
Huit ans après, la crise est passée par là, et il n’y a plus que cinq pays à faire (un peu) mieux que la France : Danemark et Autriche (106, donc + 6 %), suivis de la Suède (103), puis des Pays-Bas et de la Finlande (102). Le Portugal, où le sort des pauvres n’était guère enviable, a dégringolé un peu plus bas encore (passant de 50 à 41), mais la chute est encore plus impressionnante en Irlande (on passe de 109 à 813), en Espagne (de 68 à 49) et en Grèce (de 60 à 32). Bref, partout, ou presque, les pauvres sont les victimes les plus touchées par la crise, notamment dans les pays contraints à un fort ajustement budgétaire. Seuls deux pays font exception : la France et la Finlande.
2/ LE CAS DU MILIEU
Le milieu, c’est la médiane, c’est-à-dire le niveau tel que moitié de la population dispose d’un niveau supérieur à ce montant et moitié d’un niveau de vie inférieur. Pour information, en France, cette médiane correspondait à un niveau de vie (mesuré en standard de pouvoir d’achat) de 1 660 euros mensuels en 2015, comme en Belgique, mais un peu moins qu’en Allemagne et au Danemark (1 700 euros, toujours en SPA), seules la Suède (1 770 euros) et l’Autriche (1 815 euros) étant mieux loties. On peut donc constater que les Français – rouspéteurs par nature ? – ne sont pas si mal placés que cela en termes de niveaux de vie médian. Qu’en est-il de l’évolution entre 2007 et 2015 dans les autres pays de l’UE, toujours par rapport à la situation française ?
En indice base 100 France
Eurostat
Les « médians » ont partout vu leur niveau de vie se dégrader par rapport à celui des Français, la seule exception étant la Suède (où ce niveau de vie médian est passé de 105 à 107, soit + 7 % par rapport au niveau de vie médian en France, alors que la Suède ne le dépassait que de 5 % en 2007). La dégradation (relative, puisque par rapport à la situation française) est de 33 points au Royaume-Uni (qui passe de 122 à 89), de 34 points en Irlande (de 117 à 83), de 32 points en Grèce (de 76 à 44), de 19 points en Italie (de 96 à 77) et aux Pays-Bas (de 116 à 97), etc. Bref, c’est moins la France qui progresse que les autres pays qui régressent, et parfois dans des proportions très élevées.
3/ LE CAS DES RICHES
On entendra ici par « riches » les personnes dont le niveau de vie est situé entre le huitième décile (2 430 euros mensuels en 2015, en SPA) et le neuvième (3 070 euros). Comme précédemment, ces chiffres tiennent compte du nombre de personnes du ménage4. Il s’agit donc de revenus élevés, mais pas « somptuaires ». En 2007, la France n’arrivait qu’en huitième position : nos « riches » étaient largement dépassés par les riches britanniques (+ 36 %), irlandais (+ 29 %), allemands (+ 18 %), autrichiens (+ 15 %), néerlandais (+ 14 %), et même italiens (+ 4 %) ou belges (+ 3 %).
En indice base 100 France
Eurostat
Mais, huit ans après, le paysage des riches a bien changé par rapport à la France. Celle-ci dispose des riches les mieux lotis d’Europe, juste derrière l’Autriche (+ 2 %) et l’Allemagne (+ 3 %). Tous les autres riches ont subi le vent de la crise bien plus douloureusement qu’en France : - 40 points au Royaume-Uni (il s’agit toujours d’écart relatif par rapport à la France), - 39 points en Irlande et en Grèce, - 24 points en Italie, - 22 points aux Pays-Bas, - 15 points en Allemagne… Nos riches ont senti le vent du boulet, mais pas au point d’en être ébranlés. Ils se maintiennent mieux qu’ailleurs.
4/ LE CAS DES TRÈS RICHES
Les très riches sont ceux du 1 % supérieur, les 630 000 personnes dont le niveau de vie (en 2015) est compris entre 5 400 euros et 6 800 euros par mois. Cocorico : c’est en France que ces riches de riches sont le plus riche. Ils battent tout le monde : les Britanniques (au plus 6 270 euros, alors qu’en 2007, ils dépassaient nos très riches de… 54 %) ; les Allemands (au plus 6 040 euros, alors qu’en 2007 ils dépassaient nos riches de 33 %).
Les très riches (le dernier centile)
En indice base 100 France
Eurostat
5/ QUE FAUT-IL EN CONCLURE ?
Curieusement, en France, les très pauvres et les très riches ont supporté la crise nettement mieux qu’ailleurs. Preuve que notre système de protection sociale fonctionne plutôt mieux que dans les autres pays, et notre système fiscal plutôt moins bien. Mais, curieusement, ce que l’on entend, ce sont les dénonciations de l’assistanat – les pauvres coûtent trop cher, ce sont des tricheurs ou des fainéants – et les plaintes fiscales – on écrase de charges et d’impôts ceux qui dynamisent l’économie.
Bref, au lieu de se réjouir de la cohésion sociale en France, plutôt préservée de la crise jusqu’à présent, il n’est question, dans l’arène politique au moins, que de réduire les impôts, les services publics et les prestations sociales, qui, précisément, ont permis au pays d’échapper au pire. Pauvre France, triste paysage.
- 1.Contrairement à l’Insee, Eurostat retient comme année non pas celle de perception des revenus, mais celle de déclaration. De ce fait, 2015 pour Eurostat correspond en réalité à 2014 pour l’Insee.
- 2.Le décile est le chiffre qui sépare deux dixièmes successifs. En 2015, le dixième le plus pauvre en France (soit 6,2 millions de personnes) disposait d’un niveau de vie maximum de 910 euros par mois. Ce chiffre ne doit pas être confondu avec le niveau de vie moyen du dixième concerné (700 €).
- 3.La dernière année connue pour l’Irlande est 2014.
- 4.Les revenus du ménage (après impôt sur le revenu, taxe d’habitation et versement de prestations sociales en espèces) sont divisés par 1,5 s’il y a deux personnes, chaque personne supplémentaire comptant pour 0,5, sauf les moins de 14 ans (0,3).