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Hamon, condamné à perpétuer la politique de Hollande
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les limites (euphémisme) de la candidature Hamon, vues par un partisan de Mélenchon
Sans préjuger de sa sincérité, Hamon est de toute façon condamné à perpétuer la politique de Hollande
Ainsi Benoît Hamon, au soir de sa victoire lors des primaires du PS, a-t-il lancé un appel au rassemblement à destination de Jean-Luc Mélenchon, appel au rassemblement aussitôt repris dans des pétitions initiées par plusieurs intellectuels. Au-delà de la question même de savoir en quoi peut consister réellement cette notion de rassemblement, il convient de s’interroger sur les supposées similitudes qui existeraient aussi bien sur le plan stratégique que programmatique entre Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon.
Sans constituer un motif d’ostracisme, le passif de Benoît Hamon invite a minima à la vigilance
Si préjuger de la sincérité de Benoît Hamon serait déloyal, il serait tout de même naïf de ne pas s’interroger sur le hiatus qui existe entre, d’une part, les propositions programmatiques et la démarche de Benoît Hamon, et, d’autre part, les actions et engagements récents du nouveau candidat du PS. Il serait en effet irresponsable de ne pas se demander pourquoi Hamon a accepté de participer à un gouvernement qui fut quand même à l’origine des mesures suivantes :
- Le traite de stabilité budgétaire européen (TSCG) qui lie les mains de tous gouvernement en leur imposant un déficit structurel qui ne dépasse pas les 0,5%. Ainsi, les Etats membres à qui l’instrument monétaire a déjà été ôté, se voient désormais privés de l’autonomie budgétaire, n’ayant plus pour seul horizon que de mener des politiques d’austérité entrant en contradiction totale avec la mise en place de toute politique sociale et environnementale ambitieuse.
- La si mal nommée loi relative à la sécurisation de l’emploi instaurant entre autres les accords de maintien dans l’emploi qui permettent de faire travailler davantage les salariés pour un salaire inchangé, le salarié qui refuse étant alors licencié pour motif économique.
- Le CICE et le pacte de responsabilité, qui entérinent la priorité donnée à la politique de l’offre et à la baisse du « coût du travail ». Ces dispositifs consistent à distribuer sans contreparties aux patronat plus de 40 Mds € sur le dos des salariés, qui devront payer ces cadeaux via une augmentation de la TVA (impôt très injuste), une raréfaction des ressources de notre système de protection sociale et plus généralement un surcroît d’austérité budgétaire.
- L’allongement du nombre d’annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Ce sont maintenant 43 annuités qui sont nécessaires pour bénéficier d’une retraite à taux plein, obligeant du même coup les personnes dont les carrières sont de moins en moins linéaires à travailler au-delà de 65 ans, âge supérieur à l’espérance de vie en bonne santé.
On pourrait ajouter que durant le passage au gouvernement de Benoît Hamon, Florange a été abandonné et Alstom démantelé alors même que de tels outils de production seront absolument nécessaires pour accomplir une transition écologique qui n’a jamais été aussi urgente.
On pourra rétorquer que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis mais il convient tout de même de s’interroger sur l’incohérence qui existe entre une action passée aussi récente et le projet porté aujourd’hui par Benoît Hamon.
Des programmes qui possèdent certes des points communs mais qui comportent aussi des divergences significatives
De nombreux observateurs citent à l’envi les points de convergence qui existeraient entre le programme de Benoît Hamon et celui de Jean-Luc Mélenchon. Certes ces points communs peuvent exister, mais ils ne sauraient effacer les divergences, dont certaines restent fondamentales.
La question européenne est sur ce point centrale. Rompre avec le cycle austéritaire suppose de ne pas respecter les traités et d’engager un rapport de force avec les tenants de cette austérité. Face à des adversaires déterminés, il est nécessaire d’arriver avec des arguments de poids, parmi lesquels une stratégie de sortie organisée et réfléchie en cas de refus de nos adversaires. Ce n’est que parce que ce plan B fait partie du champ des possibles que la probabilité d’avènement d’un plan A consistant à modifier les traités n’est pas nulle. En ne disposant pas de plan B, Benoît Hamon se condamne à l’échec.
Sur le plan institutionnel, alors que la France insoumise dispose d’une stratégie claire et construite de passage à la VIème République, on ne peut là encore que constater que cette question n’a pas été travaillée chez Benoît Hamon. Et comme disait quelqu’un, « quand c’est flou, il y a un loup ! ».
En matière de politique internationale, si la France insoumise affirme la nécessité d’une sortie de l’OTAN pour permettre à la France de mener une politique étrangère indépendante et en faveur de la paix, Benoît Hamon semble se satisfaire de cette appartenance à une organisation qui n’a jamais réussi à sortir d’une grille de lecture héritée de la guerre froide et qui contribue chaque jour à accroître les tensions internationales.
Enfin, sur le plan social, débarrassé des oripeaux du revenu universel, le programme de Benoît Hamon surprend par sa frilosité.
S’agissant du revenu universel, il convient de rappeler ce qu’est ce dispositif. Derrière la formule se cache en effet une proposition qui consiste uniquement à augmenter le montant du RSA de 76€, pour le porter à 600€, et à l’étendre aux jeunes. De son côte Jean-Luc Mélenchon propose une garantie pauvreté, qui garantit à chaque bénéficiaire de minima sociaux un revenu minimal au moins égal au seuil de pauvreté, soit plus de 1000€. Préférant un partage du travail à une société duale partagée entre ceux qui disposent d’un emploi et ceux que l’on abandonne à leur 600€ mensuels, Jean-Luc Mélenchon propose de réduire la durée du travail et d’obliger l’Etat à proposer un emploi à chaque chômeur de longue durée (« Etat employeur en dernier ressort »).
Concernant les retraites, Benoît Hamon n’entend pas remettre en cause l’augmentation de l’âge de départ (62 ans depuis la réforme Worth/Sarkozy) ni le nombre d’annuités requis pour bénéficier d’une retraite à taux plein (sur ce plan les mauvaises langues y verront une certaine cohérence avec sa récente participation gouvernementale). De son côté, Jean-Luc Mélenchon propose de revenir à 60 ans et d’abaisser le nombre requis d’annuités à 40.
Enfin dans le domaine de la santé, alors que Jean-Luc Mélenchon propose une prise en charge à 100% des dépenses par l’assurance maladie, Benoît Hamon entend maintenir le dispositif actuel des complémentaires pourtant coûteux et anti-solidaire. De même s’agissant de l’offre de soins de ville, les mesures visant à lutter contre les déserts médicaux brillent par leur frilosité, Benoît Hamon se prononçant de plus en faveur des maisons de santé qui abritent des médecins libéraux payés à l’acte quand le programme de la France Insoumise annonce la création massive de centres de santé pluri-professionnels où les praticiens sont salariés, ce qui leur permet de mener des actions de prévention.
L’appareil du PS et les positions de Benoît Hamon sur l’Union européenne le conduisent inéluctablement à reproduire la politique de Hollande
Enfin au-delà de certains doutes que l’on peut émettre quant aux convergences entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, la question de la stratégie de mise en oeuvre du programme de Benoît Hamon mérite d’être posée. En effet le nouveau roi est nu et même doublement!
Au niveau européen, on l’a déjà dit, entamer une négociation face à des adversaires aussi déterminés, armé seulement d’un pistolet à bouchon et d’un couteau sans lame, c’est se condamner à perpétuer les politiques austéritaires actuelles, l’humiliation en plus.
Par ailleurs, au niveau national, Hamon n’a pas la main sur son parti. Rappelons que c’est Cambadélis qui dirige ce parti et que parmi les prochains candidats aux législatives nous trouverons des députés qui ont voté pour des horreurs pendants 5 ans et d’anciens ministres qui ont été à l’origine de ces horreurs.
Redonner des moyens à l’hôpital avec Marisol Touraine comme députée, développer l’agriculture biologique avec Stéphane Le Foll à l’Assemblée nationale ou abroger la loi travail avec Myriam El Khomri candidate dans le 18ème arrondissement, tout ça n’est pas sérieux.
Un seul candidat dispose aujourd’hui d’une stratégie et d’un programme cohérents pour répondre à l’urgence sociale et écologique
En résumé, quand bien même les doutes concernant le manque de cohérence et d’ambition de son programme et de son action passée seraient levés, Benoît Hamon n’aura pas les moyens de mettre en œuvre sa politique. C’est justement cette nécessaire cohérence qui a guidé l’action de Jean-Luc Mélenchon lors de ces dernières années et qui a présidé à l’élaboration collective du programme de la France Insoumise. Soutenir la France Insoumise c’est non seulement la garantie d’un programme cohérent mais c’est aussi celle de pouvoir le mettre en œuvre. C’est pourquoi, à ceux qui appellent à un rapprochement Hamon-Mélenchon, je dirais que le plus sûr moyen de voir certaines propositions de Hamon appliquées, c’est de voter pour Jean-Luc Mélenchon.